- À la Une, Économie

CNP-Guinée : le président Elhadj Habib Hann n’entend pas se laisser distraire

Ces dernières semaines ont été intensément marquées par des guéguerres par voie de presse interposée des deux camps qui s’affrontent pour le contrôle du leadership à la tête du conseil national du patronat guinéen. Cette bataille qui s’apparente désormais à la lutte de la raison contre l’obstination a atteint un autre niveau.

Alors qu’à l’issue de la convocation du congrès par les fédérations patronales à la base et la tenue dudit congrès le 10 décembre 2016, qui a élu Habib Hann à la tête du CNP- Guinée, le camp de kaba Guiter semble toujours inscrit dans la négation. Cette situation a atteint son paroxysme à l’occasion de la tenue de l’atelier du BIT sur l’emploi, organisé à Conakry ces 22 et 23 février où des membres du patronat favorables au président ont été expulsés de la salle de conférence. Nous avons rencontré Elhadj Habib Hann, le président du CNP-Guinée qui nous a livré ses appréciations.

Le congrès du 10 est celui qui prévaut

Habib Hann nous a expliqué au cours de ce long entretien que la FOPAO n’était pas au courant de toute la situation que prévalait au sein du patronat guinéen CNP- Guinée.

« C’est dans ce contexte que le camp de Kaba Guiter a envoyé des courriers indiquant que la crise est terminée, que kaba guiter et Sékou Cissé ont signé un accord alors qu’entretemps, il y a eu l’élection du 10 décembre qui m’a porté à la tête du patronat » explique-t-il.

Lors de ce congrès qui m’a porté à la tête du CNP, Sékou Cissé était candidat. Il a perdu les élections et c’est un mois après, voyant la nouvelle donne, qu’il décide de signer un protocole d’accord avec kaba Guiter. Alors que le même Sékou Cissé criait sur tous les toits l’illégitimité du congrès tenu par le camp de kaba Guiter, qui a été annulé par la justice. Je l’ai dit et redis, cette signature de ce protocole n’engage que les deux personnes qui ont signé ; cela n’engage aucunement le patronat, parce qu’ils sont allés signer un protocole au mépris des textes, pour ensuite se partager des sois-disants postes alors qu’ils ont été invités en bonne et due forme à participer au congrès électif du 10 décembre.

Ce congrès, tout le monde était informé de sa tenue, y compris Sékou Cissé et kaba Guiter. L’information a été passée un mois avant, donc ce n’est pas après la tenue du congrès que les deux vont décider de signer un protocole d’accord, en s’appuyant sur des relations avec le pouvoir et les pouvoirs publics pour faire un passage en force.

Le courrier de Damantang

« Dans le courrier que Damantang a écrit à la Fopao pour trancher ce litige, il a carrément occulté la tenue du congrès du 10 décembre, vous voyez la situation et même l’OIE n’était pas au courant de la nouvelle donne au sein du CNP Guinée, c’est à dire l’élection du 10 décembre qui m’a élu. C’est à mon retour que nous avons envoyé les courriers à tous ces organismes et je précise que la FOPAO n’est pas le pouvoir de trancher sur, qui a raison ou tort.

Par rapport au courrier de l’OIE soi-disant qui légitimerait le camp de kaba Guiter, ce courrier, nous avons vérifié, il n’a jamais été envoyé par cet organisme en question. Nous avons pris attache avec eux pour nous renseigner, mais ils ne nous ont pas confirmé ou reconnu avoir envoyé un courrier de ce genre en Guinée et les termes dans lesquels ce courrier est rédigé en disent long sur sa provenance. Même l’OIE n’a pas vocation à trancher le litige nous opposant, mais ne peut que donner son avis sur la question.

L’atelier du BIT

Par rapport à l’atelier, il est organisé par le BIT chaque année et est destiné à la formation. Normalement, toutes les fédérations devraient y prendre part, c’est-à-dire les 42 fédérations, les 25 anciennes plus les 17 nouvelles fédérations. Mais ils ont voulu être seuls à cet atelier, alors que tout le monde pouvait prendre part. Lorsque j’ai senti les risques de confrontation, je n’ai pas voulu venir très top, j’attendais de voir la tendance pour éviter le scandale. Nous sommes dans une dynamique de sotie de crise, je ne voulais pas que les gens aient le sentiment que mes hommes viennent semer la pagaille. Alors que des membres de plusieurs fédérations patronales sont déjà dans la salle en l’occurrence Elhadj Daye de la fédération du tourisme, Docteur Manizé de la fédération des pharmaciens entre autres, c’est alors que Sékou Cissé vient ordonner de les sortir de la salle sous motif qu’ils vont semer la pagaille. Alors Cissé prend son téléphone pour dire après que c’est le premier ministre qui a donné l’ordre de les sortir ; c’est alors qu’ils m’ont appelé pour m’informer, ils ont envoyé des policiers pour dire à Madame Baldé de sortir. Ils ont vu que ça ne marchait pas et cette cacophonie à pousser les éléments du BIT à retourner dans leurs chambres d’hôtel. Moi j’ai cherché à éviter le scandale. Dans la salle, il n’y avait que 6 fédérations sur 42, Comment pouvez-vous imaginer un atelier qui se tienne sans les structures patronales, par exemple l’ordre des médecins, l’ordre des avocats, des artisans, etc… n’aient pas accès à la salle.

