Dans un article intitulé « l’Analyse du Bilan du Président Alpha Condé », publié à la veille de la présidentielle de 2015, j’avais écrit : « Nous disons qu’au cours de ces cinq dernières années, le président Alpha Condé a fait des efforts à ne pas nier. Son bilan est contrasté. Comparé à ses antécesseurs, on dira qu’il a fait mieux dans nombre de domaines, mais comparé à quelques-uns de ses voisins de la sous-région, on dira qu’il est médiocre. Cette comparaison spatiotemporelle s’impose, mais celle avec notre passé importe le plus. »
L’article, dans l’une des conclusions, disait : « La plus grande faiblesse d’Alpha Condé est d’avoir constitué un gouvernement antinomique à la croissance économique et un tonneau des danaïdes. Son gouvernement comptait 50 ministres dont 36 ministres ordinaires, 6 ministres d’Etat et 8 ministres conseillers. Cette inflation du gouvernement a abâtardi ses efforts, car il manquait de synergies. Des institutions discrétionnaires ont été promues et entretenues sous son mandat. La culture de la reddition des comptes et de la transparence n’a pas été promue. La réconciliation vraie, tant attendue par les Guinéens n’a pas vu le jour. »
Cette conclusion est encore d’actualité : gouvernement pléthorique sans synergies entre les compétences, tonneau des danaïdes et incapable de pourvoir aux besoins réels et essentiels des Guinéens (Conakry ressemble à un grand camp de réfugiés où les habitants doivent aller chercher chacun le nombre de litres d’eaux lui revenant de droit, Conakry est aussi une ville-ordure), puis le tissu social est effiloché et sa déchirure s’est aggravée sous l’ère du Président Condé. Le Président Condé n’a toujours pas réussi à combattre l’impunité, il l’a entretenue et promue. Il a créé des institutions discrétionnaires qui désagrègent le niveau de bien-être des Guinéens.
A l’heure où toute la Guinée attend un remaniement ministériel promis par le Président Alpha Condé, les esprits veulent de nouveaux noms et non un recyclage d’anciens ministres et la constitution d’un gouvernement amorphe et un autre tonneau des danaïdes. Les Guinéens veulent de nouvelles choses, une nouvelle équipe, des ministres proches du peuple, légitimes par leurs actes et réalisations et résolus à trouver à nos myriades de maux des solutions qui soient pérennes. Il faudra au Président Condé, pour ressusciter une nouvelle lueur d’espoir, un Premier Ministre différent de celui-là que les Guinéens ont vu à l’œuvre.
De tous les Hommes d’Etat qu’il m’a été donné de voir à l’action, de tous ceux qui se soucient pour la réussite de la seconde mandature d’Alpha Condé, de tous ceux qui œuvrent à la stabilité politique de ce pays et dont l’évocation des noms engendre une liesse populaire et un regain d’espoir, de tous ceux dont les noms sont associés au progrès, à la liberté, à la conviction, à la méthode, au consensus, à la réconciliation et à l’aggiornamento ; il revient celui d’un Guinéen adulé, porté aux nues par les Guinéens affamés du changement, de la majorité aphone, et porté aux gémonies par les imposteurs et resquilleurs ; ce Monsieur : c’est Tibou Kamara.
Dans le contexte actuel des choses, à l’heure actuelle , où il faudra donner une visibilité et crédibilité à l’action gouvernementale et pourvoir aux besoins réels des Guinéens tout en évitant les compromissions les plus inutiles et dangereuses à l’Etat de droit et à la cohésion nationale ; il faudra à Alpha Condé celui qui rassemble , qui fait ses preuves , qui concilie les positions les plus extrêmes , qui sait parler avec tous non avec un ton doucereux et paterne mais avec le langage de la liberté et de la conviction : Tibou Kamara, comme Premier Ministre . Cela à cause de :
Sa capacité à fabriquer le consensus fort
Quand il est question de préserver la stabilité politique du régime, de la Guinée, la cohésion nationale, Tibou est à tous les fronts. Il a su rabibocher la presse avec l’exécutif quand on accusait le président de manquer de considération à l’égard de la presse et de velléité de la démolir. Il a su amener l’opposition et le président Condé à se parler et à se mettre d’accord sur l’essentiel : la Guinée. Il a montré ses talents de négociateur lors de la récente grève des enseignants, l’évocation de son nom au palais du peuple avait donné lieu à des acclamations enthousiastes. Syndicats, opposition, société civile, la Guinée entière lui reconnaissent cette capacité à fabriquer les consensus forts et solides. Il sait concilier les positions, négocier avec tout le monde, il sait rappeler à chacun que la Guinée surpasse tous les intérêts.
Sa compétence communicationnelle
Tibou Kamara sait communiquer. ll n’est ni sobre ni excessif. Il est pondéré. Ses mots sont justes, calculés. Ses phrases sont claires, concises, simples. Il avance calmement ses idées et sans les imposer à ses interlocuteurs, il sait leur donner une force argumentative. Les louanges ou les invectives ne lui grisent pas au point de le faire perdre le sens de la mesure. Il sait écrire, il sait parler. Mieux, il connaît les rouages de la communication médiatiques. Pour avoir été un excellent journaliste, il connaît le canal de communication qui est approprié pour chaque message.
