Au Burkina Faso, l’attaque meurtrière d’un convoi de l’opérateur minier Semafo a conduit ce dernier à suspendre la production d’or sur son site de Boungou. L’industrie aurifère burkinabé est confrontée à de graves défis sécuritaires, qui n’ont pas, pour l’heure, découragé les compagnies étrangères.
La compagnie canadienne Semafo dont le convoi d’autocars a été pris au piège entre Boungou et Fada incarne désormais autant la sévérité du risque terroriste pour l’industrie minière que l’essor extraordinaire de l’extraction aurifère au Burkina Faso. A elle seule la mine de Boungou, entrée en production l’an dernier, a permis au pays sahélien de produire 15 % d’or supplémentaire en 2018. Ce qui a hissé le Burkina Faso, avec ses 52 tonnes d’or, au quatrième rang d’Afrique, et parmi les dix premiers producteurs mondiaux. L’impact sur l’emploi est limité, 30 000 emplois directs et indirects, mais les recettes fiscales montent en flèche, près de 400 millions d’euros l’an dernier.
Dépenses de sécurité supplémentaires
Le terrorisme dans le Sahel risque-t-il de remettre en cause la ruée vers l’or burkinabé ? La situation est de plus en plus compliquée pour l’industrie minière : 28 attaques en trois ans, dont 19 rien que cette année, la plupart liées au terrorisme islamiste. Les expatriés ne voyagent plus que par hélicoptère de la capitale Ouagadougou vers les sites miniers. Les bâtiments doivent être renforcés de blindages. Les convois routiers sont escortés par l’armée burkinabé, mais ce n’est pas suffisant comme le drame du convoi de Semafo l’a prouvé. Cette année le gouvernement burkinabé a demandé aux compagnies privées de financer une force rapide, des hélicoptères, demande qui n’a pas abouti pour le moment.
Mais l’activité reste rentable
Mais jusqu’à présent ni les risques ni les dépenses supplémentaires n’ont dissuadé les compagnies étrangères présentes. Les coûts de production en Afrique de l’Ouest, sur des gisements prolifiques, restent imbattables, et le cours de l’or est au plus haut depuis six ans. Semafo ne fait que suspendre sa production et ni son concurrent Canadien Iamgold, qui exploite le premier gisement aurifère du pays, près de la frontière du Niger, ni le Russe Nordgold, ni les opérateurs et sous-traitants australiens (Australia-Africa Minerals & Energy Group) joints par Rfi n’ont l’intention de quitter le pays.
L’exploration ralentit
Cependant le climat de violence risque de dissuader l’exploration, qui demande de parcourir de vastes périmètres. Jusqu’à l’an dernier, le rythme des investissements était soutenu au Burkina, selon la Banque mondiale, mais la Chambre burkinabé des mines observe la réduction voire le gel des budgets d’exploration depuis l’assassinat en janvier dernier, du géologue canadien Kirk Woodman.
RFI