Si la constitution favorise mordicus l’alternance politique démocratique en Guinée en verrouillant le nombre de mandats pour le limiter à deux (article 27), cette même constitution rend cette disposition intangible (article 154).
L’intangibilité du nombre de mandats a une histoire dans notre sous-région. Elle permet d’éviter les conflits dont la plupart ces dernières années résultent de conflits électoraux (de volonté à se maintenir au Pouvoir ou à organiser des élections bâclées en faveur du Pouvoir en place).
C’est tirant les leçons de tout cela que le constituant guinéen a bien fait de verrouiller le nombre de mandats afin de préserver la paix sociale et imposer au Président en exercice d’aller à l’essentiel, car ses œuvres sont inscrites dans le temps.
Aujourd’hui, l’alternance politique démocratique, qui consiste à changer le personnel à la tête de l’Etat par le biais d’une compétition électorale, elle-même, tenue dans les règles de l’art, est une exigence de la nouvelle génération. Et cela est même perceptible dans les constitutions des pays africains.
Sur 55 pays membres de l’Union Africaine, 35 pays ont adopté l’intangibilité du nombre de mandats à deux dans leurs constitutions gage de stabilité et de paix. Fort malheureusement, depuis un certain nombre et jusque ce samedi 18 mai 2019, la volonté de faire maintenir le Pouvoir actuel était la seule affaire de certains groupuscules organisés.
Désormais, c’est le parti au pouvoir qui exige une nouvelle constitution donc un troisième mandat pour l’actuel locataire du Palais Présidentiel. Le message est désormais clair. Ainsi, tous ceux qui sont opposés au 3ème mandat doivent aller à l’offensive pour faire fléchir les intentions dont les conséquences seront plus nuisibles au pays. Encore que des raisons existent pour faire adhérer les populations à cette contestation populaire.
Que peut-on faire d’un régime qui est toujours incapable de débarrasser sa capitale des ordures et délivrer des cartes d’identité nationales à ses compatriotes? Que peut-on faire d’un régime qui continue de conclure des marchés de gré à gré dans les secteurs de la vie de la nation avec des résultats médiocres ? C’est le cas du secteur énergétique où 3 milliards de dollars sont investis avec pour résultat aucune ville de la Guinée ne bénéficie d’une couverture électrique de 12h/Jour.
L’alternance politique démocratique c’est aussi un fichier électoral crédible et une institution électorale qui rassure. Mais de nos jours, cette institution ne rassure guère. Déjà, l’on constate une volonté de choisir l’opérateur technique en violation de toutes les recommandations et principes en la matière.
En somme, les démocrates disposent désormais de toutes les raisons pour se donner les mains afin d’organiser dans un bref délai une contestation populaire pour faire fléchir ce régime de sa volonté à se maintenir au pouvoir. En vérité, ce régime se caractérise encore par ce que le Président Sidya Touré appelle les ‘’3 i’’ : incurie, irresponsabilité et incompétence. Que peut-on, peuple de Guinée, faire avec ce régime médiocre ?
Fodé BALDE
Homme politique guinéen
La Guinée d’abord
