Cela n’honore aucun guinéen que l’on en arrive là en termes de recul démocratique, en termes de banalisation de la vie humaine. L’État guinéen ne signifie plus rien si l’on se réfère à la raison d’être de cette institution politique, agir à assurer la sécurité aux populations.
C’est le contraire de la mission régalienne conférée à l’État à travers ses forces de défense et de sécurité qui est maintenant mis en exergue.
Des guinéens libres et convaincus des valeurs qui fondent le vivre ensemble des guinéens dont la démocratie et les lois qui régissent ce vivre ensemble se sont constitués en un front pour réclamer le respect constitutionnel quand bien même le Chef de l’État a prêté deux fois de suite serment sur cette même constitution de la respecter et de la faire respecter et ce, sur son honneur et qu’en cas de parjure qu’il subisse la rigueur de la loi.
Aujourd’hui, ne sommes-nous pas dans le parjure manifeste ? Le refus délibéré de la mise en place de la Haute Cour de Justice comme prévue par la constitution ne sous-tend-elle pas cette volonté du régime à se maintenir au pouvoir?
Pour ces guinéens qui manifestent légalement et pacifiquement, les forces de l’ordre ne leur ont réservé que de la répression : des jets de gaz lacrymogènes ‘’périmés’’, des bastonnades et des tirs à balles réelles suivis de pertes en vies humaines. Aujourd’hui, l’on dénombre près de 20 jeunes tués par balles dont des élèves et étudiants du fait que certains guinéens s’opposent au troisième mandat. Où est ici l’État ?
A regarder de plus près, il n’est pas exagéré d’affirmer que nous sommes dans un ‘’Etat sauvage’’ où la vie humaine n’a plus de sens. Les dernières évolutions de la situation sociopolitique ont encore une fois montré le niveau de cruauté de ceux qui nous gouvernent. Alors que la manifestation se tenait sur l’autoroute, les forces de l’ordre ont fait irruption dans des foyers non seulement sur l’autoroute mais et surtout sur l’axe Le Prince.
Alors que l’on enregistre des dégâts matériels énormes, des arrestations arbitraires au nombre non encore connu, aux bastonnades, aux blessés, sur l’axe qui ne faisait pas partie de la zone de manifestation, des vies humaines ont été cruellement arrachées à l’affection du peuple de Guinée. Encore des élèves et étudiants dans le lot. Où est l’État ? Que vaut l’État aujourd’hui ?
Cette stratégie de tuer consiste à amener le peuple à perdre confiance au succès de sa lutte. Mais c’est se méprendre car le peuple de Guinée est un peuple d’épreuve et qui sait pertinemment que celui qui n’a jamais été mis à l’épreuve de la vie ne sait rien de celle-ci. Ce sont même des preuves pour dire que Non à un troisième mandat pour ce régime.
A ce niveau de cette réflexion, il me soit permis de renouveler mon appel aux élèves et étudiants guinéens d’ici et d’ailleurs que ce sont leurs camarades du monde de l’école qui sont tués. Leur silence face à cette forfaiture fait d’eux des complices face à l’histoire. A l’Association des Parents d’Élèves, il est désormais temps pour vous dire : « Stop et trop, c’est trop ». Aux autorités scolaires et estudiantines, votre silence justifie votre adhésion de ce projet satanique infligé aux élèves et étudiants de Guinée.
En somme, les attaques ciblées contre le cortège des leaders du FNDC, les tueries continues des jeunes dans des conditions abominables, les arrestations arbitraires, les bastonnades infligées aux manifestants et aux journalistes, les jets de gaz lacrymogènes périmés sur les manifestants et les leaders sont là des preuves qui doivent renouveler notre adhésion commune et notre détermination à la lutte contre un 3ème mandat pour ce régime.
Fodé BALDE
Homme politique guinéen
La Guinée d’abord