Le président congolais a visité mercredi 17 juillet les chantiers lancés à Kinshasa dans le cadre de son programme d’urgence, qui prévoient notamment des sauts-de-mouton sur 9 sites. D’après le chef de l’État, tous les travaux seront terminés d’ici à décembre 2019.
Rond-point Pompage, après un bain de foule à l’entrée du chantier, Félix Tshisekedi se dirige directement vers l’immense échafaudage dressé au beau milieu de la route. En quatre heures d’inspection dans plusieurs communes de Kinshasa, il écoute et pose des questions. À certains endroits, les travaux n’ont pas vraiment évolué.
Benjamin Wenga, directeur général de l’Office de voiries et drainage (OVD), explique que cela dépend notamment de la nature du sol. Il ajoute que certaines études prennent du temps.
« Les travaux que nous sommes en train d’effectuer sont des travaux de spécialité, c’est un peu comme en médecine, les travaux d’opération du cœur », se justifie-t-il. D’après son office, le taux de réalisation sur l’ensemble d’ouvrages est actuellement de 40 %.
Des chantiers à finir avant la fin de l’année
Accueilli par des chants des travailleurs qui réclament de meilleures conditions salariales, Félix Tshisekedi a discuté également avec certains d’entre eux et a sur-le-champ interpellé les Chinois qui dirigent les travaux. « Ce que je vais vous dire, avec gentillesse, c’est que je veux que leurs conditions et de travail et de vie soient améliorées. Parce que vous, vous allez recevoir de l’argent. Cet argent, eux aussi doivent en jouir, parce que c’est eux qui ont travaillé », déclare le président.
À la fin de sa tournée, il se dit soulagé « à la fois par rapport au déroulement des travaux et, aussi et surtout, par rapport aux solutions à trouver pour embêter moins les automobilistes ». Selon le nouveau calendrier, les sauts-de-mouton visités devront tous être inaugurés avant la fin 2019.
La construction de maisons confiée à un gérant unique
Dans le même temps, la société civile, elle, s’inquiète de marchés attribués de gré à gré pour des dizaines de millions de dollars dans le cadre du programme d’urgence – les sauts-de-mouton n’en constituent qu’une partie. Au cœur des craintes, on trouve notamment la construction de 4 500 maisons préfabriquées dans cinq provinces du pays, vendues par la société turque Karmod.
Avec le programme des 100 jours, l’homme d’affaires d’origine libanaise Jammal Samih a en effet obtenu deux contrats pour un montant de plus de 114 millions de dollars pour deux de ses sociétés, Samibo et Husmal. Ce qui interpelle la société civile, c’est que non seulement ces contrats sont trop importants pour être signé de gré à gré – exorbitants même, chaque maison revient 19 000 dollars l’unité –, mais aussi qu’ils sont attribués à deux sociétés récentes créées par le même gérant.
Une attribution illégale ?
Pour les ONG congolaises, l’attribution de ces marchés est même illégale au regard du manuel de procédures de passation de marché. Mais pour le comité de suivi du programme d’urgence mis en place par la présidence, ce qui compte, c’est le résultat.
Si les deux sociétés sont récentes – Samibo a été créée le 8 août 2018 et Husmal le 25 avril 2019, Jammal Samih serait un entrepreneur expérimenté qui a participé en son temps à la réhabilitation de la radio et télévision nationale.
Sur les deux contrats, l’un aurait été hérité de l’époque de Joseph Kabila. Pour le deuxième signé en juin dernier, la présidence dit ne pas avoir eu le choix, Husmal étant devenu le représentant exclusif en RDC de ces maisons préfabriquées.