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Crise malienne : réactions croisées d’acteurs sociopolitiques guinéens

Les avis et commentaires sur le coup d’Etat opéré contre le régime du président malien IBK, prouvent la véracité du dicton selon lequel «le Mali est la Guinée sont deux poumons d’un même corps». Lisez !

La situation au Mali est commentée en Guinée selon que l’on soit du côté du pouvoir ou de l’opposition. Pour le président du parti Fidel allié à la mouvance présidentielle, la situation au Mali est préoccupante.

«C’est une situation encore très inquiétante avec les djihadistes au nord du Mali qu’on n’arrive pas à éradiquer depuis 8 ans. Il faut reconnaitre qu’IBK n’est pas exclusivement responsable de tout cela parce que cela a commencé depuis le 7 janvier 2012 à la fin du mandat d’ATT. Jusqu’à présent, le problème n’est pas réglé. Donc, on ne peut pas mettre tout cela en charge du président actuel», commente Mohamed Lamine Kaba, leader du parti Fidel, député et candidat malheureux à l’élection du président du Parlement guinéen.

«Le Mali est le pays qui nous sépare du terrorisme qui sévit dans le Sahel», fait remarquer le député Kaba. «S’il n’y a pas de stabilité dans ce pays, cela va forcément avoir des répercussions sur nos pays. C’est pourquoi, il faut se battre pour que la paix s’instaure dans ce pays. (…) La situation au Mali est liée à la question djihadiste, la frustration des maliens par rapport à la gestion du terrorisme au Nord ainsi que les dernières élections législatives», contestées par une partie de l’opposition au régime IBK et de la société civile malienne.

Responsabilité de la Cedeao

Président du Parti du renouveau et du progrès (PRP), Rafiou Sow, par ailleurs membre du Fndc, trouve des similitudes entre la crise malienne et la crise guinéenne. «A la seule différence que le président IBK était en cours de son second mandat, dit-il. En Guinée, nous nous battons contre un 3e mandat d’Alpha Condé».

«Nous savons que ce qui se passe au Mali aura un impact dans la Cedeao. Les Chefs d’Etat de la sous-région n’ont pas pris la peine d’appliquer la Charte de l’Union africaine en matière de démocratie vis-à-vis de ce pays qui était en crise. Mais ils ont attendu qu’il y ait eu des morts avant de s’intéresser à la crise malienne. C’est comme le cas en Guinée où il y a eu plus de 200 morts. Vous vous souvenez que la Cedeao avait pris une résolution pour condamner le peuple malien qui manifestait contre la mal gouvernance. J’accuse la Cedeao d’être responsable de ce qui se passe au Mali parce qu’ils n’ont pas pris leur responsabilité à temps».

En ce qui concerne la résolution de la crise guinéenne, l’opposant doute de la sincérité de la Cedeao de par son attitude sur le cas malien. «Nous sommes républicains, respectueux des vertus et principes de la démocratie, et c’est pour cela qu’à chaque occasion nous comptons sur la Cedeao pour résoudre la crise en Guinée», argue M.Sow.

Le leader du PRP relativise en ces termes: «Mais, aujourd’hui, vu ce qui se passe au Mali, en Côte d’ivoire et en Guinée, nous pensons que la Cedeao et l’Union africaine sont incapables de jouer leur rôle. C’est ce qui nous amène à douter de leur engagement pour l’instauration de la démocratie et de favoriser l’alternance en Afrique. Aujourd’hui, le peuple guinéen risque de faire comme les maliens et prendre ses responsabilités pour récupérer le pouvoir qu’il a confié à Alpha Condé pour deux mandats. Il est du devoir du peuple guinéen de compter désormais sur lui-même  pour réussir ce noble  combat».

Activiste de la Société civile et présidente de la Coalition des femmes leaders de Guinée (Cofel), Mme Yansané Fatou Baldé, affirme que le coup d’État contre IBK «donne toujours un pas de gagné pour les djihadistes basé au Nord-Mali. On a vu lorsqu’il y a eu le coup d’Etat en 2012, ils sont pratiquement arrivés aux portes de Bamako. Forcément, cela aura des impacts sur le plan sécuritaire. Mais cela aussi doit interpeller ces présidents civils qui s’appuient sur les armées pour réprimer les populations et qui tripatouillent la Constitution pour se maintenir de force au pouvoir». L’activiste ajoute: «Autant les coups d’Etat sont révolus, autant  manipuler les textes pour se maintenir au pouvoir est révolu. Le coup d’Etat survient toujours après l’échec de la solution politique qui donne l’appétit aux militaires».

Les francophones à l’index

«Les pays francophones d’Afrique de l’Ouest sont des pays à problème» dont les chefs d’État n’arrivent pas à se départir du diktat de la France, fait observer Mme Yansané.

«Ils sont là à se trouver des alliés hors du continent. Ils asservissent leurs peuples. Vous savez, Alpha Condé n’est pas un bon exemple tout comme Alassane Ouattara, Faure Gnassingbé non plus».

Dans les pays anglophones et lusophones, l’alternance par les urnes est devenue une réalité. «Contrairement aux pays francophones qui sont devenus des sous-préfectures de la France», regrette l’activiste.

La France appelle au retour à l’ordre constitutionnel au Mali. Les chefs d’Etat de la Cedeao demandent de rétablir IBK. Face à cette situation inédite, Mme Yansané Fatou Baldé soutient que «la question aujourd’hui c’est comment passer le pouvoir à un autre, mais pas de réhabiliter IBK».

Elle en veut pour preuve, que le «putsch est consommé». Et ce serait «suicidaire»  si les putschistes maliens «acceptent de remettre ce même homme au fauteuil» contre la volonté du peuple qui a fêté sa victoire sur le régime corrompu d’IBK le 21 août de la semaine dernière.

Toutefois, à la question de savoir s’il y a espoir d’alternance avec Alpha Condé en Guinée, Fatou Baldé exprime des doutes. «Nous avons un président (Alpha Condé en fin de second quinquennat) qui ne respecte pas sa parole», et ne réalise pas ses promesses électoraux, analyse l’activiste.

«Entre ce qu’il dit et ce qu’il fait c’est comme le jour et la nuit». Fatou Baldé Yansané dit n’avoir aucun espoir quant à la possibilité pour le président Condé de prendre «de la hauteur» et chercher à entrer dans le cercle des «grands hommes, aux  grandes âmes» comme Mandela.

 

Par Le Populaire

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