Comme annoncé, la deuxième édition de la conférence annuelle du Guinean Young professionnels club (GYPC) s’est tenue ce jeudi 15 mars 2018 à Conakry au Sheraton Grand sous le thème « comment faire de la Guinée un champion industriel ? ». Cette conférence a été l’occasion pour des professionnels de participer à des panels de haut niveau sur plusieurs thématiques comme « la Guinée et l’industrie, Analyse du contexte historique, social, économie et réglementaire » ou encore « quels choix stratégiques pour faire du pays un champion industriel ? ».
Des panélistes comme Nava Touré, ancien directeur général de la CBG, Ansoumane Bérété, représentant Pays de l’ONUDI, Aissata Beavogui directrice générale de la société minière Guinea Alumina Corporation, Kelvin Tan de la chambre de commerce Asie Sud-est et Afrique ; Madame Athena Yu Co- Fondatrice Made In Africa ; Daouda Fall Directeur Général de Brahms Group, Kabinet Komara, modérateur et panéliste, ancien secrétaire de l’OMVS, Birahim Diop, Directeur général de Star Energy, Djibril Ngom, ancien ministre sénégalais et consultant international, entre autres…
Sur la thématique générale de cette seconde édition de la conférence annuelle du Guinean Young professionnels club ((GYPC), le Président et cofondateur de GYPC qui est en même temps, avocat au beau de Guinée et de Paris est revenu sur la pertinence du choix du thème.
« Le choix du thème est basé sur un constat, celui de se dire que la Guinée à la date d’aujourd’hui pour de multiples raisons est très en retard dans son industrialisation comme l’a annoncé le président de la BAD en début d’année. Un pays ne peut pas se développer sans industrialisation à partir de là, qu’est-ce qu’on fait donc, on essaye de voir qu’est-ce qu’on peut mettre en place en République de Guinée afin de développer l’industrialisation. Quelles sont nos lacunes et qu’est-ce qu’on peut envisager ? Mais au-delà, c’est une conférence qui donne l’opportunité de se projeter vers l’avenir sur le long terme pour voir ce qu’on peut envisager comme réponse en terme de stratégies pour faire de la Guinée un champion industriel… » a laissé entendre Baba Hady Thiam.
Pour parvenir, selon lui, à une Guinée championne industrielle, il y a beaucoup de prérequis pour développer l’industrie : il y a tout d’abord l’énergie, des infrastructures pour transporter la production, un bon environnement des affaires permette à ce que les investisseurs locaux et internationaux puissent développer des usines et aussi les ressources humaines parce que, d’après lui, il ne sert à rien de développer des industries s’il n’y a pas les hommes pour les mener à bon port.
« Nous avons des pays qui, dans un passé lointain ou récent, ont réussi plus ou moins leur industrialisation. Nous pouvons nous baser sur l’exemple de ces pays on peut citer le cas de la chine Singapour ou plus proche de nous, le Rwanda ou l’Éthiopie qui sont à la date d’aujourd’hui entrain de réussir leur industrialisation » a plaidé le jeune leader.
Pour Ansoumane Bérété, le représentant pays de l’ONUDI en Guinée pense pour sa part que faire de la Guinée un champion industriel, c’est répondre à la question du positionnement industriel de la Guinée au niveau national, régional et au niveau mondial pour que la Guinée soit un champion industriel
« Il faut que la Guinée crée en son sein des champions industriels en focalisant les efforts sur les secteurs prioritaires qui peuvent porter le développement industriel de la Guinée, des secteurs pour lesquels, la Guinée dispose d’avantages comparatifs par rapport à d’autres pays de la région ou d’autres pays africains de sorte à développer ses secteurs dans une synergie de façon complémentaire… »
Pour ce faire, il s’agit de créer, selon lui, des champions industriels sur des secteurs bien donnés si cette industrie s’adresse à un marché important au-delà du marché lui-même donc un marché intégré de la sous-région ouest-africaine où le marché continental et pourquoi pas au-delà, le marché mondial.
La clé, pour lui, c’est cibler les secteurs prioritaires et investir massivement dans ces secteurs de sorte à créer les conditions pour que des champions de l’industrie puissent émerger. Ces conditions, c’est la régulation, la réglementation, donc la sécurité pour les investissements avec des mesures incitatives, mais aussi créer des conditions qui puissent réduire le coût de l’investissement en promouvant par exemple des zones industrielles, les zones économiques spéciales au niveau desquelles des ressources peuvent être mutualisées pour minimiser le coup d’entrée des entrepreneurs industriels » a brossé l’expert de l’ONUDI.
