Tribune. La Guinée-Bissau vient de connaître une alternance apaisée à travers l’élection au second tour du Général Umarou Sissoko Emballo qui marque un tournant décisif dans son histoire politique caractérisée par une culture d’instabilité et de violence.
Au-delà de la victoire électorale, on y voit un signe de la fin d’une ère : celle de l’hégémonie du PAIGC, parti indépendantiste qui jusque-là était considéré, à l’instar de l’ANC en Afrique du Sud et du MPLA en Angola, comme étant le parti national dont les candidats remportent naturellement toutes les compétitions électorales tant au niveau national que local.
Bien que porté par une coalition de partis politiques dont la plupart sont dirigés par des dissidents du PAIGC, cette victoire du MADEM G15 illustre un changement des mentalités au niveau de la jeunesse qui a soif de renouvellement et qui est déterminée à rompre avec les dogmes politiques pour soutenir ceux qui portent des projets alternatifs.
Et mieux, le contexte Sous régional aidant, la Guinée-Bissau s’inscrit elle aussi dans la dynamique de l’oxygénation de la démocratie en l’occurrence l’alternance politique par les urnes.
Alors quelles leçons pour la Guinée ?
Notre pays ayant montré le chemin de la liberté à la plupart des pays du continent, se trouve aujourd’hui à la traine en matière de leadership et d’exemplarité. Les réfugiés Libériens et Sierra-Léonais que nous avions accueillis et hébergés pendant plusieurs années sont rentrés faire la paix et construire la démocratie chez eux avec des exemples encourageants de maturité et de responsabilité en toutes circonstances.
La Guinée-Bissau dont nous avons abrité la base arrière et soutenu la lutte armée pour son indépendance vient de nous montrer qu’un sursaut d’orgueil positif peut conduire un peuple divisé à se surpasser pour sauver l’essentiel. Il faut rappeler que la médiation de la CEDEAO sous la conduite d’Alpha Condé a été un échec lamentable au point qu’il a été écarté du processus par les instances sous régionales après avoir été récusé par la plupart des protagonistes de la crise.
Malgré la fragilité institutionnelle et la précarité sociale qui caractérisent ces différents pays, il ne se pose plus de problèmes majeurs qui soient liés au fichier électoral, a l’organe de gestion et de supervision des élections, d’immixtion partisane de l’administration, de violence d’État etc. Les calendriers électoraux sont non seulement respectés mais aussi l’Etat joue son rôle avec impartialité et efficacité.
C’est pourquoi, il est important de comprendre que la situation actuelle de notre pays va au-delà des problèmes de personnes, des partis politiques, des ethnies et d’autres intérêts mesquins ; elle interpelle tous les Guinéens conscients et ambitieux car il s’agit d’un combat pour la restauration de l’honneur et de la fierté d’une nation dont l’image positive ou négative colle à la peau de chacun de ses enfants.
Aliou BAH
Président de l’organe provisoire du MoDeL