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Guinée : le budget du secteur rural passe de 3% en 2017 A 7% en 2018

De  3% en 2017, le budget affecté au secteur rural par les autorités guinéennes en 2018 est de 626.556.626.000 GNF soit 7% du total.

Notre  vision de l’avenir de la Guinée ne repose pas  sur les fondations des industries minières. C’est ce qui ressort à travers ce budget 2018 des autorités guinéennes de donner la priorité au secteur agricole dans la lutte contre la pauvreté et la misère dans notre pays. En effet, ces richesses tirées du secteur minier ne se sont pas traduite ; dans les faits par plus de création d’emplois, de stabilité économique et de bien- être social pour la majorité de Guinéens.

Nos mines n’ont pas contribué efficacement à lutter contre la pauvreté et la mal nutrition malgré le volume important d’investissements dont elles ont bénéficiées depuis plusieurs décennies.

Le surplus budgétaire en faveur de ce secteur doit être facteur de changements importants : introduction des technologies permettant aux agriculteurs de produire plus de rendement par unité de superficie ; l’accès de nos paysans  aux marchés et aux ressources financières ainsi que l’amélioration du cadre politique.  Notre pays connait une croissance économique dynamique (5,2 en 2016 et 6 ,2 en 2017), celle-ci doit être inclusive et cela passe nécessairement par la priorité accordée au secteur agricole.

Il est frustrant, en dépit de toutes les potentialités que le pays dispose, que la Guinée n’est pas encore capable de se nourrir grâce à sa production agricole ; que le niveau de pauvreté reste élevé atteignant plus de la moitié de sa population. Nous pensons au vu de la structure économique de notre pays que notre forte dépendance à l’égard du secteur minier en est la principale cause.

Notre pays est le premier exportateur de bauxite au monde, important exportateur de l’or, et du diamant, des inquiétudes persistent sur le bien-fondé de cette richesse quant à la satisfaction des besoins de la majorité de la population.

Nous défendons l’idée selon laquelle la croissance de notre économie doit s’appuyer sur la nécessaire revalorisation et l’utilisation efficiente du potentiel des milliers de petits exploitants agricoles qui représentent plus de 75% de la population de notre pays.

De l’avis des experts reconnus, les petits exploitants agricoles réalisent au tant de revenu que les grandes exploitations et par conséquent, il serait judicieux de considérer les petits exploitants agricoles comme des entreprises commerciales pour accroître les revenus dans les zones rurales.

Pour réaliser une croissance inclusive dans notre pays il est primordial d’accorder la priorité au secteur agricole. En effet, pour réduire la pauvreté dans notre pays considéré comme pays à revenu faible, un point de croissance dû à l’agriculture est au moins trois fois plus efficace que le même taux de croissance dans d’autres secteurs selon les études réalisées par les institutions internationales spécialisées telle que les FIDA et la Banque Mondiale ; ce qui fait de ce secteur la voie la plus sûre vers la prospérité économique et sociale.

Le potentiel agricole de notre pays nous permet d’atteindre nos objectifs comme puissance agricole régionale : château d’eau de l’Afrique de l’Ouest utilisable pour l’irrigation, des conditions climatiques favorables dont les changements négatifs restent inquiétants, des millions d’Hectares de terres arables auxquels s’ajoutent d’énormes capacités de ressources humaines surtout notre jeunesse dont la vigueur et l’ingéniosité sont des facteurs déterminants.

Pour atteindre cet objectif de puissance agricole l’égalité des droits et d’opportunités entre femmes et hommes serait essentielle.

La réalisation de la transformation agricole tant rêvée dans notre pays considérée comme socle de réduction de la pauvreté et de la sécurité alimentaire nécessite une stratégie, une vision prise en charge par les autorités au plus haut niveau, conscient des atouts que notre pays dispose pour réussir.

Nous saluons vivement la détermination des autorités à allouer les 7% des ressources budgétaires en 2018 et espérons vivement qu’à moyen terme l’objectif de 10% sera atteint comme le prévoit la déclaration de Malabo.

Les acteurs chargés de la gestion de cette ressource doivent être capables d’assurer son utilisation efficace et efficiente en vue de l’atteinte des objectifs.

A travers cet effort budgétaire notre pays est en train de tenir ses promesses d’investir d’avantage dans l’agriculture et il est encouragé dans ce sens par les résultats  rapides et extra ordinaires obtenus par les pays qui ont pris les décisions responsables  et ont mis en œuvre les actions courageuses dans ce domaine tels que le Rwanda et l’Ethiopie.

Grâce à une politique agricole responsable cité comme exemple, le Rwanda a pu réussir sa réforme agraire, faciliter un meilleur accès aux intrants et aux services de vulgarisation pour ses milliers de petits exploitants agricoles. Cette politique visionnaire  a eu pour conséquence  l’augmentation de la disponibilité alimentaire du pays à des seuils inespérés (150%), réduit le retard de croissance et la pauvreté de 20% au cour des dix dernières années et faire baisser considérablement la mal nutrition dans ce pays à superficie réduite.

Comme deuxième exemple à suivre, l’Ethiopie avec une population dense et des conditions climatiques difficiles mais grâce à un leadership visionnaire la réforme agricole a permis de faire de l’agriculture le secteur le plus important de l’économie représentant aujourd’hui 85% de la main d’œuvre, 90% des exportations et 46,3% du PIB  de ce pays.

Pour atteindre cet objectif élogieux, dans le respect de ces engagements, les actions suivantes ont étés mises en œuvre :

La priorité fut accordée 

-au  renforcement de  la productivité des petits exploitants agricoles,

–  à l’amélioration des systèmes de commercialisation,

– à l’amélioration de la participation du secteur privé,

– à l’augmentation du volume des terres irriguées et la  réduction du nombre de ménages sans alimentation inadéquate.

Grâce à ce leadership visionnaire dans ce secteur stratégique, ces deux pays font partis des économies les plus dynamiques du continent.

Notre pays doit suivre ces exemples pour donner à cette population les raisons d’espérer surtout que notre potentialité nous permet de croire à notre réussite

Car  nos atouts n’ont rien à voir avec les contraintes naturelles que ces pays ont pu relever en termes de défis pour atteindre les opportunités offertes à leurs populations. Les affectations budgétaires importantes, une gestion transparente de ce secteur, la résolution de la problématique du foncier rural et la volonté clairement affichée qui fait de ce secteur la priorité des priorités au plus haut niveau seront déterminants dans l’atteinte de ces objectifs.

 

Auteur : ASSOCIATION GUINEENNE DES ECONOMISTES (AGE)

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