La communication a été l’un des points faibles des gouvernements du Président Condé. L’action gouvernementale manque encore de visibilité. La communication du gouvernement est encore mal structurée. Elle n’a jamais porté sur le gouvernement, ses réalisations, mais sur le Président et on a perdu de vue l’essentiel : les réalisations et leurs impacts sur la vie des Guinéens, fussent-elles minuscules.
Celui qui a su réconcilier la presse avec le Président, celui qui a été excellent journaliste, qui a été Ministre de la Communication, Président du Conseil National de la Communication, qui a rédigé un nombre élevé de discours présidentiels, qui maîtrise la communication d’influence, ne saura-t-il pas infléchir ce qui est déploré ci-haut ? Il fera briller l’action gouvernementale et donnera à ses réalisations l’éclat et la visibilité nécessaires sans outre mesure.
Sa fidélité
Tibou a été l’un des rares journalistes à avoir donné la parole aux opposants sous l’ère Conté. Il est fidèle dans tout ce qu’il fait. Il ne se reprochait de rien, parce qu’il se savait fidèle à ses convictions, à celles de servir la Guinée avec le plus grand amour et la plus grande passion qu’un fils doit avoir pour sa mère patrie. Ce qu’il faisait méritait l’admiration de tout le monde, fût-ce de Conté. Ce qui est fait avec le plus grand désintéressement, le plus grand sérieux ne saurait être soupçonneux. Cette quête de confiance n’a pas pour autant conduit l’homme à renier la liberté à laquelle il tient. Il sait donner son avis, se faire écouter et faire éloigner de plusieurs lieues ceux qui ont investi en lui leur confiance.
Son courage
Il sait dire ce qu’il pense et assumer ses convictions. Il faut au Président Condé, un Premier Ministre qui n’a pas peur de porter le jugement franc et sincère sur l’action gouvernementale et faire sa propre critique. Que peut apporter à la Guinée un Premier Ministre sans caractère, qui n’ose pas ses idées , qui n’a pas de convictions, qui n’ose pas aller intelligemment par la stratégie des petits pas aux réformes essentielles ? Tibou est un preux. Il n’est pas impavide, mais sait par son courage surpasser sa peur en motivant ses décisions, en réduisant au minimum leurs coûts divers.
Ce courage lui conduira à appeler les membres de son gouvernement à aller aux réformes, car il est soucieux du bien-être des Guinéens. C’est ce courage qui le conduira à la modernisation de l’administration, à sa dépolitisation, à la lutte contre la corruption, l’impunité. Il saura donner l’exemple et montrer la voie à suivre.
Sa volonté à réussir la réconciliation nationale
Après que la Commission Provisoire sur la Réconciliation Nationale ( CPRN) eût produit son rapport sur les consultations nationales et eût fait ses recommandations en vue de la réconciliation nationale , le Président Condé a confié, dans un discours officiel , à son Premier Ministre la mission de faire passer à l’Assemblée Nationale un projet de loi en vue de la mise en place de la Commission définitive de réconciliation nationale . Que s’est-il passé ? Où se trouve le projet de loi ? La réconciliation nationale est-ce un faux débat ?
Il nous faut un autre Premier Ministre qui croit à la réconciliation nationale non pas à celle entre les ethnies, mais celle entre l’Etat et ses concitoyens afin de refaire entre eux une nouvelle arche d’alliance. Tibou est préoccupé par la question. Il s’attache à la paix et sait que les compromissions faites ici et là manquent de courage, et qu’il faut que la Guinée réussisse sa réconciliation avec méthode.
Il veut qu’Alpha Condé réussisse le pari de la réconciliation afin qu’il se fasse jucher sur les épaules de géant. Une fois à la primature, il portera un projet de loi allant dans le sens de la réconciliation, il œuvrera à ce que les recommandations de la CPRN soient amendées afin d’éviter à l’initiative nationale de réconciliation l’échec et la trahison.
Les dirigeants tout comme les marcheurs, peuvent se fourvoyer à cause de leur choix d’hommes. Le chemin à emprunter n’est-il pas autant important que le choix de ceux avec lesquels on le parcourt ? Dans la marche abrupte des escaliers du progrès, on peut s’arrêter, se fourvoyer, ce qui n’empêche pas qu’on se reprenne et reparte derechef. Repartir du bon pied, c’est choisir le Premier Ministre qu’il faut, qui connaît la Guinée, qui est proche des Guinéens, qui est légitime, qui a des compétences légitimées, qui comprend nos maux et qui de la volonté et qui est populaire. C’est donc nommer Tibou Kamara au poste du Premier Ministre pour le bien de la Guinée et des Guinéens.
Ibrahima SANOH,
Citoyen guinéen
Auteur de « Pour une réconciliation nationale en République de Guinée »