Le rendez-vous des élections législatives est fixé au 16 février 2020. L’enrôlement des électeurs l’a été selon le bon vouloir des stratèges du parti d’Alpha Condé dont l’objectif est d’obtenir une revanche historique dans les grands centres urbains des provinces.
Le truquage des enregistrements et des dispositifs de planification des prêts-à-monter de la Ceni découle de cette avidité. Idem pour le cas spécifique de la zone de Conakry où les cinq candidats du Rpg Arc-en-ciel au scrutin uninominal des communales ont été tous battu à plate couture par ceux de l’opposition. C’est un secret de polichinelle.
À Matoto, Dixinn et Ratoma, l’Ufdg a remporté le scrutin. À Matam, l’Ufr de Sidya Touré a fait le plein. À Kaloum, la candidate indépendante Aminata Touré – fille unique du père de l’indépendance – a survolé tous les autres.
Sékoutouréya choisit
Le choix porté sur Mohamed Diop pour défendre l’étendard du Rpg Arc-en-ciel dans la cité des affaires abritant le palais présidentiel est la preuve par cent que les candidats à l’uninominal sont désignés par Condé et non par le staff du parti au cours des réunions à Gbessia.
Sur le plan politique, Diop le flegmatique a été vice-maire sous le régime Conté et gouverneur de Kaloum sous Dadis, mais l’homme est plus intéressé au football que par les affaires politiques. Il est supporteur du Paris-Saint-Germain (PSG). Président de l’association des supporteurs de Guinée, il reste néanmoins un mobilisateur imbattable des grands rassemblements de rue. C’est certainement ce côté présentable qui justifie sa désignation.
À la place des roublards ventripotents, Alpha Condé place ses tickets non sans jouer un mauvais tour aux apparatchiks dont c’est le droit, lorsqu’il mise – cette fois-ci – sur des ministres-candidats qui ont piloté financièrement et intellectuellement la confection du projet de nouvelle constitution.
À Mandiana où les frondeurs du coin ont donné du fil à retordre au parti, le palais présidentiel a porté son dévolu sur le ministre des Hydrocarbures Diakaria Koulibaly. Y a de quoi. Le ministre tient le secteur du commerce du pétrole. A Siguiri, l’évidence de la victoire de l’opposition fait que le ticket gagnant que représente le ministre qui gère les richesses du sous-sol guinéen Abdoulaye Magassouba est à prendre avec des pincettes.
À Dinguiraye, le ministre d’Etat et ministre en charge de l’Industrie Tibou Kamara est le candidat d’Alpha Condé dans la cité de Cheick Oumar Tall. Dans la ville-carrefour Mamou, le bouillant ministre en charge des Sports Bantama Sow sera le candidat du parti. Le reste va se dessiner avec l’appui confirmé des partis alliés. Qui, jusque-là étaient en train de se donner du sang neuf auprès du chef de file de l’opposition.
Les « amis du palais »
C’est le cas de Mamadou Sylla Futurelec, leader de l’Union démocratique de Guinée (UDG) qui préconise Makanéra Kaké. L’homme d’affaires doublé de leader politique est bien allé aspirer les 10 millions de dollars devant solder le manque à gagner que l’Etat guinéen devrait lui payer sous le régime Conté. A sa suite, des leaders et non des moindres ont vite pointé le nez. Seulement, par ces temps où l’inflation fouette le Franc guinéen, ils n’ont embrassé chacun qu’une manne de 300millions, un véhicule et l’enveloppe de 200 millions pour la caution de la liste nationale.
Cependant, cela n’a pas encore été confirmé par un communiqué de presse sanctionnant un show ou un seul tête-à-tête avec le généreux donateur. Qu’à cela ne tienne. Cette opération de pêche aux «gros emmerdeurs» a été élargie aux à-côtés de Dalein Diallo. Les « amis du palais » avaient la mission de pousser le chef de l’opposition à s’engager dans la course électorale. En vain.
Toutefois, ces capitaines de petites barques éloignées du Rpg Arc-en-ciel ne peuvent à eux seuls troubler la marre des ministres-candidats de Condé. Ils sont persuadés que le panier dans lequel ils ont été servis et la promesse ferme de postes et bonnes places n’est que du baratin. Puisque, le Fndc opposé au changement de constitution et l’opposition réelle se prépare au lancement des manifs non-stop à partir du 13 janvier 2020.
Par Gordio Kane in Le Populaire