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Bolloré épinglé pour avoir dérobé 19,5 milliards FCFA par mois au Cameroun et pendant 15 ans

Le tarissement économique du continent africain n’en finit pas avec le géant logistique français « Bolloré », l’entreprise qui exploite plusieurs infrastructures portuaires de l’Afrique continue son sale besogne en souillant l’une des plus grandes sources de recette des Etats. Au Port de Douala, capitale économique du Cameroun, Bolloré volait 19,5 milliards par mois à cet État de la région d’Afrique Centrale et pendant 15 ans, soit une décennie et demi.
Le vinaigre a tourné au cauchemar pour la multinationale française en fin d’année 2019. Selon nos informations, le jeudi 26 décembre, le Tribunal administratif Camerounais a décidé d’annuler la procédure engagée par Bolloré pour reprendre ses droits sur la gestion du port autonome de Douala, jugeant que la société ne répondait plus aux aspirations économiques du régime de Paul Biya. Les fissures fiscales sont énormes avec le magnat du transport logistique. Les effets drastiques ont été dénichés, lorsque les retombés gigantesques ont commencé à couler. Depuis la reprise en main de la gestion de ce port par les Camerounais, les recettes viennent de connaître une augmentation record de près de 20 milliards. Un résultat qui laisse à imaginer le manque à gagner faramineux pour l’état du Cameroun pendant les 15 ans de gestion du groupe Bolloré…
Mieux vaut tard que jamais. Malgré l’implication du Qai d’Orsay avec la visite du ministre Jean Yves Le Drian, en 2019 au Cameroun, les autorités n’ont pas lâchées l’affaire. La sentence est tombée par la décision courageuse du tribunal administratif, après 10 mois de procédures judiciaires initiées par le consortium APMT / Bolloré contre la décision de réattribution de la gestion du port de douala au Suisse Terminal Investment Limited (TIL), au détriment de Douala International Terminal (DIT) rapporte notre confrère du journal en ligne lequatrièmepouvoir.
A en croire le média en ligne, après un premier recours en justice et une intervention de Yaoundé, la finalisation du contrat avec le Suisse TIL a été suspendu dans un premier temps. Finalement, le tribunal administratif de Douala a décidé d’annuler purement et simplement l’ensemble de cette procédure judiciaire et de reprendre en main la gestion du terminal à conteneurs de Douala par le biais de sa propre régie, nouvellement fondée.
Cette décision de renationalisation pure et simple de la gestion lucrative du port de Douala a été généralement saluée par les opinions publiques camerounaises et panafricaines, tandis qu’elle était accueillie avec scepticisme et une certaine amertume dans les médias internationaux, dont RFI qui écrivait notamment :
« Cette option qui s’apparente à une certaine forme de renationalisation de la gestion du terminal à conteneurs (…) n’est pas sans risques selon divers experts. En premier lieu, le nouveau système d’ exploitation récemment acquis par le port de Douala et qui doit entrer en vigueur dès le 1er janvier 2020 nécessitait, pour les équipes qui vont assurer l’implémentation, un temps de formation minimale de 6 mois. Or, selon une source au port, cette formation n’aura pas excédé 10 jours. Se pose donc le problème de la maîtrise technique de toutes les opérations liées à l’import et à l’export, avec comme conséquence éventuelle, le risque de congestion. La légalité de cette option de renationalisation resterait elle aussi à établir et pourrait ouvrir la voie à un nouveau cycle judiciaire. »

Une renationalisation risquée…mais très lucrative !

22 milliards récoltés par l’état camerounais en 30 jours seulement, là où l’expertise du groupe Bolloré ne permettait de récolter que 2,5 milliards de recette sur la même période, soit un manque de 19,5 milliards pour le plus grand port d’Afrique centrale.
Et quand on pense que Bolloré aura géré ce port pendant 15 ans, on peut imaginer sans peine le manque à gagner de l’état Camerounais pendant toute cette période, en termes non seulement de recettes financières, mais aussi en termes d’expériences et de développement d’expertises locales, de capacités d’investissement dans les infrastructures et dans les programmes sociaux divers et variés…
C’est un nouveau souffle économique que le Camerounais vient de lancer. D’autres pays africains victimes de cette spoliation économique par Bolloré pourraient emboiter le pas.

Félix, correspondant de la région d’Afrique Centrale pour Afriquevision.Info
contact@afriquevision.info

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