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Guinée :  Human Rights Watch dénonce l’enlèvement des opposants disparus de force

L’ONG Human Rights Watch épingle le régime militaire pour avoir enlevé deux leaders du FNDC, qui selon l’organisme auraient été torturés dans leur lieu de détention.

L’organisation non gouvernementale demande aux autorités de révéler leur lieu de détention, les libérer, et enquêter sur les allégations de torture.

Dans la soirée du 9 juillet, trois membres d’une coalition d’opposition, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Oumar Sylla (connu sous le nom de Foniké Menguè), Mamadou Billo Bah et Mohamed Cissé, regardaient un match de football à la télévision au domicile de Foniké Menguè à Conakry, la capitale de la Guinée. Soudain, les forces de sécurité ont forcé l’entrée et arrêté arbitrairement les trois hommes, avant de les conduire vers un lieu inconnu. Les autorités n’ont toujours pas reconnu la détention et n’ont pas révélé le lieu où ils se trouvent, bien que les avocats représentant les trois opposants leur aient demandé. Cela constitue une disparition forcée au regard du droit international.

Selon des médias ainsi que des informations partagées avec Human Rights Watch par des membres du FNDC, des dizaines de soldats, dont certains seraient des membres des forces spéciales,  de gendarmes et d’hommes armés en civil, ont arrêté arbitrairement et battu à plusieurs reprises les trois hommes avant de les emmener d’abord à la Direction Centrale des Investigations Judiciaires de la Gendarmerie à Conakry, puis dans un camp militaire sur l’île de Kassa, au large de la ville. Une déclaration du FNDC a suggéré que les trois hommes ont été torturés au cours d’interrogatoires extrajudiciaires.

Le FNDC, une importante coalition de groupes de la société civile et de partis d’opposition guinéens, a appelé au retour à un régime démocratique après le coup d’État militaire de septembre 2021. Le matin de sa disparition, Foniké Menguè, qui est le coordinateur du FNDC, avait appelé ses partisans à manifester le 11 juillet contre la fermeture des certains médias par les autorités et le coût élevé de la vie.

En août 2022, le gouvernement guinéen a dissous le FNDC pour des raisons politiques, mais la coalition a poursuivi ses activités.

Foniké Menguè faisait partie d’un groupe de personnes arrêtées en 2022 pour des chefs d’accusation de « manifestation illicite, destruction d’édifice public et privé », à la suite de violentes manifestations à Conakry au cours desquelles au moins cinq personnes avaient été tuées. Il a été libéré en mai 2023 et blanchi de toute accusation. Mamadou Billo Bah, qui est le coordinateur des activités de sensibilisation du FNDC, avait déjà été arrêté en janvier 2023 pour des chefs d’accusation de « complicité de destruction d’édifices publics et privés, coups et blessures volontaires », pour avoir participé à des manifestations. Mamadou Billo Bah a été libéré en mai 2023 et acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui.

Les personnes disparues de force sont détenues sans aucune protection juridique, et sont donc beaucoup plus exposées au risque de torture et d’autres formes d’abus. Les autorités militaires guinéennes devraient immédiatement confirmer la détention et la localisation des trois hommes, les libérer sans délai et mener une enquête crédible sur les allégations de torture.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site de Human Rights Watch