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Guinée : l’enquête révèle 140 morts et plusieurs blessés lors de la bousculade à Nzérékoré

L’État accablé par un rapport de plusieurs ONG, qui dénichent un bilan macabre sur cette tragédie survenue au sud de la Guinée. L’enquête indique qu’il y a eu 140 morts et 11 blessés, confirmant ainsi certaines données fournies au début par des organisations non gouvernementales.

Le collectif des organisations de défense des droits de l’homme de Nzérékoré a publié vendredi 14 février 2025 son rapport d’enquête sur la tragédie survenue le 1er décembre 2024 dans le plus grand stade de la capitale de la région forestière. Une bousculade meurtrière lors de la finale d’un tournoi de foot organisé à la gloire du président de transition Mamadi Doumbouya. 56 morts, selon le bilan officiel, au moins 140 selon le collectif des ONG qui pointent « une volonté de dissimuler la vérité ».

Dans son rapport de 44 pages, les défenseurs des droits humains de Nzérékoré soulignent d’emblée une responsabilité de l’État à tous les niveaux : du président de la délégation spéciale au secrétariat de la présidence, en passant par les ministres, les préfets et les forces de l’ordre.

Des véhicules ont été déployés pour transporter gratuitement les supporters, généralement mineurs. Des rumeurs attestant que l’artiste Grand P et le général Mamadi Doumbouya lui-même seront présents ont circulé. Résultat : « plus de 10 000 spectateurs », dit le rapport avec témoignages, photos et vidéos à l’appui.

« La capacité n’était pas aussi grande, mais on a fait venir des gens de Nzérékoré, mais aussi dans les villages environnants, affirme Me Christophe Labilé Koné, président d’Avocats sans Frontières Guinée. Pour rendre le lieu beaucoup plus peuplé et montrer que le président est aimé à Nzérékoré. Et on n’a pas eu de mesures sécuritaires »

Mais les organisations déplorent surtout la totale opacité des investigations menées par le gouvernement qui n’a jamais communiqué depuis la mise en place d’une commission d’enquête.

Gouverneur, préfet, mairie, gendarmerie, police, procureur, tous se renvoient la balle. Le rapport affirme aussi que « des autorités morales, religieuses et administratives » ont encouragé des familles à « ne pas se faire enregistrer comme victime ni même communiquer » sur la tragédie et de « s’en remettre à Dieu ».

Joint par RFI, le procureur général de la cour d’appel de Kankan a affirmé que c’est au ministre de la Justice, Yaya Kaïraba Kaba, de s’exprimer sur le sujet. RFI a tenté de le joindre, ainsi que le ministre des Sports, Keamou Bogola Haba, sans succès.

Avec RFI