Dans un système où l’exercice du pouvoir est solitaire et centralisé, le Président aura toujours l’impression que tout fonctionne bien jusqu’à la dernière minute car les courtisans établissent un écran de fumée entre lui et la réalité.
Et généralement, au moment où il se rend compte qu’il ne maîtrise plus rien, il se trouve qu’il aura perdu la marge de manœuvre nécessaire pour sauver son régime.
L’illustration parfaite de cet état de fait est le cas du Président Alpha Condé qui, malgré la profondeur de la crise multidimensionnelle que traverse notre pays, continue de croire qu’il n’a affaire qu’a ses opposants classiques, en l’occurrence son éternel discours sur les anciens Premiers ministres, sans se rendre compte qu’il y a un peuple qui subit au quotidien les conséquences des multiples échecs de sa gouvernance.
La misère et le manque de perspectives sont des motivations suffisamment valables qui encouragent un peuple à se révolter sans attendre une quelconque consigne d’un leader politique ou social. De ce point la première menace de son régime se trouve dans son entourage immédiat.
Au-delà, par ses discours et attitudes, surtout face à la situation actuelle, le Président Condé s’est engagé dans une voie sans issue pour lui et le système qu’il a érigé au profit d’un petit clan affairiste qui risque de l’abandonner au moment où il ne peut s’imaginer. Et le pire est le fait qu’il montre des signes de faiblesse par le manque de sérénité (discours incohérents, décisions improvisées, refus d’admettre l’évidence…); ajouter au poids de l’âge, on en déduira un possible problème de lucidité.
C’est pourquoi, il faut admettre qu’il se met de plus en plus en difficulté pour le reste de son dernier mandat car la criminalité d’État à travers les assassinats de citoyens désarmés, les cas de torture révélés, les méthodes de kidnapping des leaders par des hommes cagoulés, la justice aux ordres, la communication étatique mensongère sont des faits qui font perdre à un régime la légitimité, la crédibilité et l’autorité nécessaires pour continuer de gouverner et d’être fréquentable pour les dirigeants sérieux.
Ceci est une triste fin de carrière politique de celui qui portrait un masque de démocrate dont le véritable visage s’est révélé au grand jour par sa gestion du pouvoir; Comme quoi il fallait que l’opposant historique devienne Président pour que les Guinéens n’aient pas a le regretter un jour.
Aliou BAH
Président de l’organe provisoire du MoDeL
Membre du FNDC