Le sommet onusien sur les océans s’est achevé le 13 juin dernier. Plusieurs annonces diplomatiques et de financement ont été faites. Tour d’horizon.
Traité sur la haute mer, financements pour la lutte contre la pollution plastique, moratoire sur le forage en eaux profondes… La troisième Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC) a été la plus importante en termes de participation, avec 64 chefs d’État et de gouvernement réunis sur la Côte d’Azur. Les discussions étaient centrées autour de l’urgence climatique qui menace les océans, mais aussi de la pollution plastique et de la perte accélérée de biodiversité marine.
Vers une entrée en vigueur d’un traité historique
Le président français Emmanuel Macron a annoncé que « plus de 60 pays se sont engagés » à ratifier « avant septembre » le Traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine (BBNJ). Il prévoit également une entrée en vigueur de ce texte au premier janvier 2026.
À quoi sert le BBJN ?
Le Traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine a pour objectif de créer des aires marines protégées en haute mer afin de préserver les écosystèmes marins vulnérables.
Il instaure également des évaluations préalables à l’autorisation des activités industrielles (comme la pêche ou l’exploitation minière) afin d’évaluer leur impact environnemental.
Un autre objectif est le partage équitable des ressources génétiques marines.
Enfin, il vise à renforcer les capacités des pays en développement pour leur permettre de participer à la gouvernance de la haute mer.
Le BBJN a été adopté à l’ONU en 2023, mais il était nécessaire que 60 pays le ratifient pour qu’il puisse entrer en vigueur. Avant ce traité, il n’existait aucune structure juridique globale pour protéger la biodiversité en haute mer. La première conférence des parties (COP) sur la haute mer pourrait avoir lieu dès l’automne 2026.
Dès l’ouverture du sommet, les dirigeants de la planète ont durci le ton face à la décision des États-Unis, qui n’avaient pas envoyé de délégation, de lancer unilatéralement l’exploitation des « nodules » polymétalliques dans les eaux internationales du Pacifique. « Les abysses ne sont pas à vendre », a lancé Emmanuel Macron, parlant de « folie » et d' »action économique prédatrice », tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, mettait en garde contre un nouveau « Far West ».
Cette rhétorique ferme n’a toutefois pas permis d’élargir sensiblement la coalition pour un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins, passée de 32 à 37 pays seulement, sur les 169 États membres de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), chargée de rédiger un code minier. « Un code minier doit être approuvé à l’unanimité et, avec 37 pays, on va bloquer », a affirmé Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur français pour les océans, avant la prochaine réunion de l’AIFM prévue en juillet.
Des financements pour lutter contre la pollution
La pollution plastique était un autre sujet important de l’UNOC. Une coalition de banques de développement, dont celles de France, d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie et la Banque Européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), s’est engagée à investir 3 milliards d’euros d’ici 2030 dans la gestion des déchets, eaux usées et lutte contre la pollution plastique.
Les fonds seront prioritairement alloués aux pays en développement, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique latine, où les systèmes de gestion des déchets sont les plus fragiles.
Les États participants ont également adopté une déclaration politique volontaire, le Nice Ocean Action Plan. Cette déclaration rappelle l’objectif de protéger 30 % des océans d’ici 2030 et appelle à mobiliser des financements durables pour la gouvernance des océans. Selon Enric Sala, explorateur de la National Geographic Society, cet objectif nécessite de « faire la course » et de créer 85 nouvelles zones protégées par jour.
L’absence de financement d’ampleur, un recul sur les énergies fossiles et des déceptions sur la protection des aires marines laissent un goût d’inachevé aux défenseurs de l’environnement et aux dirigeants d’États insulaires.
Par TV5Monde