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Sommet Russie-Afrique : Moscou à la conquête du marché africain

 Le premier sommet Russie-Afrique s’ouvre mercredi à Sotchi. Une rencontre de deux jours qui doit permettre à Vladimir Poutine de relancer l’influence russe dans une région où Chinois et Occidentaux sont davantage présents.

Le président russe veut frapper fort. Vladimir Poutine lance, mercredi 23 octobre, le sommet Russie-Afrique, premier du genre et symbole des ambitions grandissantes de Moscou sur le continent.

Devant plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement africains, le président russe ouvre ce forum à 8 h GMT dans la station balnéaire de Sotchi avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, qui préside l’Union africaine.

Au programme du sommet, réplique des « forums sur la coopération sino-africaine » qui ont permis à Pékin de devenir le premier partenaire du continent, deux jours de discussions sur des thèmes allant des « technologies nucléaires au service du développement de l’Afrique » aux « minerais africains au profit des peuples d’Afrique ».

Comme son équivalent chinois, la rencontre a vocation à être organisée tous les trois ans. Pour cette première, Moscou a mis les petits plats dans les grands et recevra des représentants des 54 États africains.

« Décrochage des Russes »

Pour le président russe, le forum sera l’occasion de démontrer qu’il a les intérêts africains à cœur, lui qui, en 20 ans, ne s’est déplacé que trois fois en Afrique subsaharienne, toujours en Afrique du Sud.

« Il y a eu un véritable décrochage des Russes de l’Afrique et c’est ce qui peut expliquer pourquoi il y a aussi peu d’investissement aujourd’hui, détaille Armelle Charrier, chroniqueuse internationale sur France 24. Il faut pourtant se rappeler que lorsque la Russie s’appelait l’Union soviétique, lorsque la guerre froide opposait les deux blocs, les Russes ont joué un rôle important dans les guerres de décolonisation : au Mozambique, en Angola, au Congo, au Bénin… »

« Les Russes essaient de renouer avec des pays qu’ils connaissent bien »

« Nous sommes en train de préparer et de réaliser des projets d’investissements avec des participations russes qui se comptent en milliards de dollars », a de son côté souligné le président russe dans un entretien diffusé, lundi, par l’agence Tass. Il faut dire qu’après cinq années de sanctions économiques occidentales, Moscou a un besoin crucial de partenaires et de débouchés pour conjurer sa croissance atone.

Armelle Charrier rappelle que pour l’heure, l’Union européenne et la Chine restent les premiers partenaires du continent, avec respectivement 270 000 milliards d’euros et 200 000 milliards d’euros de volumes d’échange en 2017… contre seulement 17 milliards pour la Russie. La majorité du commerce concerne les armes, rare domaine dans lequel la Russie reste en tête.

« La Russie n’est pas l’Union soviétique »

Pour retourner la tendance, Vladimir Poutine vante une coopération sans ingérence « politique ou autre », à l’heure où certains acteurs africains, inquiets de leur dépendance financière, commencent à ressentir une forme de lassitude face à la Chine. Mais Moscou a encore du chemin pour concurrencer la Chine ou les Occidentaux. « La Russie n’est pas l’Union soviétique. Elle manque des ressources, de l’idéologie et de l’attrait de son prédécesseur », note Paul Stronski, du Centre Carnegie à Moscou.

Dans un contexte de tensions exacerbées avec les pays occidentaux, le sommet de Sotchi sera aussi l’occasion pour la Russie, après son grand retour au Moyen-Orient à la faveur de ses succès syriens, de montrer qu’elle est une puissance d’influence mondiale.

 

Avec AFP

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