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COP28 à Dubaï : Oxfam épingle les ultra-riches dans le réchauffement climatique

C’est un rapport qui tire la sonnette d’alarme. À l’ère où la planète se porte de plus en plus par les activités humaines, l’ONG Oxfam publie un document dans lequel, il pointe les super-riches d’être à l’origine d’une grande partie de la destruction de l’environnement. Nos confrères de 20minutes rapportent que l’organisation non gouvernementale accuse ces détenteurs de multinationales d’émetteur plus de gaz à effet de serre que les pauvres.

À six jours de la COP28, l’ONG s’est penchée sur l’empreinte carbone liée aux consommations des super-riches, qui émettent autant de CO2 que 66 % des 5 milliards d’humains les plus pauvres. Un plaidoyer pour un ISF climatique

La fortune d’Elon Musk était évaluée au premier semestre 2023 à 247 milliards de dollars. Oxfam propose de mettre à contribution les « super-riches » dans la bataille climatique.

La fortune d’Elon Musk était évaluée au premier semestre 2023 à 247 milliards de dollars. Oxfam propose de mettre à contribution les « super-riches » dans la bataille climatique. — Jacquelyn Martin

Les 1 % de super-riches ont émis en 2019 l’équivalent des émissions de 66 % des plus pauvres de l’humanité. Soit 5 milliards de personnes. A l’inverse, la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’est responsable que de 8 % des émissions.

Ces statistiques sont du Stockholm Environment Institute (SEI) et d’Oxfam, qui publient ce lundi un rapport sur le dérèglement climatique et les inégalités extrêmes, « deux crises qui s’alimentent mutuellement et à combattre de front ».

A dix jours de la COP28, Oxfam rappelle la nécessité de changer de logiciel dans la façon de lutter contre le changement climatique en s’attaquant prioritairement à ces super-riches. L’ONG met notamment sur le tapis trois propositions de taxes, dont celle d’un impôt sur la fortune climatique.

  • Les 1 % de super-riches ont émis en 2019 l’équivalent des émissions de 66 % des plus pauvres de l’humanité. Soit 5 milliards de personnes. A l’inverse, la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’est responsable que de 8 % des émissions.
  • Ces statistiques sont du Stockholm Environment Institute (SEI) et d’Oxfam, qui publient ce lundi un rapport sur le dérèglement climatique et les inégalités extrêmes, « deux crises qui s’alimentent mutuellement et à combattre de front ».
  • A dix jours de la COP28, Oxfam rappelle la nécessité de changer de logiciel dans la façon de lutter contre le changement climatique en s’attaquant prioritairement à ces super-riches. L’ONG met notamment sur le tapis trois propositions de taxes, dont celle d’un impôt sur la fortune climatique.

En 2019, les 1 % de super-riches ont été responsables de 16 % des émissions mondiales de carbone, soit l’équivalent des émissions de 66 % des plus pauvres de l’humanité. Autrement dit, 77 millions de personnes ont émis autant que 5 milliards d’autres. Le gouffre est encore plus marqué si on ne s’intéresse qu’aux 0,1 % les plus riches, soit 770.000 multimillionnaires et plus sur Terre. Ils émettent autant que 38 % des plus pauvres, soit 2,9 milliards de personnes. A l’inverse, la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’est responsable que de 8 % des émissions.

Ce sont les chiffres forts du nouveau rapport que publie ce lundi Oxfam sur les inégalités climatiques, à dix jours du début de la COP28 à Dubaï. Avec le Stockholm Environment Institute (SEI), l’ONG s’est penchée sur le dérèglement climatique et les inégalités extrêmes, deux crises « qui s’alimentent mutuellement », estime Oxfam.

Une empreinte carbone 77 fois trop importante pour les 0,1 % les plus riches

Ce nouveau rapport est une mise à jour de celui publié en 2020 par Oxfam, remémore Alexandre Poidatz, responsable plaidoyer climat et énergie de l’ONG et coauteur. « Entre 1990 et 2015, les 10 % les plus riches (environ 630 millions de personnes) étaient responsables de 52 % des émissions de CO2 cumulées », calculait alors l’ONG.

Les écarts ne se sont pas réduits depuis, et les émissions de consommations annuelles des plus riches sont encore loin d’être alignée avec le niveau qu’il nous faudrait tous atteindre, d’ici à 2030, pour être sur une trajectoire compatible avec une limitation du réchauffement à 1,5 °C en 2030. Soit 2,8 tonnes de CO2 par an. En 2019, ces 10 % les plus riches (770 millions de personnes) – parmi lesquels figurent 55 % des Français, précise Alexandre Poidatz – avait encore un niveau moyen d’émissions neuf fois supérieur. Pour les 1 %, il l’est même 27 fois. Et pour les 0,1 %, 77 fois.

