Les manifestations politiques en Guinée émaillées de violences meurtrières, orchestrées par le régime d’Alpha Condé à l’encontre des opposants réunis au sein du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), ne semble pas restées impunies. Cette semaine les avocats français de la coalition ont saisi la cour pénale internationale (CPI), histoire de traduire les auteurs de ce crime contre l’humanité devant cette haute instance juridictionnelle.
Dans cette plainte des opposants au 3ème mandat, les hommes en robes dénoncent et accusent Alpha Condé et ses acolytes d’avoir réprimés des citoyens guinéens de manière meurtrière qui ont exprimé leur ras-le-bol face à un projet anti-démocratique.
« Les soussignés indiquent avoir déposé, mercredi 29 avril 2020, en qualité de Conseils des membres du Front national de défense de la Constitution (« FNDC »), mouvement citoyen créé le 3 avril 2019 en Guinée et réunissant les principaux partis d’opposition, des organisations de la société civile et des syndicats, un signalement auprès de la cour pénale internationale en application de l’article 15 du Statut de Rome ».
Pour eux, « En menant une répression violente contre l’opposition politique depuis plusieurs années, le gouvernement du Président Alpha Condé s’est en effet rendu coupable de violations graves et répétées de droits fondamentaux d’une partie de la population. Ces persécutions qui visent ces derniers mois le Front National pour la Défense de Constitution et ses partisans, sont fondées sur des considérations politiques et ethniques, de nature à justifier la qualification de crimes contre l’humanité », précisent-ils.
« La population guinéenne n’a pas à être prise en otage de la volonté d’Alpha Condé de se maintenir au pouvoir, encore moins au prix de très graves violations des droits fondamentaux, d’une torsion de la Constitution et d’une instrumentalisation de la crise sanitaire pour tenter d’étouffer toute forme d’opposition. L’impunité doit cesser aussi pour que la Guinée puisse prétendre à une reconstruction démocratique ».
« Les soussignés attendent de cette procédure qu’après un examen préliminaire par le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale, qu’elle débouche sur l’ouverture d’une enquête sur la situation. Ils attendent en effet de la CPI qu’elle enquête notamment sur une série de meurtres pouvant être qualifiés de politiques et sur la répression qui s’opère depuis plusieurs années sur les opposants, compte tenu de l’impossibilité de voir des enquêtes indépendantes menées en Guinée et de voir les responsables traduits en justice devant les juridictions nationales », ont renchéri.
Fait à Paris, le 30 avril 2020
William BOURDON
Vincent BRENGARTH