Le président Macky Sall a nommé l’ancien ministre de l’Environnement puis de la pêche, directeur général de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la Grande muraille verte.
Le charismatique Haïdar El Ali a une nouvelle mission : la restauration des forêts du pays. Il doit également reverdir la partie sénégalaise de la Grande muraille verte (GMV), qui s’étend sur 535 km et dont la plantation a commencé en 2008. Le projet participe à la lutte contre la désertification et le réchauffement climatique. Le Sénégal a planté plus de 20 millions d’arbres, soit à peine 40% des 800 000 hectares qui lui incombent de reverdir. Haïdar El Ali aura pour tâche de mener le projet à son terme et de le pérenniser dans une région où il ne pleut que 300 mm d’eau par an. Un défi vital pour les pays sahéliens.
Lutte contre la désertification
La Grande muraille verte est un projet panafricain destiné à stopper la désertification en Afrique : une bande large de 15 km plantée de différentes espèces végétales. La GMV doit relier sur 7600 km l’ouest à l’est de l’Afrique, du Sénégal à Djibouti, en passant par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Erythrée et l’Ethiopie.
Marc de Chalvron
Depuis plusieurs années, Haïdar El Ali alerte sur le risque de disparition des forêts de Casamance, zone la plus boisée dans le sud du Sénégal, à cause, selon lui, du trafic de bois. L’ancien ministre mène régulièrement des campagnes de reboisement au Sénégal.
Sa réputation d’écologiste convaincu n’est plus à faire. Il avait été condamné en août 2018 par un tribunal correctionnel de Dakar à trois mois de prison avec sursis pour « diffamation » à l’encontre d’Abdoulaye Sow, président de l’Union nationale des exploitants forestiers du Sénégal (Unefs). M. El Ali avait cité M. Sow – à l’origine de la plainte contre lui – parmi « les trafiquants de bois » au Sénégal. Début 2014, il s’était déjà attaqué à la pêche illégale et avait rendu payant l’accès à la pêche dans les eaux sénégalaises.
Haïdar El Ali a une histoire singulière. Issu d’une famille libanaise immigrée au Sénégal dans les années 40, il se fait remarquer dans les compétitions de natation et comme apnéïste. En 1984, il passe son diplôme de plongeur professionnel en France et devient directeur de l’Oceanium de Dakar, qui n’était alors qu’une école de plongée. L’Oceanium forme désormais des militaires, des gendarmes, des agents des eaux et forêts.
La conscience écologique du pays
Dès 2004, accompagné des collectivités locales, Haïdar El Ali entreprend la reconversion de l’économie de pêche, en écotourisme, dans le delta du Sine Saloun. Très actif contre la surpêche, Haïdar El Ali donne à son groupe de plongeurs pour objectif de dépolluer l’océan au large du Sénégal. Récupérer les quelque 3000 filets de pêche abandonnés qui continuent de nuire aux poissons.
Il sensibilise toutes les couches de la population à l’importance du respect de l’environnement, en particulier dans la préservation de la mangrove, en voie de disparition. Il dissémine des plants dans les mangroves pour relancer les poussées végétales et favoriser le frai (la reproduction) des poissons.
En 2009, Haïdar El Ali insuffle une dynamique dans le pays qui permet de replanter 30 millions de palétuviers en Casamance et des millions d’arbres dans le nord du pays.
Haïdar El Ali, né le 27 janvier 1953 à Louga, est un écologiste sénégalais, « l’un des cent écologistes les plus influents de la planète »1. Il est membre honoraire de l’Oceanium de Dakar qu’il a présidé pendant plusieurs années.
Le 3 avril 2012, il est nommé ministre de l’Écologie et de la Protection de la nature dans le gouvernement d’Abdoul Mbaye. En septembre 2013, il est nommé ministre de la Pêche et des Affaires maritimes au sein du gouvernement d’Aminata Touré. Il démissionne de ce poste en juillet 2014.
Un parcours qui explique aujourd’hui sa nouvelle mission de renforcer la Grande muraille verte, qui doit protéger le pays contre la progression du désert. Mais attention, cet homme de conviction a également des ambitions politiques. Haïdar El Ali affirmait dans le journal Jeune Afrique qu’il souhaiterait se présenter à la présidentielle sénégalaise, mais qu’il ne bénéficie pas des fonds nécessaires, car il refuse toute forme de corruption.