Parlant de l’industrie pour la Guinée, ce qui serait important à ses yeux, c’est de développer une industrie manufacturière. Mais à l’image de la plupart des pays africains, la Guinée a, selon lui, beaucoup de faiblesse par rapport à la manufacture.
« Quand vous prenez les mines, le pays génère beaucoup de revenus avec l’activité minière, mais cela ne se traduit pas dans le développement économique du pays. Il s’agit donc de réinvestir les revenus des ressources tirées des mines ou d’autres secteurs qui permettent à l’État d’avoir des liquidités pour développer les acteurs prioritaires dont on parle et au niveau donc de ces secteurs, il s’agit de développer la manufacture parce que l’activité industrielle créée beaucoup d’emplois et permet de développer une économie plus inclusive, c’est à dire être connecté aux activités exercées par la majeure partie de la population »
Spécifiquement, d’après lui, pour la Guinée l’agrobusiness est une grande opportunité « mais au-delà de la Guinée quand vous prenez le profil de développement industriel des pays, les pays qui se sont industrialisés ou les pays en voie d’industrialisation, vous comprendrez que la toute première étape pour les pays vers l’industrialisation, c’est d’œuvrer dans la transformation des produits du secteur rural, surtout les produits agricoles et pour la Guinée les conditions naturelles aidant, le pays est très disposé pour développer un secteur comme l’agrobusiness »
« En parlant d’agro-industrie, vous avez agroalimentaire, l’agroforesterie, le bois le textile et les produits dérivés ; vous avez le cuire et ses produits dérivés, tous ces éléments constituent des pools de développement agro-industriels pour la Guinée » a analysé le représentant de l’ONUDI.
Kabinet Komara, ancien secrétaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et ancien premier ministre, modérateur et pénaliste a décliné également son plan pour une Guinée, championne industrielle.
Il faut, selon lui, évaluer les potentialités du pays dans tous les domaines, les vulgariser, pour se positionner face aux concurrents et décliner la façon de les transformer pour permettre aux investisseurs d’avoir une lisibilité du marché guinéen et permettre au pays de se positionner face aux défis de l’industrialisation en privilégiant les domaines porteurs.
« Il faut absolument, la mise en place de parcs industriels dans chaque région ou zone économique spéciale ; Reformer l’administration guinéenne pour lui permettre d’accompagner les créateurs d’entreprises avec des facilités et une attractivité ; la transparence dans la passation des marchés publics ; favoriser l’artisanat par la consommation des produits guinéens ; avoir une perception meilleure à l’étranger par rapport à la transparence…. » a énuméré Kabinet Komara.
Pour sa part, Facinet Fofana, ancien ministre des mines qui développe des projets d’investissements en Guinée et à travers le monde estime que pour qu’il ait un développement industriel, il faut qu’il ait de l’investissement
« La Guinée n’a pas les capitaux pour financer son développement industriel, la Guinée doit attirer les investissements étrangers, les capitaux à risque, c’est à dire les gens à travers le monde qui ont de l’argent qui veulent investir et qui cherchent des destinations d’investissement attractif. Nous devons nous réorganiser pour attirer ces gens-là chez nous ; il y a plusieurs choses à faire pour cela, il faut qu’il ait de l’énergie, il faut un cadre d’investissement et un environnement des affaires attrayant pour permettre aux investisseurs de se sentir en sécurité ».
« L’autre élément important, c’est de rassurer l’investisseur par rapport au potentiel du marché ; il est possible que le marché guinéen en lui-même ne suffise pas mais nous sommes déjà dans un contexte CEDEAO, un marché de 300 millions de personnes qu’on devrait pouvoir utiliser, car je ne pense pas qu’on l’utile suffisamment, on doit lorgner le marché sous-régional pour dire à un investisseur chinois ou indien, utilisez la Guinée comme porte d’entrée en Afrique de l’Ouest, cela semble très important, si ces conditions-là sont réunies, les gens vont commencer à réfléchir » a suggéré l’ancien ministre Guinéen des Mines.
Mamadou Aliou Diallo pour afriquevision.info
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