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Vingt ans de partage du « soft power » marocain avec l’Afrique

 Cette année, le Maroc célèbre les vingt ans de l’avènement au trône du roi Mohammed VI. Son accession au pouvoir a suscité plein d’espoirs aussi bien dans son pays qu’à l’étranger. En Afrique particulièrement, ce monarque, âgé alors de 36 ans, a été considéré comme porteur de modernité et de rénovation des relations avec le Continent.

En observateur neutre et qui a eu le privilège, en tant que Premier ministre de mon pays la Guinée, d’être invité à la célébration des dix ans de son règne, j’ai trouvé que Sa Majesté a su utiliser durant toute cette période tous les atouts du « soft power » pour ancrer son pays dans le cœur de dizaines de millions d’Africains.

Le théoricien américain des relations internationales, Joseph Nyea, indiquait qu’un pays peut avoir recours à trois types de ressources pour exercer sa puissance : les ressources militaires, économiques et intangibles. Je dirais que depuis l’arrivée de Mohammed VI au pouvoir, le Maroc a fait un usage plus judicieux des ressources intangibles et économiques pour se hisser au rang d’un pays qui suscite l’envie d’être pris en exemple et dont beaucoup de valeurs sont admirées.

Parmi ses différents atouts, citons d’abord l’usage judicieux des ressources intellectuelles qui a fait du Maroc un point incandescent du rayonnement intellectuel qui n’est plus l’apanage des seules universités. Ainsi, des think tanks de grandes renommées, animés par des spécialistes pétris d’expérience, organisent régulièrement des rencontres débouchant sur des analyses de fond et des propositions servant de référence à nombre de cercles de décision, non seulement au Maroc, mais aussi en Afrique et dans le reste du monde.

Dans le registre éducation, l’engagement du Maroc s’est approfondi et amplifié pour recevoir plus d’étudiants africains. On ne compte actuellement pas moins de 11 000 étudiants provenant d’une cinquantaine de pays africains, dont 85% sont boursiers du royaume. Il n’est pas rare ainsi de rencontrer aujourd’hui dans plusieurs sphères de décision en Afrique, ces anciens étudiants qui, d’une manière ou d’une autre, sont reconnaissants au Maroc qui leur a permis de franchir une étape de l’ascenseur social dans leur pays. Dans leurs déplacements, ceux-ci comme plusieurs milliers d’autres Africains trouvent du bonheur à utiliser la compagnie aérienne Royal Air Maroc, dont le réseau permet aujourd’hui de désenclaver opportunément près d’une trentaine de pays africains.

Sur le plan des médias, le soutien marocain à la création de la Fédération atlantique des agences de presse africaines en 2014 a permis à cette institution de jouer un véritable rôle libérateur face à l’hégémonie des médias étrangers. D’un point de vue religieux, le Maroc s’est distingué contre l’islamisme radical en contribuant à la formation d’imams étrangers chargés de prêcher un islam tolérant à leur retour dans leurs pays. Ainsi, la création en 2015 de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains est révélatrice de la grande attraction dont ce pays est l’objet sur le plan de sa pratique religieuse.

Que dire du sujet économique ? Point n’est besoin dans ce cadre de mentionner le déploiement sans précèdent des investissements d’origine marocaine en Afrique dans les finances, les télécoms, la promotion immobilière et le BTP au cours des deux dernières décennies. D’ailleurs, au cours de ses multiples déplacements en Afrique subsaharienne, accompagné par de nombreux hommes d’affaires de son pays, Sa Majesté a toujours eu l’opportunité de signer de multiples contrats de coopération avec les pays visités.

Cette volonté d’intégration a trouvé son couronnement dans le retour du Royaume dans la famille continentale, représentée par l’Union africaine. Un retour qui a permis au Royaume de jouer un rôle important dans le lancement de la Zone de libre-échange continentale acté le 21 mars 2018 à Kigali et qui suscite tant d’espoirs.

 

Par Kabinet  Komara, ancien Premier ministre de la Guinée 

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