Le chef du gouvernement tunisien, Elyes Fakhfakh, vient de remettre sa démission. Il a été mis en cause dans une affaire de conflit d’intérêts qui a alimenté la fronde menée par Ennahdha.
Elyes Fakfakh, en poste depuis le 27 février dernier, savait que l’appel d’offres remporté en avril dernier par une société dont il est actionnaire lui serait reproché. Mais, plutôt que de faire profil bas, et alors que la Tunisie semblait avoir bien géré la pandémie du Coronavirus, le chef du gouvernement tunisien a choisi le passage en force. « Son arrogance et son discours de donneur de leçon étaient insupportables », confie un membre de la Choura d’Ennahdha.
Fakhfakh, qui avait été choisi par le président de la République Kaïs Saïed, pensait que cet appui lui suffirait. Cela l’a été pour composer un gouvernement en écartant Qalb Tounes et la coalition El Karama, des partis arrivés respectivement deuxième et quatrième aux législatives. Mais cela n’a pas suffi pour que l’exécutif tienne sur la durée. « Il en a pour quelques mois, ses appuis ne sont pas solides », prédisait d’ailleurs un observateur tunisien, dès son investiture.
La guerre de succession a commencé
En s’opposant à Ennahdha qui souhaitait un exécutif élargi, Fakhfakh a signé le dernier acte de son bref passage à la Kasbah. Le communiqué publié le 13 juillet, dans lequel il annonçait vouloir écarter Ennahdha du gouvernement en opérant un remaniement lui a été fatal.
En réponse, Ennahdha a déposé ce mercredi une motion de retrait de confiance à l’égard de Fakhfakh et de son équipe, signée par 105 parlementaires. Il ne restait à Fakhfakh qu’à constater qu’il était dans une impasse et à obtempérer à Kaïs Saïed, qui lui a demandé de présenter sa démission. Elle a été rendue publique à 17 h, ce 15 juillet.
Fakhfakh s’acquittera des affaires courantes en attendant la désignation de son successeur. Mais, là aussi, la bataille partisane sera rude. Chaque parti avance déjà des noms. Tous auront néanmoins en mémoire qu’il ne faut pas négliger Ennahdha, qui a mis en minorité Fakhfakh, avec l’affaire du conflit d’intérêts, et avancé ses pions jusqu’à remporter le bras de fer engagé dès la prise de fonction du désormais ex-chef du gouvernement.
Avec Jeune Afrique