Tribune. Ma proposition repose sur un constat sans appel : de plus en plus, les magistrats guinéens subissent des pressions politiques multiformes, accentuées par une dépendance financière totale envers le pouvoir exécutif. Salaires, primes et avantages restent à la merci des aléas politiques.
Pour briser ce système, je propose que la rémunération de nos juges soit externalisée via un mécanisme constitutionnel garantissant une indépendance absolue.
Comment ? En créant un Fonds d’autonomisation de la justice guinéenne, confié à une entité neutre et indépendante du gouvernement : la Fondation Mo Ibrahim. Reconnue pour son engagement en faveur de la bonne gouvernance, cette fondation assurera une gestion transparente et pérenne des ressources du fonds dédié à nos magistrats.
Trois piliers sécuriseront ce nouveau système :
- Une inscription dans la Constitution pour ancrer l’externalisation comme principe intangible.
- Un observatoire indépendant (ONG locales, barreau, société civile) pour s’assurer que tout se passe bien.
- Des rapports publics annuels publiés par la Fondation Mo Ibrahim, garantissant une transparence totale.
Dès lors, l’externalisation aura un triple avantage : l’indépendance totale (finies les ingérences), la transparence totale (chaque dépense sera traçable) et la stabilité irréversible (aucune raison ne pourra désormais retarder, suspendre ou priver un magistrat guinéen de sa rémunération).
Du reste, externaliser la rémunération des magistrats vers une entité indépendante, comme la Fondation Mo Ibrahim, sera une innovation majeure pour l’émancipation totale de la justice guinéenne. À terme, on pourrait même envisager un Fonds ouest-africain pour la justice, sous l’égide de la CEDEAO, inspiré par notre modèle.
Enfin, cette réforme enverra un signal fort : celui d’un État guinéen où la justice n’est plus un instrument, mais un pouvoir souverain. Si elle est adoptée durant (ou après) la transition, elle deviendra la boussole intangible de tous les futurs dirigeants guinéens et inspirera les pays africains confrontés aux mêmes défis.
Si le Général Mamadi Doumbouya initie l’implémentation de ce modèle, tout en respectant sa parole de ne pas être candidat, l’histoire retiendra de lui qu’il a fait rompre à son pays les chaînes de l’ingérence. Il a aujourd’hui l’occasion d’écrire cette page décisive – c’est à lui de la saisir.
Ibrahima Bah
Docteur en Sciences économiques, candidat à l’élection présidentielle 2025
Respect des deniers publics et du citoyen, rdpcguinee@gmail.com