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Impacts du covid-19 sur le secteur minier en Guinée : le ministère des mines tire la sonnette d’alarme

Face à la situation de la pandémie liée au coronavirus, qui affecte tous les secteurs d’activités économiques du monde, le ministère guinéen des mines et de la géologie dépeint le tableau d’impacts de la maladie sur le secteur minier du pays. La Guinée qui dépendant de la rente minière est frappée par   la réduction drastique de l’exploitation de ses ressources minières pendant cette épidémie. Le pays est classé  troisième exportateur de la bauxite au niveau mondiale, après la Chine et l’Australie avec un taux de production environ 60 millions de tonnes par an.

Dans cette  note du département des mines, ci-dessous, plusieurs actions sont énumérées.

Le secteur minier est, à l’instar des autres secteurs de l’économie mondiale, confronté au risque de baisse d’activités causée par la pandémie du Coronavirus 2019.

Pour faire face à cette situation, le Gouvernement guinéen, à travers le Ministère des Mines et de la Géologie, en concertation avec la chambre des mines, les sociétés minières et les autres départements concernés, a mené plusieurs actions visant à mitiger les risques auxquels le secteur fait face, conformément aux directives du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, et aux orientations du Chef de l’Etat.

Dès l’apparition de la pandémie du Coronavirus en Guinée, le département a engagé des consultations avec les sociétés minières et les autres acteurs du secteur afin d’évaluer les risques auxquels le secteur est exposé, prendre les mesures de mitigation, et cerner les impacts prévisibles de cette pandémie sur le secteur minier guinéen.

A cet effet, les actions suivantes ont été mises en œuvre :

La consultation formelle des sociétés minières, le 8 mars 2020, sur l’impact de la pandémie du Coronavirus sur leurs activités et les mesures de mitigation prises en leur sein, notamment :

– les canaux par lesquels les sociétés peuvent être potentiellement exposées;

– les activités qui seraient ou pourraient être impactées;

– l’estimation quantitative des impacts sur les activités des sociétés;

– les mesures prises ou envisagées pour l’atténuation des risques, ainsi que les impacts résiduels attendus.

Sur la base des réponses obtenues des sociétés et autres acteurs, le Ministère a identifié, le 31 mars 2020, les principaux risques et les mesures de mitigation, qui ont alimenté le plan d’actions du Ministère et le plan de riposte économique du Gouvernement rendu public le 6 avril 2020. La mise en œuvre des mesures identifiées au sein du secteur a été immédiatement engagée.

La réorganisation du travail et la prise de mesures strictes de sécurité sanitaire, notamment les gestes barrières, au niveau de toutes les structures du Ministère avec répercussion sur les sociétés minières, le 25 mars 2020.

La réévaluation des prévisions de production de bauxite et d’or industriel au titre de l’année
2020, au 15 avril 2020.

L’objectif global du Ministère est de minimiser l’impact socioéconomique (emplois, revenus etc.) de la pandémie en assurant, autant que possible, l’avancement des projets et le maintien des opérations, sans altération des obligations en termes de contenu local et dans le strict respect des mesures sanitaires adoptées dans le cadre de la riposte nationale contre cette pandémie.

LES PRINCIPAUX RISQUES ET LES MESURES DE MITIGATION

Au regard du profil du secteur et du contexte, la pandémie du Coronavirus fait courir au secteur des risques commerciaux, financiers et économiques, et logistiques aux activités minières, ainsi que le risque d’inefficacité au sein de l’administration minière.

LES RISQUES COMMERCIAUX, FINANCIERS ET ECONOMIQUES :

Le ralentissement des activités dans la quasi-totalité des secteurs de l’économie mondiale, avec un impact sur les débouchés pour les produits finis, pourrait entrainer une réduction des commandes par des consommateurs de la production minière guinéenne, en particulier au niveau de la bauxite (l’or, valeur refuge, résistant mieux à la crise). Cela pourrait avoir un impact sur les sociétés en phase de production et celles en phase de développement.

Par conséquent, le Ministère a pris des mesures pour l’accélération du traitement des demandes des sociétés minières pour éviter toute perte d’opportunité commerciale.

