Tribune. On nous a dit que la 1ère République était une dictature. On nous a dit que la 2ème République était aussi une démocrature. Avec la 3ème République, on nous a vendu l’illusion de la démocratie et de l’Etat de droit.
Mais en politique les signes ne trompent pas. La dérive autoritaire très tôt affichée de l’Exécutif, l’inféodation à outrance des autres Institutions Républicaines, l’onction faite à l’impunité, les démarches de musèlement de l’opinion contraire, la recrudescence du discours clivant, l’étouffement et/ou la répression sauvage des manifestations sociales et politiques avec son lot de morts, de blessés et de destruction de biens, la corruption endémique entretenue et la division des communautés pour régner ; voilà différents signes qui indiquent que l’hymne à la démocratie de notre appareil d’Etat n’est en fait que pur bluff. Que notre pays est régenté par un système monstrueux à visage humain.
Heureusement que le ridicule ne tue pas. La gestion de la dernière décennie en Guinée est une énorme imposture. Elle est tout sauf démocratique. Elle se moque de l’intelligence du peuple en disant avoir créé de la prospérité; une prospérité que le plus puissant télescope du monde n’arrive pas à identifier.
À contrario, quel gâchis sur le vivre – ensemble des populations du fait de l’ethnostratégie érigée en système de gouvernance ? Jamais auparavant, le tissu social guinéen n’avait été autant malmené. Des communautés autrefois vivant en symbiose se regardent aujourd’hui en chiens de faïence. C’est dans cette sinistre circonstance que la virtuelle 4ème République nous est parachutée. On se souvient du braquage constitutionnel du tristement célèbre 22 mars 2020.
À chaque jour suffit sa peine dit-on. Similairement, à chaque République suffit sa peine. La Nouvelle République s’emmanche par une stratégie innovante de torpillage des lois de la République et de violation des droits humains les plus élémentaires. Des guinéens peuvent désormais être considérés étrangers dans certains endroits de leur propre pays.
L’opinion devient témoin de ce qu’il est désormais convenu d’appeler la forfaiture de Tokounou. Il s’est joué dans cette localité un véritable drame le dimanche 11 octobre dernier; moins pour la coupure en soi de la Route Nationale No 1 à un candidat à la Présidentielle en pleine campagne électorale, que pour avoir bénéficié de la complicité de l’Etat. Les exécutants de cette basse besogne sont des instruments d’une cause connue qui ne trompe que ses commanditaires et ceux qui partagent leur vision.
Quid des fameuses unités policières et de gendarmerie de sécurisation du processus électoral ? L’électricité était pourtant dans l’air depuis la mise en scène de Labé. La sonnette d’alarme avait été tirée. Des mises en garde ont été faites. Des personnalités pas des moindres ont ouvertement appelé au renforcement de la sécurité du candidat de l’UFDG en partance pour la Haute Guinée. Mais on a des yeux pour ce qu’on veut voir, des oreilles pour ce qu’on veut entendre. La forfaiture de Tokounou était prévisible. Elle aurait pu être prévenue. Elle s’est produite parce que l’Etat n’a pas pris les dispositions idoines pour la circonscrire. De ce fait il en est pleinement responsable.
Malheureusement comme toujours en pareille circonstance, des esprits malins, charlatans analystes, endurcis dans leur sport favori d’équilibrisme, s’amusent à renvoyer dos à dos les bourreaux et les victimes. La sécurisation des citoyens est du rôle régalien de l’État. Il est malhonnête voire hypocrite de justifier Tokounou par Labé. À Labé le Préfet, première autorité administrative de la ville a fourni des explications qui dédouanent l’UFDG de toute responsabilité de la farfelue attaque. Aucune enquête n’est engagée pour retrouver les fauteurs de trouble. À Tokounou des malfrats ont témoigné à visage découvert avoir agi pour le compte du RPG. Ils ne font pas objet de la moindre inquiétude. Quelle forme de juridisme pourrait alors autoriser la mise en parallèle de ces deux événements différents tant par la motivation que par la portée ?
On peut se féliciter de la sagesse des cadres de l’UFDG qui ont su dominer leur douleur et leur colère face ce terrible événement. Un autre stratagème des ennemis de la République, qui visait à pousser le parti à la faute a été déjoué. La dynamique de la paix a triomphé sur celle de la vengeance. Le pire est évité. Dieu est imploré pour le triomphe du bien de la Guinée sur le mal le 18 octobre 2020. Aameen !
Sény Facinet Sylla
Ex. Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Réligieuses