C’est la deuxième fois en vingt-un ans que les autorités guinéennes violentent les habitants de ce quartier (Kaporo-rails), situé en haute banlieue, dans la célèbre commune de Ratoma. Les timings et les méthodes employées ne sont pas de nature à plaider en faveur de ‘’notre Etat ‘’, qui se montre de plus en plus arrogant.
Des centaines de familles, donc plusieurs milliers d’habitants ont été déportés et leurs maisons détruites tout d’abord en 1998 par le régime de feu General Lansana Conté et depuis une semaine, le pouvoir d’Alpha Condé a ordonné le renvoie des populations cette fois, pas seulement de Kaporo-rails mais également une bonne partie de Kipé 2, sous prétexte que l’Etat et ses partenaires étrangers veulent moderniser les lieux pour en faire des bureaux. Ce que personne ne refuse mais la forme en dit long sur ce qui peut être appelé ‘’les intentions cachées‘’ de l’administration Condé.
Pourquoi la forme fait-elle redouter un simple calcul politique ?
Les élections en Guinée ont toujours été un rendez-vous pour l’essentiel des acteurs politiques de revendiquer leur appartenance. Comme partout dans le monde, en tout cas pour les acteurs politiques sérieux, le minimum c’est de conquérir un territoire qui deviendra votre fief. Ratoma est donc un bastion de l’opposition. Ce n’est pas pour rien qu’en 1998, les opérations de déguerpissements, qui avaient visé Kaporo-rails ont été perçues comme un moyen d’affaiblir des adversaires. C’est aussi le cas de 2019 et d’ailleurs le timing ne trompe pas. Parce qu’il y a non seulement des élections législatives qui sont attendues et il y a également le fort risque d’un referendum visant l’article 27 de la Constitution, qui plane sur la tête des Guinéens.
Au-delà des questions politiciennes donc, les autorités publiques, en tout cas ceux qui ont trouvé normal d’organiser la déportation de ces pauvres populations doivent se rappeler que : ‘’le droit de propriété est garanti. Nul ne peut être exproprié si ce n’est dans l’intérêt général légalement constaté de tous et sous réserve d’une juste et équitable indemnité‘’, (art13 de la constitution).
C’est pourquoi, les acteurs politiques et sociaux de notre pays, quelle que soit l’analyse que vous avez de cette situation, il est encore temps d’arrêter cette injustice. Votre silence face à la violence gouvernementale exercée sur les populations de Kipé 2 et de Kaporo-rails est inacceptable. Chacun de nous doit agir pour freiner le déséquilibre de cette administration. Car ‘’quiconque occupe un emploi public ou exercice une fonction publique est comptable de son activité et doit respecter le principe de neutralité du service public. Il ne doit user de ses fonctions à des fins autre que l’intérêt de tous ‘’, (art 26 de notre Constitution).
En 2014, à la veille de l’élection présidentielle, le chef de l’Etat s’était rendu au centre directionnel de Koloma pour promettre que plus personne ne serait jetée dans la rue. Il faut donc lui rappeler qu’il serait important de noter que son administration n’a prévue aucune mesure d’accompagnement en faveur des habitants (même ceux qui ont tous les papiers nécessaires, NDLR) c’est ainsi dire que cette action de déguerpissement est une sorte d’expropriation. Pour la mémoire collective, ces concernés, il s’agit de familles innocentes composées de femmes, d’enfants et de personnes âgées, qui ont besoin de notre attention. Il y a aussi le petit commerce et des ouvriers. C’est donc arbitraire !
Par Aliou BALDE