Le président de la Sierra-Léone est élu pour diriger la communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il succède ainsi le nigérian Ahmed Bola Tenubu.
Selon nos confrères de RFI, on attendait le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, c’est finalement le Sierra-Léonais Julius Maada Bio qui a été élu, dimanche 22 juin, à la présidence tournante de la Cédéao. « Notre région est à la croisée des chemins », a-t-il dit dans sa toute première déclaration. Julius Maada Bio veut placer son mandat sous le signe du dialogue et de la réforme.
C’est une ambition à la mesure des défis que traverse la région : terrorisme, criminalité transnationale et reculs démocratiques dans plusieurs États. La première priorité de Julius Maada Bio, nouveau président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est le retour à l’ordre constitutionnel. « Les prises de pouvoir inconstitutionnelles menacent la stabilité régionale », a affirmé ce lundi 23 juin son ministre des Affaires étrangères, Timothy Kabba, en visant directement les juntes du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Face à ces crises, Julius Maada Bio prône une approche inclusive. Ancien militaire devenu président élu, il veut renouer le dialogue avec les régimes putschistes. Et il est bien placé pour le faire car « il comprend la psychologie des dirigeants militaires », explique le ministre Timothy Kabba, et il est « en contact permanent avec les pays de l’Alliance des États du Sahel ».
Le président Julius Maada Bio arrive avec un véritable atlas d’expérience. Il a lui-même été un dirigeant militaire avant de conduire la Sierra Leone vers un système démocratique. Il incarne donc une certaine crédibilité, une capacité à accompagner les transitions vers la stabilité et la paix. Et ce rôle, il ne l’endosse pas seulement aujourd’hui à la tête de la Cédéao. Depuis des mois, il dialogue déjà avec les pays dirigés par des régimes militaires.
Si Julius Maada Bio est lui-même accusé de recul démocratique en Sierra Leone, Timothy Kabba, son ministre des Affaires étrangères, rejette ces allégations et souligne l’expérience de Maada Bio dans les transitions démocratiques.
L’objectif affiché est de ramener le Mali, le Burkina Faso et le Niger dans le giron de la Cédéao pour tenter de relancer l’intégration économique, affaiblie par leur retrait.
Un autre chantier sera celui de réformer l’organisation depuis le terrain, en impliquant douaniers et agents d’immigration. Enfin, Julius Maada Bio veut avancer sur le dossier explosif de Yenga, une zone frontalière entre la Sierra Leone et la Guinée et occupée par l’armée guinéenne. Freetown dénonce une « violation flagrante » de sa souveraineté et espère que cette présidence offrira un levier diplomatique pour obtenir le retrait des soldats guinéens.
Nous devons entrer dans un cadre multilatéral avec des médiateurs extérieurs pour faire avancer ce dossier. Et justement, la présidence de la Cédéao donne au président Maada Bio un levier stratégique : celui d’utiliser les outils et les protocoles de l’organisation pour intensifier les négociations autour de Yenga.
Pour le ministre Sierra-Léonais des Affaires étrangères, Timothy Kabba «Aujourd’hui, l’intensité de l’annexion et la montée des tensions sur le terrain nous obligent à aller au-delà des discussions bilatérales».
Avec RFI