Le débat politique en Guinée n’a jamais été aussi passionné qu’il ne l’est. La confusion partisane conduit le pays vers la radicalisation des positions politiques et ensevelit toutes nos intelligences.
On est tous ou presque d’accord que la question de l’alternance démocratique en 2020 est un principe non négociable au regard des articles 27 et 154 de notre constitution qui sont sans ambiguïtés.
L’esprit de la définition des règles de jeu en démocratie, le situe dans les bornes du juste milieu. De par son essence, il repose sur le dialogue et la contradiction. Il favorise le compromis pas la compromission.
L’article 58 de la même constitution détermine le cadre de dialogue avec les acteurs concernés.
Très malheureusement, depuis que le Chef de l’État a tenu son discours à l’adresse de la nation et sa volonté d’instruire son Premier Ministre d’engager des « consultations sur tous les sujets d’intérêt national », la surprise a été de voir opposé à cette volonté, le ‘’Jamais‘’ du FNDC. Pas de consultations. Pas de troisième mandat. Pas de nouvelle constitution.
Le FNDC symbole de contradictions ?
Le comble de l’ignominie, c’est de ne pouvoir faire la distinction entre le principal et les accessoires. C’est de défendre une doctrine et renoncer à ses principes.
La bêtise politique du FNDC sera son refus de saisir l’opportunité de dialogue encadrée par la constitution qu’il défend avec bec et ongles. On ne justifie pas une violation de la loi par une autre. Dura lex, sed lex. Dure est la loi, mais c’est la loi. On ne peut point être à moitié démocrate. Le principe dit qu’aucun sujet n’est tabou en démocratie. Mais tout sujet, se discute à table y compris la constitution.
Que doit faire le FNDC ?
Le combat pour la démocratie ne se fait pas avec le cœur encore mois la passion. Où le dialogue et le consensus sont possibles, il ne doit y avoir de place pour la surenchère et l’entêtement.
Ni le FNDC ni la mouvance ne bénéficie d’une onction de légitimité populaire pour s’arroser un quelconque titre de représentant digne du peuple.
Dans la volonté exprimée par le Président guinéen, le FNDC devrait plutôt chercher à être un interlocuteur légitime. À fédérer l’ensemble des structures d’opposition pour parler au nom de celles-ci.
Ensuite, poser des conditions de participation à tout dialogue avec un ordre du jour bien explicite qui ne contiendra aucunement l’idée d’une nouvelle constitution encore moins d’un projet de troisième mandat.
Le FNDC a le plein droit de récuser le Premier Ministre pour son manque de neutralité malgré l’attribut de l’article 58. Car, on ne peut pas être juge et partie.
Que doit-on craindre avec ces positions tranchées ?
Le risque d’une escalade de violences est bien perceptible. Cependant, la politique de la chaise vide n’a jamais été concluante pour l’opposition, somme toute faite. Les deux souvenirs amers restent encore le référendum du 11 novembre 2001 avec le boycott des opposants réunis, et le refus par le FRAD de participer à la Présidentielle de 2003 ont ouvert le boulevard à un pouvoir à vie pour Lansana Conté.
Le FNDC doit agir avec intelligences pour faire échec et ombrage à la volonté supposée de frauder à la Constitution par le parti au pouvoir. Et si le refus de participer du FNDC aux consultations souhaitées par le pouvoir de Conakry faisait le bonheur des conspirateurs ?
Renoncer à cette offre politique de consultations, c’est ranger son intelligence dans le placard et en avalé la clé. Il faut songer à un pacte avec le succès qu’avec la pureté. À moins que l’on ne soit dans la logique de tout perdre.
Je crains fort qu’on ne réédite le scénario de 2001, 2002 en 2020.
À bon entendeur, salut !
Par Habib Marouane CAMARA
Journaliste et analyste politique