Je ne comprends pas, je ne comprends rien et il est difficile de me faire comprendre ce qui vient de se passer. Oui, une interrogation qui risque de rester sans réponse. Une journaliste et activiste des droits de l’homme condamnée pour avoir donné la parole à une personne qui se dit victime d’une violation de ses droits.
Moussa Yéro Bah a été donc condamnée pour avoir fait son travail. Un travail auquel se livre tout homme épris de paix, d’humanisme et de probité.
Dites-moi, où allons-nous avec tout ça ? Où va la Guinée ? Les guinéens, qu’ont-ils faits pour mériter tout ça ? Aidez-moi à comprendre. Oui, je ne comprends pas. Ma question reste posée.
Celle qui a accepté de briser le silence assourdissant de la majorité de ses compatriotes pour dénoncer ces actes proscrits par nos lois et coutumes, voilà ce qu’on lui donne comme récompense. Plus qu’une monnaie de singe, la récompense de notre sœur, est plus que modique. C’est tout simplement inadmissible.
Je suis inquiet de ce qui se passe. Que faisons-nous aujourd’hui, de nos valeurs ? Loin de vouloir disculper Moussa Yéro Bah, mais une panoplie de questions taraudent encore mon esprit. Les fondements de nos coutumes, nos lois, que sais-je, acceptent de telles situations ?
En attendant de voir plus clair dans cette affaire. Puisqu’au moins le principe de double degré de juridiction existe.
C’est-à-dire lorsqu’un jugement est rendu au premier degré, l’une des parties peut interjeter appel à une instance supérieure pour casser le jugement rendu. Nous sommes dans ce cas de figure. Heureusement que le législateur a ouvert cette fenêtre. Ce qui motive mes innombrables interrogations plus haut.
Mais en attendant, une chose reste évidente, Moussa Yéro Bah a et doit avoir le moral haut. Oui, un moral gonflé à bloc puisque les acteurs de la cause commune te soutiennent. C’est aussi vrai que le leadership surtout dans un tel domaine requiert un certain sacrifice. C’est que Moussa Yéro Bah paye actuellement.
Dans une société où les gens ne sont pas encore à épouser un changement de comportement. Dans une société où certaines questions restent encore un tabou. C’est difficile d’évoluer dans de telles circonstances.
Moussa Yéro Bah doit rester fière. Fière d’être une icône de la lutte contre les violations des droits des couches vulnérables notamment les femmes en Guinée. Les nombreuses victimes de tous genres que ton ONG a secourues peuvent le témoigner. Ces jeunes filles trouvent en toi, un modèle. Ton engagement transcende les frontières guinéennes.
Ce combat, ce noble combat auréolé de trophée à l’échelle continentale, expliquent éloquemment tes valeurs, la noblesse de ta démarche et la sagacité par laquelle tu te bats. La vie des grands hommes qui ont marqué leur génération n’ont pas été « un fleuve tranquille ».
Galilé a dit que la terre tourne, il a été tué. Quelques années plus tard, sa thèse a été confirmée. Martin Luther King a été tué pour avoir rêvé qu’un jour, américains noirs et blancs seraient côte à côte, pour défendre leur patrie. Barack Obama a concrétisé ce rêve.
Les exemples foisonnent pour illustrer l’avance qu’ont très souvent, les grands hommes sur leurs générations.
Combien d’activistes de droits de l’homme croupissent en prison pour avoir défendu les faibles ? Combien d’ailleurs en sont morts dans leur noble combat ? Comme dire que ce n’est pas facile.
Tu peux être fière. Fière d’être aussi une référence dans ton métier de journaliste. Ton professionnalisme, ta passion pour travail bien fait illustrent aujourd’hui la réputation que tu t’es taillé dans le monde des médias.
Tu as exprimé ton talent dans la très célèbre émission qui fait trembler les grands de ce pays, les « Grandes Gueules ». Une tribune des grands hommes connue de tous en Guinée.
Tu as su vaillamment défendre et honorer les femmes, les braves femmes de Guinée à travers la pertinence de tes questions et tes prises de positions.
Moussa Yéro, quand on a toutes ces valeurs, ça dérange. Ça dérange ceux qui ne veulent pas que les choses changes. Ça dérange ceux qui ne peuvent pas faire comme toi. Ça dérange également ceux qui ne veulent qu’on sache ce qu’ils font. Dans une telle circonstance, que faire ? La réponse est toute simple, persévérance, audace, audace et encore audace.
Ibrahim Kalil DIALLO
Journaliste
00224 621 50 15 82