Par ailleurs, l’incertitude créée par la pandémie et la réduction des opportunités commerciales pourraient réduire l’accès au financement des projets miniers. Cela conduirait au ralentissement de certains projets, et au report ou à l’annulation d’autres.

A l’échelle du pays, il est crucial que les nouveaux projets démarrent pour compenser, ne serait-ce que partiellement les réductions de dépenses des projets ou opérations en cours.

C’est pourquoi, tout en accélérant le traitement des demandes courantes des sociétés, le Ministère s’est organisé afin qu’une attention particulière soit portée sur les projets en maturité (proches de la phase de construction ou de production) et ceux en souffrance afin de compenser les impacts de la pandémie avec des activités nouvelles.

Au niveau des approvisionnements, les PME peuvent avoir des difficultés techniques et financières d’assurer l’approvisionnement des sociétés minières en biens et services.

Des mesures concernant ces PME ont été prises en compte dans le plan de riposte économique du Gouvernement.

Enfin, les restrictions liées à la gestion de l’épidémie pourraient entrainer une baisse des activités non essentielles à la production minière, ce qui est de nature à réduire les opportunités économiques auprès et autour des exploitations minières.

Outre les efforts de maintien du niveau d’activités dans les exploitations minières, le Ministère a maintenu le programme de mise en œuvre du Fonds de Développement Economique Local (FODEL) afin d’atténuer les impacts socioéconomiques directs et indirects (notamment autour des sites miniers). Cela a permis, à date, d’engager le financement de 984 projets de développement local, y compris les activités génératrices de revenus pour les jeunes et les femmes, pouvant potentiellement créer environ 25 000 emplois. En parallèle, le Ministère s’assure que les compagnies minières mettent à profit cette période pour procéder à une meilleure application de la politique du Contenu local, tirée des dispositions du Code minier, en l’occurrence l’identification des opportunités d’augmentation des emplois et achats locaux face au vide que pourraient créer certains employés ou fournisseurs dont la pandémie met dans l’incapacité de se rendre en Guinée ou de fournir les services ou biens attendus d’eux.

LES RISQUES LOGISTIQUES

Les restrictions au mouvement de personnes, de biens et services, imposées par plusieurs pays dans le cadre de la lutte contre la pandémie, peuvent ralentir ou arrêter la chaine d’approvisionnement des sociétés, ainsi que la chaine d’écoulement de la production. La mitigation de ce risque consiste à la prise de mesures facilitant les opérations d’importation et d’exportation de la production des sociétés minières, dans le strict respect des mesures édictées par les autorités sanitaires.

A cet effet, la Circulaire No 0488 a été émise le 10 avril 2020, après consultation des autoritaires des Ministères de la santé et des transports, pour :

Confirmer formellement, le traitement des exportations de produits miniers dans la catégorie « cargo » faisant déjà l’objet d’une exception dans les interdictions de transport. Il s’agit notamment du transport d’or par voie aérienne et du transport de la bauxite par voie maritime ;
Permettre le mouvement d’expatriés par vols charters dans le strict respect des mesures sanitaires en vigueur et du contenu local. En particulier, les sociétés doivent obtenir les autorisations requises après avoir fourni la preuve d’un test négatif de chacun des passagers avant le départ. A l’arrivée à l’aéroport de Conakry, des tests de confirmation pour s’assurer que les passagers ne sont pas porteurs du virus, et un suivi journalier en confinement pendant 14 jours, sont effectués par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS).

LES RISQUES SANITAIRES

Le risque de contamination du personnel et de propagation de l’épidémie au sein des sociétés minières et/ou des communautés environnantes, pourrait entrainer une réduction de l’activité, et un arrêt dans certains cas. Pour faire face à ce risque, le Ministère a pris, à partir du 25 mars 2020, toutes les mesures sanitaires appropriées, et les a répercutées aux sociétés minières. En plus des gestes barrières préconisées par les autorités sanitaires, le Ministère a notamment interdit les visites non professionnelles et restreint les conditions de tenue des réunions en face à face.

