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Au secours ! Ratoma en otage, Conakry aussi !

Cela fait 8 ans maintenant que les habitants des quartiers riverains de l’autoroute Le Prince sont pris en otage et terrorisés dans un désordre total et permanent, provoqué par des manifestations politiques chroniques et systématiquement violentes, qui se transforment souvent en guérilla urbaine entre les manifestants et les forces de l’ordre. 

Ce désordre nous coûte la vie de nos compatriotes, leur santé, leurs biens matériels (véhicules personnels ou de transport en commun, commerces, et domiciles vandalisés…). Il nous coûte aussi l’image et la crédibilité de notre pays (une instabilité politique et sociale permanente dissuadant les investissements étrangers.), et ses répercussions néfastes sur l’économie nationale, qui se porte déjà très mal.

L’Etat, garant de l’ordre et la sécurité, a cessé d’exister pour ces citoyens, qui subissent désormais la seule « loi » des jeunes militants politiques, essentiellement manœuvrés par le parti UFDG de Cellou Dalein Diallo dans sa stratégie de conquête du pouvoir, pour qui la fin semble justifier les moyens désormais, quitte à utiliser consciemment des méthodes menant vers le chaos, et remettre systématiquement en cause les autorités et institutions étatiques, surtout sur l’encadrement légal de la liberté de manifestation.

Pourtant, dans toute démocratie, même celles qui sont solidement établies, cette liberté rime toujours avec le devoir de maintien de l’ordre public. C’est pourquoi, son exercice est généralement soumis à une obligation de déclaration préalable, qui permet aux autorités publiques d’évaluer les risques de trouble à l’ordre public, ensuite, prendre des mesures qui s’imposent.

Cette évaluation porte sur le motif, la date, la durée et l’itinéraire de la manifestation ainsi que le dispositif de coordination ou d’encadrement dont dispose les organisateurs, après cette évaluation, les autorités publiques peuvent demander des modifications concernant l’un ou plusieurs éléments cités (Date ; trajectoire ; durée…) ou interdire simplement la manifestation, si les autorités publiques estiment que la manifestation projetée est de nature à troubler l’ordre public.

Or, on voit clairement que si Cellou décide de manifester, peu importe la décision des autorités publiques, il manifestera comme il veut, quand il veut, où il veut et au tant qu’il, au risque de nuire gravement à la liberté des autres citoyens y compris ses propres électeurs, qui ne partagent pas sa méthode, ce qui fait de lui un manifestait hors-la-loi.

De l’autre côté, on a le sentiment profond que l’Etat a failli à sa mission régalienne de maintien de l’ordre et la sécurité dans la cité, notamment sur l’axe Sonfonia-Bambéto-port. Or un gouvernement n’a pas lieu d’exister s’il devient incapable de protéger la vie et les biens de sa population. Il est difficile d’affirmer que cette faillite ait été cyniquement planifiée comme une stratégie de conservation de pouvoir par la discrétisation de l’adversaire, c’est-à-dire, laissons-lui aller dans le mur et nous en tirerons profit. Mais le résultat est là, le désordre, la violence ’anarchie dans la cité, donc un échec pour tout le monde.

Le plus choquant dans cette situation ! C’est l’indifférence des uns et la démagogie des autres. Comme si tout cela était le jeu démocratique normal ou la rivalité politique classique entre une majorité et une opposition. Non ! Non ! Si rien n’est fait, le chaos n’est plus loin de nous ! Chers Compatriotes. Nous devons être suffisamment intelligents dans un cirque, pour distinguer ce qui est le jeu de simulation classique entre l’animal de cirque et son dresseur et le moment où ce dernier perd le contrôle de son animal, c’est comme ça que nous pourrons sauver toute l’arène.

Pour ma part, je suis pour l’alternance politique et démocratique basée sur la confrontation idées et des projets, car cela enrichit notre pays. Mais je suis absolument contre les méthodes machiavéliques de conquête du pouvoir, c’est-à-dire le pouvoir à tout prix ; pour la liberté de manifester contre le désordre et la violence permanente dans la cité ; pour l’Etat de droit, contre la remise en cause systématique de nos institutions et nos lois, car un Etat, c’est ses lois et institutions, aussi imparfaites soient elles !

Il est urgent de mettre en place une politique de reconquête de quartiers perdus, pour le bien-être des habitants de commune de Ratoma et usagers de l’autoroute Le Prince, dont la grande majorité ne souhaite que de vivre en paix, de pouvoir circuler librement et d’avoir une scolarité normale pour leurs enfants.

Nous devons d’abord sauver l’essentiel, c’est-à-dire la paix civile. Ensuite, le débat politique intelligent et constructif peut continuer. C’est la responsabilité de l’Etat.

En 2007, les guinéens ont été témoin d’un acte courageux et responsable de président Lansana Conté, quand nous nous sommes levés comme un seul homme pour dire non à la corruption, non à l’injustice économique et sociale, nous sommes allés jusqu’au bord de chaos. Conscient du danger, président conté a immédiatement décrété « l’Etat de siège », une décision qui a permis de sauver l’essentiel. Nous sommes conscients que la nature et le contexte sont très différents, mais l’inaction dans les deux cas aboutit à la même conséquence.

La reconquête républicaine pour laquelle nous plaidons doit passer d’abord par le renseignement, pour identifier et démanteler les réseaux en toute légalité. Ensuite, la réinstauration complète de l’Etat dans ces localités. Enfin, des politiques publiques de désenclavement et de sécurisation des quartiers dans la durée, car ceux qui connaissent bien Conakry, savent que certains de ces quartiers sont historiquement sensibles. Par exemple, Dar-es-salam et Hamdallaye.

 

Sidiki CAMARA

Doctorant en Droit public économique,

Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales

Université de Lille

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