C’est dans un ton mélancolique que le président guinéen, Alpha Condé a tenu un discours au siège de son parti politique le RPG à Gbessia dans la commune de Matoto le 24 mars 2019. Une sortie médiatique dans laquelle, il a flingué ses adversaires et certains leaders sociaux.
Lisez son discours intégral
« Je suis venu vous dire que je laisse mon manteau de président de côté. Je prends mon manteau de militant, car maintenant je suis prêt à la bataille contre ces gens qui veulent (…) nous n’allons plus permettre que des gens prennent le peuple en otage par des mensonges. Donc, j’irai avec vous dans toutes les universités organiser les débats pour qu’on ait un débat libre, que les gens sachent qui est qui ? Quel est l’avenir de la Guinée ? Quel était son passé ? Personne ne prendra la Guinée en otage. Si quelqu’un pense qu’il a raison, qu’il aille devant le peuple. Seul le peuple donne le pouvoir. Le reste NON. Ce n’est pas l’internet, ce n’est pas les réseaux sociaux.
En Guinée, c’est très simple. La plus part des opposants ont gouverné. Alors, expliquez aux jeunes quel était leur bilan. Quand les gens sauront leur bilan est-ce qu’ils vont prétendre diriger ce pays ? Ne vous laissez pas impressionner, ni effrayer. Allez au débat sans injures, sans violences, mais le débat politique libre, programme contre programme, bilan contre bilan. Voilà la bataille.
Je suis très calme, c’est pourquoi je laisse les gens s’agiter, mais ils ne trompent personne. La grève des enseignants l’année dernière, il y avait quelque chose derrière. C’était des gens qui pensaient qu’ils peuvent renverser le gouvernement en s’appuyant sur certains militaires. En tête Sano de la PECUD, un petit bandit comme ça-là qui exploite ses travailleurs, qui ne les paient pas. Et qui après n’a pas honte de m’écrire président pardon aide-moi (…). Voilà quelqu’un qui se présente comme combattant et qui dès qu’il y a un petit problème court pour demander pardon. Ils ont pensé qu’ils peuvent compter sur certains militaires pour faire un coup d’Etat. Le chef d’Etat-major de l’armée de terre, de l’armée de l’air, de la marine, car l’armée est une armée républicaine qui est derrière le pouvoir. Ne vous laissez ni intimider, ni rien. Aidez vos camarades à comprendre la réalité de la Guinée (…). Quand on organise le débat, on verra qui est qui. Il faut éviter en Guinée un débat politico-politicien basé sur l’ethnocentrisme.
Soyez prêt à l’affrontement…
Avant-hier on m’a dit que ça ne va pas à Sonfonia, il y a des complots, n’y va pas, moi je m’en fou, j’ai été président de la FEANF, je connais c’est quoi la contestation. Soyez prêts. Si les gens sont prêts pour le débat politique, soyez prêts, si c’est pour l’affrontement, soyez aussi prêts. Voilà. Car quand tu danses avec un aveugle, il faut de temps en temps lui monter dessus pour qu’il sache qu’il n’est pas seul. Le Gouvernement aussi va assurer l’ordre. Nous n’accepterons plus que les gens cassent. Nous assurerons l’ordre. Pourquoi nous avons mis les PA ? (…) Un Etat se doit de protéger ses citoyens et ses biens. Tout le monde est libre. Mais exerce ton droit, ne piétine pas le droit de l’autre. Personne ne fera plus de manifestation pour casser. L’Etat sera là pour faire face (…). Désormais nous allons appliquer la Loi anti casseur.
Et puis chaque fois qu’il y a des morts dans les manifestations, on se précipite pour amener des corps sans passer l’autopsie pour savoir est-ce que c’est une kalachnikov ou est-ce que c’est un fusil de chasse pour comprendre qui a tué. Après on compte les morts. On ne vient pas au pouvoir sur des cadavres. Ceux qui imaginent ça se trompent. En 1993, j’ai gagné les élections, mais j’ai dit que je ne suis pas venu pour gouverner les cimetières, Conté n’a qu’à garder le Pouvoir. Quand on veut travailler pour un peuple, on ne l’envoi pas au cimetière. Voilà égoïstes qui envoient leurs enfants en Europe, aux Etats-Unis, ils sont tranquilles là-bas, pendant ce temps, ils jettent les enfants de pauvres citoyens dans la rue pour se faire tuer. Ne vous laissez pas intimider. On va vous donner les arguments qu’il faut pour organiser les débats et que les masques tombent. Y en marre de ces politiciens corrompus.
Maintenant ce n’est pas le président de la République qui sort, c’est le militant. Je suis prêt à la bataille politique. Est-ce que vous êtes prêts ? « OUI », scande la foule. Alors ne craignez personne. N’ayez peur de personne, pas de violences, pas d’injures, c’est le débat démocratique. Personne en Guinée ne m’empêchera d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut. Que les gens se détrompent. Je suis prêt au débat politique avec n’importe quel acteur politique. (…) Le temps du silence est fini.
Mais je préviens les petits drogués soi-disant reggae-man ou quoi ce lui qui m’insultera (…) de petits drogués qui ne représentent rien et qui se permettent de parler au nom du peuple. S’ils sont sûrs d’eux on n’a qu’à aller devant le peuple. Il va trancher, c’est lui qui dira ce qu’il veut. N’insultez aucun leader politique, ne faites pas de violences, mais n’acceptez pas non plus qu’on vous marche sur les pieds. Si c’est le débat politique, soyez prêts, si c’est pour vous marcher sur les pieds, soyez prêts à marcher sur leurs pieds pour qu’ils sachent que vous n’avez peur de rien. Désormais je serai à votre siège en tant que militant et nous ferons face à ces nains politiques. Des voleurs, des bandits qui se présentent comme leaders du peuple. Quand je viens ici désormais, ça ne sera plus le président de la République, ça sera Alpha Condé militant VOILA « .
Depuis la tenue de ce discours, les réactions ne font que pleuvoir dans le rang des acteurs socio-politiques. Ils qualifient cet aveu du chef de l’Etat comme une sorte de conduire le pays vers chaos.
Mariam Keita pour afriquevision.info
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