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Élection présidentielle à Madagascar: Andry Rajoelina, réélu dès le premier tour

Malgré le boycott  de la majorité des candidats, le scrutin présidentiel s’est tenu dans une atmosphère morose. A Madagascar, Andry Rajoelina, président sortant, vient d’être réélu à la tête de l’État dès le premier tour d’un scrutin que dix candidats sur 13 avaient appelé à boycotter. Ces résultats ont été annoncés à 11h00, heure locale, ce samedi 25 novembre, par la Commission électorale. Ils devront néanmoins être validés par la Haute Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, dans un délai de neuf jours durant lesquels des recours, en cas de contestation, pourront être déposés.

Andry Rajoelina a été réélu avec 58,95% des voix. Ces résultats doivent encore être validés par la Haute Cour constitutionnelle. À la Céni samedi matin, quelques applaudissements sobres pour féliciter le président sortant, seul candidat sur les 13, à assister à la cérémonie. Qu’importe, l’organe électoral l’annonce grand vainqueur, et ce dès le premier tour.

« Je tiens tout d’abord à remercier le peuple malgache pour la maturité politique et la sagesse. Le peuple s’est exprimé, il a choisi son président, il a choisi la voie de la continuité, de la sérénité et de la stabilité. Contrairement aux élections qui se sont déroulées un peu partout en Afrique, il n’y a pas eu de blessés. Les élections se sont déroulées d’une manière pacifique. Le peuple malgache a vraiment prouvé l’exemplarité et je tiens aussi à remercier la Céni qui a organisé ces élections à Madagascar », a déclaré Andry Rajoelina, en milieu de matinée, au micro de RFI, à la sortie de la Céni.

Une élection, il faut le noter aussi, où le taux de participation est en baisse par rapport à la précédente présidentielle de 2018. Sur les onze millions de Malgaches inscrits sur les listes électorales, seuls 46 % se sont déplacés pour voter.

L’ex-chef de l’État, âgé de 49 ans, se présentait pour un second mandat à la tête de la Grande île. C’est donc la deuxième fois qu’il accède au pouvoir par les urnes. En 2009, il était devenu – je le rappelle – chef de la transition, après une prise de pouvoir par les armes.

Une nouvelle victoire à laquelle le candidat a assisté « seul »

Aucun des douze autres candidats ne s’est présenté à la Céni, ce samedi matin. Onze d’entre eux ont déjà annoncé ne pas reconnaître les résultats de cette élection qu’ils estiment « illégitime et truffée d’irrégularités ».

Après avoir discuté, en fin de matinée, avec le candidat Siteny Randrianasoloniako – l’un des deux adversaires d’Andry Rajoelina à avoir participé à la campagne et au scrutin – ce dernier confirmait à RFI avoir déposé deux requêtes auprès de la Haute Cour constitutionnelle (HCC) pour demander l’annulation du scrutin et la disqualification d’Andry Rajoelina.

« J’ai décidé de me lancer dans la course. Je savais que ce serait dur, qu’il essayerait de voler, je savais qu’il contrôlait la Céni et la HCC, je savais toutes ces choses mais j’ai pris cette initiative de concourir pour avoir les preuves », a-t-il dit avant d’affirmer : « Si je n’avais pas concouru, on n’aurait pas eu les preuves pour le montrer au reste du monde. Maintenant je les ai. Il a volé, il a acheté les voix. La Céni a changé les chiffres. Ils ont réduit mes voix mais ils ont augmenté celles pour Rajoelina. »

Siteny Randriasoloniaiko a donc saisi la Haute Cour constitutionnelle. « Il a utilisé l’hélicoptère de l’État qui porte le drapeau de Madagascar. Ce qui est contre la loi. Il a critiqué les décisions de la HCC. Il a dit, devant la foule, « ne refaites jamais ça ! » Vous ne pouvez pas commenter les décisions de la HCCC ! Ça mérite une disqualification aussi. J’ai donc déposé deux requêtes [à la HCC] pour demander l’annulation [du scrutin] et la destitution d’Andry Rajoelina. Ce n’est pas pour nous, collectif, que je fais ça. C’est pour faire respecter le choix des Malgaches. Il ne peut pas l’acheter ! »

L’institution aura la lourde tâche d’étudier tous les recours déposés et de proclamer les résultats définitifs, le 4 décembre au plus tard.

RFI