A date, les sociétés minières ont contribué à hauteur de plus de cinq (5) millions de dollars US, essentiellement en nature, à la riposte nationale contre la pandémie. Une partie des dons en nature concerne les kits d’équipements PCR pour les tests, les tests de détection IgM/IgG, les masques, les gants, les respirateurs artificiels, l’eau de javel, les combinaisons de protection, le savon, les kits de lavage de mains, les thermo flashs et les lunettes de protection.

Par ailleurs, les sociétés minières ont pris des dispositions internes pour la protection sanitaire de leurs employés et apporté des appuis aux communautés locales (notamment en kits de protection et par la sensibilisation) dans le cadre de la lutte contre la pandémie.

LE RISQUE D’INEFFICACITE ADMINISTRATIVE

Les restrictions liées à la gestion de la pandémie du Coronavirus sont de nature à entrainer une efficacité des équipes du Ministère pour la prise en charge des risques auxquels les sociétés minières font face. Le Ministère a donc privilégié le télétravail, y compris par l’adoption de la visioconférence pour les réunions de suivi des dossiers en interne et celles avec les sociétés minières. Des réunions techniques par visioconférence sont organisées et des objectifs hebdomadaires sont fournis à toutes les directions autour des dossiers prioritaires. D’une manière générale, le Ministère explore les possibilités de flexibilité administrative en réponse aux demandes des compagnies minières.
Aussi, le Ministère met à profit cette période de distanciation pour engager un programme de formation pour les directeurs et leurs adjoints. Ce programme d’enseignement à distance sur mesure a été conçu par l’Ecole Nationale d’Administration Publique du Canada. Il porte sur cinq (5) modules de « Management et Leadership » qui seront dispensés dans le courant du mois de juin 2020 pour le renforcement des capacités des cadres dans la gestion des équipes et de la performance.

Cette initiative a pour objectif de mieux préparer le post Covid 19 avec des équipes plus efficaces dans la relance des activités.

LA REEVALUATION DES PREVISIONS DE PRODUCTION/EXPORTATION DE BAUXITE ET D’OR INDUSTRIEL

Pour mesurer l’impact sur le Secteur Minier Guinéen, nous avons procédé à une mise à jour des prévisions de production et d’exportation de bauxite et d’or industriel au titre de l’année 2020, afin d’avoir, à date, l’impact éventuel de la pandémie sur le secteur au terme de cette année. Ainsi, sur la base des informations disponibles, avec la collaboration des sociétés minières en production, les résultats de cette évaluation indiquent que, à date, le secteur minier guinéen subirait un impact limité de la maladie à coronavirus (Covid 19).

Il faut toutefois prendre ces résultats, basés sur des prévisions produites autour du 15 avril 2020, avec précaution dans un environnement global incertain. Nous observerons l’évolution de la situation qui sera fonction de l’ampleur et de la persistance de la pandémie en Guinée et dans le monde (en particulier dans les pays de destination de la production minière, ceux de fabrication des produits finis, ainsi que les pays d’origine des financements).

La production et l’exportation de la Bauxite et de l’or industriel semblent pouvoir au moins se maintenir au niveau de 2019. Une réévaluation des prévisions annuelles sera effectuée au terme de chaque trimestre. En tout état de cause, les productions réalisées au premier trimestre 2020 montrent une tendance relativement rassurante, pour le moment, par rapport aux prévisions initiales. En effet, les productions de bauxite et d’or industriel du premier trimestre se sont respectivement chiffrées à 21 millions de tonnes et 97 mille onces.

Dans les mois à venir, conformément aux directives du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, et aux orientations du Chef de l’Etat, le Ministère suivra avec attention l’évolution de la situation tout en poursuivant la mise en œuvre des mesures de mitigation. Même si, à date, l’impact de l’épidémie semble être limité sur le secteur, il est important d’observer de la prudence parce que l’ampleur de l’impact sur les activités minières en Guinée dépendra essentiellement de celui de l’épidémie ainsi que de sa durée dans les pays partenaires commerciaux et financiers du secteur minier guinéen. Dans ce cadre et dans le souci de cerner toutes les retombées des activités minières, le Ministère a initié une étude pour évaluer les retombées socioéconomiques globales directes, indirectes et induites du secteur dans le pays, ainsi que l’impact d’un choc tel que la pandémie du Coronavirus 2019 sur le secteur.

Conakry, le 26 mai 2020

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