L’opposant Succès Masra devenu Premier ministre en janvier 2024 a annoncé avoir présenté sa démission et celle de son gouvernement conformément à la nouvelle constitution Tchadienne. Le leader du parti Les Transformateurs quitte ses fonctions de chef de gouvernement suite à sa défaite à la présidentielle du 6 mai dernier.
Le général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de la junte au pouvoir depuis trois ans, a remporté l’élection présidentielle du 6 mai avec 61% des voix, laissant planer des doutes sur la crédibilité du scrutin.
Le premier ministre du Tchad Succès Masra a annoncé avoir présenté mercredi sa démission, un peu plus de deux semaines après sa défaite à la présidentielle du 6 mai remportée par le général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de la junte au pouvoir depuis trois ans. «Je viens de présenter ma démission et celle du gouvernement de transition, devenu sans objet avec la fin de l’élection présidentielle», et «conformément à la Constitution», écrit M. Masra sur sa page Facebook, dans un message authentifié auprès de l’AFP par ses services.
Déby, 40 ans, avait été proclamé président de transition par une junte de 15 généraux le 20 avril 2021 à la mort de son père Idriss Déby Itno, chef de l’État depuis plus de 30 ans, tué par des rebelles en se rendant au front. Le jeune général a été proclamé officiellement élu à la présidentielle du 6 mai dernier avec 61% des voix. Il doit prêter serment jeudi dans une cérémonie d’investiture à N’Djamena. Masra, qui avait recueilli 18,54% selon les chiffres validés par le Conseil constitutionnel, avait contesté ce résultat, s’estimant lui-même élu dès le premier tour dans ce scrutin qualifié par son parti de «mascarade» et par des ONG internationales de «non crédible». Il avait introduit un recours en annulation du scrutin, rejeté par le Conseil constitutionnel le 16 mai.
Scrutin pas «crédible»
Mahamat Déby avait été adoubé dès son installation par l’armée en 2021 par une communauté internationale – France en tête – prompte à condamner les putschistes ailleurs en Afrique. Le 17 mai, le président français Emmanuel Macron l’a «félicité» pour son élection. Paris compte encore un millier de militaires au Tchad, considéré comme un pilier de la lutte anti-djihadiste au Sahel, après que les soldats français ont été expulsés du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Au diapason de l’opposition, des ONG internationales s’étaient inquiétées avant le scrutin, à l’image de la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH), d’une élection «ni crédible, ni libre, ni démocratique», «dans un contexte délétère marqué par (…) la multiplication des violations des droits humains».
La junte a fait réprimer violemment toute opposition et avait écarté du scrutin les rivaux les plus dangereux du général Déby. Deux mois avant l’élection, Yaya Dillo, son cousin et plus farouche rival pour la présidentielle, avait été tué par des militaires dans l’assaut du siège de son parti. «Assassiné» d’une «balle à bout portant dans la tête», selon son parti. Les ONG internationales réclament, en vain jusqu’à présent, une enquête indépendante sur sa mort.
Par Le Figaro avec AFP