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Guinée: Du tape-à-l’œil dans le vert

Depuis le début de ce mois de juillet avec ses pluies tardives et rares, Alpha Condé, un peu plus réveillé que ce climato-sceptique de Donald Trump, vient de faire une campagne tambour battant de reboisement en mettant assez de moyens financiers. Il est à craindre que ce ne soit un cautère sur une jambe de bois.

Le fonds verts mis à la disposition de cette opération tape-à-l’œil est colossal, il faut le redire, mais suffit-il à compenser les déforestations autorisées dans la coupe abusive des arbres et dans la carbonisation autorisée à grande échelle ? Suffit-il à compenser les immenses déforestations en faveur des plantations de palmier à huile, d’anacardiers, de caféiers et autres, dont l’Etat pompier-pyromane est le principal acteur et promoteur ?

Ces opérations de déboisement et reboisement gigantesques ne pourront réparer le couvert végétal que si elles favorisent la renaissance de la biodiversité or, les essences uniques plantées ne donneront que des forêts artificielles, uniformes, sans vie et sans âme. Les scientifiques en parlent si peu mais ces essences à croissance rapide appauvrissent leur environnement comme les forêts artificielles de l’hémisphère nord. On dit qu’une société d’électricité de Californie risque de déposer bilan, suite à l’incendie de l’an passé, aux USA.

Pour réparer une biodiversité dans une forêt qui a mis des centaines d’années à se mettre en place, ce n’est pas en plantant des arbres à croissance rapide sans fleur et sans fruit. Qu’est-ce que les hommes ont dans la tête ? Ce n’est pas en biaisant avec la nature que les hommes trouveront leur survie. Déjà, avec 40-50 degrés, il y a alerte rouge au Nord. Ce n’est pas certain que cette température reste constante dans 20 ou 30 ans. C’est cette échéance qu’il faudrait bien viser, pas dans l’immédiat de 10-20 ans.

Pourquoi ne pas planter partout les arbres fruitiers et les palmiers naturels, ceux qui n’ont pas subi de modification génétique, qui donnent deux sortes de vin, deux sortes d’huile à taux de cholestérol réduit et dont les fûts ou troncs sont utiles dans tous les domaines de la construction ? Ces palmiers naturels n’ont pas leurs pareils dans la reconstitution de la biodiversité et ils poussent partout.

Il faut une forêt reboisée peuplée d’arbres fruitiers laissée en jachère plusieurs dizaines d’années pour espérer tant soit peu refaire l’environnement, pas en confondant vitesse et précipitation. Les fleurs et fruits qui tombent, qui se décomposent attirent tous les micro-organismes pour l’aération et le ameublement des sous-bois. L’introduction d’animaux de brousse ne peut réussir que s’ils trouvent de la nourriture et un environnement favorable à leur reproduction.

Les gardes forestiers formés à cet effet auront du pain sur la planche.

Pour limiter la destruction, certains commencent à planter le bambou, qui pousse plus vite (3 à 5 ans seulement) que les arbres et il peut se substituer au bois dans des constructions légères et des meuble.

Quant à l’énergie pour les chauffages divers, la vulgarisation du solaire, on en parle mais rien n’est à jour. Le gaz butane, qui est exploité des profondeurs du sol, n’est pas une solution de rechange, c’est aussi du tape-à-l’oeil, leur exploitation n’est pas sans conséquence sur l’environnement, bien que leur utilisation apparemment sans reste est considérée comme propre.

La destruction de la mangrove, le rejet des déchets toxiques des industries et des matières plastiques dans l’océan sont des facteurs pas pris sérieusement en considération, mais il faudra résoudre ce problème dans l’urgence la plus absolue. Les mers et océans sont les poumons des terres et continents, c’est encore une source de vie capitale et incommensurable.

Tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, il faut s’inquiéter de son devenir. La pollution n’a pas atteint le seuil de l’insupportable, mais plus les choses s’accumulent, plus il sera compliqué de les évacuer. Il est temps de jouer franc-jeu avec la nature car les acteurs responsables de la destruction ou du tape-à-l’oeil, et ceux qui, comme Donald Trump, sont bien conscients de la catastrophe, mais qui ferment un oeil, croyant que la catastrophe ne leur arrivera pas sur terre,  devront rendre des comptes.

Enfin, ce qu’il ne faut pas éluder, la destruction massive de l’environnement est aussi et surtout dans l’emploi des armes de destruction massive dans des guerres. Quels sont les dégâts d’un missile Tomahawk ou d’un boulet de canon ?

Va-t-on continuer la fuite en avant ou faire la politique de l’autruche pour être rattrapé plus tard ?

 

Par Mediaguinee

 

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