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Edito/Guinée : Il faut aller à la prochaine élection présidentielle

Incontestablement, une très forte majorité de Guinéens est favorable à l’alternance politique dans le pays. Tous les observateurs conviennent que dans toutes les préfectures et sous/préfectures de toutes les régions du pays, nulle part le régime du Professeur Alpha Condé ne peut gagner une élection libre et démocratique. Et la raison est bien simple : en dix années, malgré des investissements importants, notamment dans les domaines des infrastructures routières et de l’Energie, les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Plus encore, la corruption, la dégradation du climat sociopolitique ont connu des développements inquiétants. Davantage que sous les anciens régimes guinéens, l’ethnocentrisme a guidé de nombreuses décisions gouvernementales. Le plus gros échec du Président Alpha Condé c’est cette montée de l’ethnocentrisme, avec cette voiture qu’il a toujours préféré faire rouler à trois roues. Pourquoi lui, le plus intellectuel de tous les présidents que la Guinée a connus et qui plus est n’a pas de souche ethnique guinéenne, a-t-il fait de ce poison son arme politique une fois installé dans le fauteuil présidentiel ?

La Guinée a besoin de changements à tous les niveaux : de la Présidence de la République aux chefs de quartiers. La continuité dans le changement ? Impossible car, faire toujours la même chose, même avec de nouvelles forces humaines, intellectuelles et entreprenantes, ne donnera que les mêmes résultats. C’est la tête (Président) et ses principaux membres (Gouvernement et Parlement) qu’il faut changer. Le Chef de l’État guinéen, Alpha Condé, a eu tout ce qu’il fallait pour faire de la Guinée un pays en construction. Lui qui, durant des années, avait ses quartiers à Abidjan, Dakar, Ouagadougou a pu se rendre compte comment ces villes se sont métamorphosées. En prenant les commandes de la Guinée, au lieu de chercher à être un Obama ou Nelson Mandela, il aurait dû simplement s’inspirer des réalisations du Président Abdoulaye Wade du Sénégal (mars 2000 – avril 2012), ne serait-ce que pour changer le visage du Grand Conakry. Hélas !

Les chefs politiques du Fndc sont obligés d’aller à la présidentielle

Le FNDC a commis deux erreurs principales. La première, c’est d’avoir boudé, en septembre 2019, le dialogue conduit par la Primature pour lancer le processus de changement constitutionnel. C’était un rendez-vous à ne pas bouder. Les leaders du Fndc auraient dû y envoyer une délégation pour démontrer, qu’à la lumière des résultats des dernières élections communales (4 février 2018) organisées par le pouvoir, qui a s’est fabriqué des scores lui évitant la déroute, il apparaît qu’ils sont fondés de dire que la majorité des guinéens est contre le changement constitutionnel. La deuxième erreur, c’est la non-participation aux législatives. C’est vrai que cette absence a été décidée par le Président Alpha Condé. Si la Cedeao qui a été interpellée avait acceptée d’étudier légalement le dossier, ce double scrutin aurait été annulé. Le Fndc dit-il ses vérités aux chasseurs de primes de la Cedeao, comme les a qualifiés Adama Guèye, un de ses anciens directeurs de la Communication ?

En rangs soudés, le Fndc doit pouvoir préparer sa participation à la prochaine élection présidentielle. Et pour gagner cette élection, chaque dirigeant politique du mouvement devrait mesurer ses chances. Car, en dehors de Sidya Touré et de Cellou Dalein Diallo, ils devraient comprendre que leurs chances de gagner sont très minimes. Et que donc, ils devraient privilégier la formation de coalitions autour de ces deux leaders et convenir de moyens pouvant empêcher le vol des suffrages au bénéfice du candidat de la Mouvance présidentielle. Il faudrait que les formations politiques du Fndc signent une entente pour que chacune ait la responsabilité d’appliquer le plan de surveillance des résultats, conformément à l’article 85 du Code électoral promulguée par le président Alpha Condé.

Nelson Mandela disait…

Le premier président Noir de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, disait un jour : “quand les gens sont déterminés, ils peuvent tout surmonter“. Le Fndc a mobilisé de nombreuses fois des gens déterminés pour empêcher le coup d’État constitutionnel. Au Mali voisin, l’Opposition a mobilisé moins de monde mais est parvenu, avec beaucoup moins de manifestations, à obtenir le départ du président élu Ibrahim Boubacar Keïta. Les analystes sont unanimes à souligner que “ce qui a fait la différence, c’est qu’au Mali l’Armée est républicaine alors qu’en Guinée, l’Armée et les forces de sécurité sont une milice gouvernementale“.

Pour renverser cette situation, selon un analyste “il faudrait que l’Opposition guinéenne ait une stratégie pour sortir son électorat. Le gouvernement a déjà envoyé partout à travers le pays ses missionnaires pour corrompre des électeurs et surtout préparer le terrain pour fabriquer des résultats favorables à son candidat, que celui-ci soit Alpha Condé ou quelqu’un d’autre. Les populations, à commencer par celles de la Haute-Guinée, veulent l’alternance. Plutôt que de manifester à Conakry, il faudrait surtout rechercher les moyens de mobiliser dans chaque sous/préfecture des ressortissants locaux qui seront des mobilisateurs qui iront expliquer le défi à relever“.

Pour cet analyste, “un accord de partage du pouvoir devrait être signé entre les coalitions qui seront formées par les partis de l’Opposition membres du Fndc. Cet accord devrait préciser que des élections législatives seront organisées au plus tard deux semaines après l’élection présidentielle. Ces législatives seront couplées à un référendum pour adopter une Constitution. Comme cela, le président élu prêtera serment sur cette Constitution“.

Vu que le Fndc, n’a pas de chances d’obtenir un fichier électoral consensuel, comme l’a suggéré un Juriste, il devrait demander à la Cedeao et au reste de la Communauté internationale la signature d’un protocole de suivi de l’élection qui obligera la Céni à remettre à chaque représentant de parti, dans chaque bureau de vote, le procès-verbal des votes. Et qu’il soit dit que partout où cela ne sera pas le cas, les votes soient annulés purement et simplement. Ce qui empêchera le bourrage des urnes par les administrateurs territoriaux.

 

Par Ibrahima Sory BALDÉ in guinafnews.info

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