 

Le Président Diagou avait un discours écrit et voyant la tension palpable, il a tenu un discours rassembleur malgré tout. Invitant les uns et les autres à s’unir pour faire marcher le patronat guinéen car ce dernier est en train de perdre des opportunités avec ces clivages.

Rencontre avec le président du FOPAO

Le Président Diagou m’a dit qu’il ne comprend pas la Guinée, chaque fois, il y a des problèmes et pourquoi il y a trois patronats ? Il m’a dit qu’en Côte d’Ivoire, le chef de l’État ivoirien ne peut prendre de décision sans l’y associer parce que là-bas le patronat est organisé. C’est à cette occasion qu’il m’a dit qu’il a été invité par le bureau de Dakar pour venir assister au lancement de l’atelier et il m’a demandé, avec cette cacophonie comment ça va se passer ? Je l’ai rassuré que tout ira bien. Je lui ai promis que de mon côté, je ferai en sorte que tout le monde garde la sérénité et qu’il ait le calme.

Le litige

Ni la Fopao, ni l’OIE, ni le BIT ne peuvent trancher car ce n’est pas leur rôle, ils ont déclaré qu’ils ne sont pas des tribunaux. Ils ne tranchent pas pour l’un ou pour l’autre, c’est purement interne au patronat, ce sont les fédérations patronales qui m’ont donné ma légitimité, rien d’autres. Ce que nous avons à faire, c’est de les informer de l’élection du nouveau bureau et sa composition.

Nous avons eu un congrès électif qui est normal, qui est correct, rien ne peut l’annuler, ni la Fopao, ni l’OIE. Actuellement ce qu’ils peuvent faire, au pire c’est de suspendre la Guinée jusqu’à la résolution du problème, c’est ce qu’on veut éviter. Mais ils ne peuvent pas dire qu’ils ont choisi un camp par rapport à un autre. si par exemple demain matin on fait une élection, on choisit quelqu’un ils sont obligé de le prendre, c’est une règle, la seule chose qu’il y a ce qu’ils savent que le gouvernement n’a pas à se mêler des affaires patronat.

La justice

Par rapport aux déclarations du ministre de la justice sur l’élection de kaba Guiter qu’il a qualifié de nulle et de non avenue, Habib Hann s’interroge.

Je ne vois pas comment le gouvernement pourrait cracher et ravaler en même temps. Le congrès qui a élu Guiter s’est tenu dans des conditions illégales donc à partir du moment où le gouvernement, le ministre de la justice, Damantang ont tous déclaré que ce congrès-là est nul, c’est suite à cela que les fédérations se sont réunis pour dire qu’il faut qu’on sorte de cette crise. Ils ont tenu une assemblée générale, ils ont convoqué un congrès, celui-ci a eu lieu et l’élection a été faite légalement au vu et au su de tout le monde. Un mois après, les gens viennent signer un protocole d’accord pour aller au tribunal dire qu’on a homologué. Ils prennent la police pour aller sortir des fédérations à un atelier organisé par le BIT, c’est quoi cette pagaille ? En disant à l’OIT et au BIT que c’est fini, nous avons résolu la crise ? En ignorant un bureau qui a été élu.

C’est eux qui cherche à être légitimer, le tigre ne proclame pas sa tigritude, ils savent qu’il y a un congrès qui m’a élu avec un nouveau bureau, ils sont en train de se battre pour être légitime, mais les gens de l’OIE et autres ont compris qu’il y a des problèmes, ils ne peuvent être observateurs, ils ne peuvent pas trancher.

Ils ne peuvent pas avoir seulement six fédérations avec eu sur 42 fédérations pour prétende diriger toutes les fédérations et chercher à copter les autre ça ne se passe pas comme ça.

Nous avons attaqué à la cour, le protocole d’accord qui a été homologué. Cela s’appelle en terme juridique, une tiers opposition. L’audience a eu lieu, le jugement été renvoyé. Ils ne peuvent pas homologuer un protocole et l’imposer aux autres. Ce protocole n’engage aucunement le CNP-Guinée.

C’est-à-dire que même la méthode qui devrait permettre à kaba Guiter de rentrer dans la procédure n’a pas été respectée. Le conflit oppose à la base Mamadou Sylla et Sékou Cissé donc kaba Guiter n’était pas dans la procédure car le conflit opposait les deux premiers. Kaba Guiter est venu signer ce protocole et dire qu’il rentre dans la procédure pour que ce dernier soit homologué. Or en matière de droit la loi est claire pour rentrer dans une procédure, la loi a défini des règles. Ils n’ont respecté aucune règle, ils se sont précipités pour faire des écrits et déposer au tribunal, donc il y a illégalité et vice de procédure en même temps. Notre bureau qui a été élu, le tribunal ne peut pas l’invalider sous aucun prétexte.

Laisser un commentaire