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Un collectif d’ONG porte plainte contre le groupe Bolloré pour recel et blanchiment d’argent

Après Vincent Bolloré, son groupe qui s’est fait de l’argent en Afrique est visé à Paris par une plainte d’un collectif d’organisations non gouvernementales pour recel et blanchiment d’argent. L’homme d’affaire breton qui dispose d’un empire médiatique d’extrême droite sera de nouveau derrière les barreaux.

Un collectif rassemblant onze Organisations non gouvernementales (ONG) a déposé une plainte au Parquet national financier (PNF) ce mardi 18 mars. Elles réclament la restitution de fonds issus d’activités illicites commises par le groupe Bolloré (Bolloré SE), Vincent Bolloré et Cyrille Bolloré.

Un collectif réunissant 11 ONG dans cinq pays africains (Togo, Guinée, Ghana, Cameroun et Côte d’Ivoire) ainsi qu’en France (deux ONG associées à la plainte, collectif Ras le Bol, et le collectif UNIS) réclame la restitution de fonds issus d’activités illicites commises par le groupe Bolloré, Vincent Bolloré et son fils Cyrille.

Il a déposé à cet effet une plainte des chefs de recel et de blanchiment d’argent ce mardi 18 mars au Parquet national financier (PNF) pour convaincre ce dernier d’ouvrir une enquête pénale, a appris BFMTV auprès de Me Antoine Vey, l’avocat des plaignants.

Dans cette plainte, que BFMTV a pu consulter, sont notamment pointées les relations privilégiées entre le groupe Bolloré et plusieurs responsables politiques africains lui ayant permis d’obtenir des concessions portuaires majeures au Togo, en Guinée, au Cameroun, au Ghana et en Côte d’Ivoire sans appel d’offres, souvent en échanges de soutiens financiers et politiques.

Des fonds que le collectif souhaite voir réaffectés

La plainte s’appuie notamment sur des enquêtes précédentes sur des faits de corruption, notamment l’enquête menée par le PNF à compter de 2013, qui a abouti à des poursuites contre Bolloré SE et VB pour corruption et abus de confiance.

Toujours dans cette plainte, on peut lire que des aveux clés ont été obtenus en 2021 dans le cadre d’un accord de plaider-coupable, confirmant que l’entreprise avait financé illégalement des campagnes électorales au Togo et en Guinée afin d’obtenir des concessions portuaires.

En 2021, le groupe Bolloré a signé une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) avec le procureur financier pour des faits de corruption au Togo, prévoyant une amende de 12 millions d’euros, mettant fin aux procédures judiciaires engagées. En juillet, le parquet financier a requis un procès pour Vincent Bolloré pour corruption dans un dossier lié à la gestion des ports de Lomé au Togo, et de Conakry, en Guinée.

La plainte met également en lumière des affaires similaires concernant les concessions portuaires au Cameroun, au Ghana, et en Côte d’Ivoire, où de graves irrégularités et accusations d’infractions à la probité ont été pointées par des institutions internationales, des commissions d’enquête ou des lanceurs d’alerte.

Le collectif Restitution pour l’Afrique (RAF) exige que les fonds saisis soient réaffectés aux populations touchées, conformément à la loi française, qui impose que les actifs confisqués dans des affaires de corruption internationale financent des projets de développement bénéficiant aux communautés touchées dans un cadre de transparence et de responsabilité totale.

Plus de 5 milliards d’euros ciblés

« C’est une plainte préparée depuis plusieurs mois, inédite parce qu’il y a un caractère panafricain et qu’on veut s’attaquer aux corrupteurs et redistribuer à ceux qui s’estiment floués », explique à BFMTV Jean-Jacques Lumumba, président du collectif et militant anti-corruption. Au total, 5,7 milliards d’euros sont ciblés, soit le montant pour lequel la filiale Bolloré Africa Logistics a été vendu à MSC en 2022.

Cette plainte « articule des faits qui ont établi des indices forts avec de graves infractions dénoncées par le collectif, des dizaines d’éléments (témoignages, articles de presse, éléments de procédure dans des pays africains) », expose pour BFMTV Me Antoine Vey, avocat des plaignants. « Nous, on souhaite que la justice pénale envisage la saisie de tout ou partie de cet actif, au motif que cela participe de ces actes corruptifs. »

Joint par BFMTV, l’avocat du groupe Bolloré ne souhaite faire aucun commentaire.

 

Afriquevision.info avec BFMTV