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Gabon : le chef de la junte, le général Oligui annonce candidature à l’élection présidentielle

C’est la fin du suspens au Gabon, l’ancien aide camp d’Ali Bongo, le général Brice Oligui Nguema devenu chef de la junte au pouvoir le 30 août 2023 s’est déclaré lundi « candidat à l’élection présidentielle du 12 avril » lors d’un discours à Libreville. Président du Comité pour la Transition et la Restauration des institutions (CTRI) depuis le putsch du 30 août 2023 contre la dynastie Bongo, il avait promis de remettre le pouvoir aux civils après avoir organisé des élections libres, crédibles et transparentes.

Le général Brice Oligui Nguema a prêté serment, le 4 septembre 2023, à Libreville, comme président d’une période de transition au Gabon dont la durée n’est pas précisée.

« J’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025″ a déclaré le général Brice Oligui Nguema, lundi 3 mars, lors d’un discours à Libreville. L’homme fort du Gabon depuis le putsch de 2023 contre la dynastie Bongo a dit sous une pluie battante et devant une foule enthousiaste, qu' »après mûre réflexion et en réponse à vos nombreux appels » il se présentait comme candidat et briguait un mandat présidentiel de sept ans.

« Ma vision est celle d’un Gabon qui renait de ses cendres… Cette vision n’est pas un rêve, et si c’est un rêve pour vous nous allons le réaliser, elle est notre responsabilité commune », a dit celui qui a multiplié les gestes symboliques ces derniers jours, avec notamment un grand rassemblement militaire samedi et une messe œcuménique dimanche.

« Je suis un bâtisseur et j’ai besoin de votre courage, de votre force pour bâtir ce pays (…) L’Esprit saint m’a parlé, voilà pourquoi je me trouve devant vous », a-t-il ajouté.

Les militaires et les magistrats autorisés à se présenter

Ce militaire, qui fête ses 50 ans ce lundi, avait promis de rendre le pouvoir aux civils au terme de la transition ouverte avec le « coup de la libération » d’août 2023. Mais le nouveau code électoral, voté fin janvier par un Parlement de transition, autorise désormais les militaires et les magistrats à se présenter.

Pour pouvoir enregistrer sa candidature, l’ancien chef de la garde présidentielle devenu président de la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) doit auparavant « effectuer une mise à disposition » temporaire, précise la page Facebook « Infos CTRI officiel » en démentant des rumeurs annonçant samedi sa démission des forces armées.

« À la fin de la période électorale, il reprendra sa tenue militaire en attendant les résultats (…). S’il est élu, il devra faire une mise à disposition définitive » et ne portera plus l’uniforme, « s’il n’est pas élu, il retournera dans les casernes, comme tout militaire en fonction », selon la même source.

Cependant, « il totalise 28 ans de carrière militaire » et « sept ans de mandat ne changeront pas sa manière de penser et d’agir. Il restera pragmatique et fidèle à ses valeurs », précise le message d’Infos CTRI officiel.

Une vingtaine de prétendants ont déjà retiré leur dossier de candidature la semaine dernière, selon les médias locaux. La procédure d’inscription prévue jusqu’au 8 mars inclut un test linguistique, un contrôle médical et une déclaration de biens.

Un pays riche en pétrole, manganèse et bois

Augmentation de la capacité du réseau électrique, contrôles des chantiers lancés depuis 2023 « avec des moyens considérables », visite du palais présidentiel pour les écoliers, flux télévisé consacré au bilan de la transition… les derniers jours ont été marqués par une intense activité institutionnelle.

Le général Oligui a ainsi assisté vendredi au raccordement de deux centrales électriques flottantes du groupe turc Karpowership au réseau de la capitale, où vit près la moitié de la population du pays. Ce au moment où les coupures d’électricité, très fréquentes, alimentent un très vif mécontentement au sein de la population.

Dimanche, c’est la douloureuse question de la dette intérieure qui a été abordée devant les enseignants et chercheurs. Le chef de l’État leur a promis de régler la moitié des 2 milliards de FCFA (3 millions d’euros environ) d’arriérés, avant de les remercier d’avoir renoncé au reste.

Le Fonds monétaire international (FMI) s’est récemment inquiété de la dette qui a dépassé 70 % du PIB de ce pays pourtant riche en pétrole, manganèse et bois.

Sur ce chapitre, comme sur tous les autres, les autorités de la transition pointent l’héritage selon eux « catastrophique » laissé la famille Bongo en 55 ans de pouvoir.

 

Avec AFP