Une « triple crise » dont les moins responsables sont en première ligne

Et on ne s’intéresse ici qu’aux émissions liées à nos consommations. « Les inégalités sont encore plus importantes si on prend en compte les investissements des super-riches, souvent dans des activités polluantes », indique Alexandre Poidatz. En 2022, Oxfam avait analysé les investissements de 125 milliardaires et constaté qu’en moyenne, ils émettaient 3 millions de tonnes d’équivalent CO2 (eqCO2), plus d’un million de fois la moyenne d’une personne appartenant aux 90 % les plus pauvres de l’humanité.

« On est face à une triple crise dans laquelle ce sont les plus précaires, pourtant les moins émetteurs, qui sont le plus impactés par le réchauffement climatique », résume Alexandre Poidatz. Dans une étude de 2021, les Nations Unies observaient une multiplication par cinq des catastrophes liées au climat et estimaient à plus de 91 % la part des décès liés à ces catastrophes survenant dans des pays en développement. « Ce rapport que nous publions aujourd’hui veut rappeler que ces catastrophes qu’on dit « naturelles » ne le sont pas tant, reprend Alexandre Poidatz. Elles sont avant tout liées aux structures économiques. Plus elles sont inégalitaires, moins la richesse est répartie, et moins il est possible de faire face aux impacts du dérèglement climatique. »

Infographie Oxfam – Infographie Oxfam

« Changer de logiciel » en mettant à contribution « le haut du panier »

C’est le message politique de ce nouveau rapport, qui appelle à changer le logiciel.  « En faisant porter les efforts avant tout sur le haut du panier, insiste le responsable plaidoyer climat d’Oxfam. La bonne nouvelle, justement, c’est que plus on est riche, plus il est facile de réduire ses émissions. » Pour l’ONG, cela implique notamment de prendre le contre-pied des taxes sur la consommation. Comme la taxe carbone, qui avait déclenché la crise des « gilets jaunes » en France. « Elles sont souvent inégalitaires et pèsent sur des achats qui peuvent être essentiels et sans alternative décarbonée pour une grande partie de la population, pointe Alexandre Poidatz. Comme se rendre au travail en voiture. »

À  la place, Oxfam appelle à miser bien plus sur le principe « pollueur-payeur » et propose l’instauration de trois taxes ciblant les plus riches. Sa proposition phare : l’instauration d’un impôt sur la fortune (ISF) climatique. En clair, un impôt sur la fortune des multimillionnaires et milliardaires dont les recettes serviraient à financer la transition dans le monde. En parallèle, l’ONG pousse pour un impôt sur le revenu de 60 % sur les revenus des 1 % les plus riches. Ou encore un impôt sur les superprofits des sociétés. « 722 des plus grandes entreprises du monde ont engrangé plus de 1.000 milliards de dollars de profits par an ces deux dernières années », rappelle le rapport. « Ces trois taxes pourraient rapporter plus de 9.000 milliards de dollars qui serviraient à bâtir un monde plus vert et égalitaire », calcule l’ONG.

La COP28 pour avancer ?

Un argument de poids à ressortir à Dubaï ces prochains jours ? A cette COP28, « l’objectif principal sera d’aboutir à un accord mondial sur la sortie rapide et équitable de toutes les énergies fossiles [pétrole, gaz, charbon], commence Guillaume Compain, chargé de plaidoyer Climat à Oxfam France. Mais cet accord – très loin d’être gagné – n’est pas tout, il faut aussi se préoccuper des capacités financières à tous les étages pour réussir cette sortie. » On en revient à l’enjeu de « justice climatique », au cœur des dernières COP, notamment avec la promesse des pays du Nord de réunir chaque année, à partir de 2020, 100 milliards d’euros pour la transition énergétique des pays du Sud. On n’y est toujours pas, « même si la somme pourrait enfin être réunie cette année », poursuit Guillaume Compain. Quoi qu’il en soit, ces 100 milliards ne sont qu’une petite partie des montants à mobiliser pour réussir la transition énergétique. Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) les évaluait cet été à 1.900 milliards de dollars par an à l’horizon 2030. S’ajoutent les volets « adaptation » et « pertes et dommages » (réparation des dégâts déjà réels et inévitables) où, là encore, les besoins s’expriment en milliers de milliards.

Dans ce contexte, les 9.000 milliards que pourraient rapporter les trois taxes prônées par Oxfam ne seraient pas de trop. C’est ce qu’attend alors Guillaume Compain de cette COP28 : « qu’elle acte au moins la nécessité de trouver des sources de financement additionnelles, espère-t-il. Et au-delà des négociations officielles, Emmanuel Macron a annoncé le 6 novembre dernier le lancement d’une « task force », animée par la France et le Kenya, sur ce sujet des taxations internationales sur le climat. Le lancement devrait se faire à la COP28. On attend beaucoup de cette « task force » et de l’élan qu’elle pourrait créer. »

 

Avec 20minutes.fr