C’est le début d’une ère en Côte d’Ivoire, l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro et son entourage ont affirmé, jeudi 4 avril, que l’ex-Premier ministre ivoirien aurait téléphoné au président Alassane Ouattara par deux fois. Un « épisode téléphonique » qui met fin à cinq ans de silence entre les deux hommes, et ce tandis que Guillaume Soro vit en exil, après avoir été condamné à la prison à perpétuité pour « atteinte à la sureté de l’État ».
Selon nos sources, ce serait grâce à l’initiative insistante d’un ex-chef d’État africain que les appels entre Alassane Ouatarra et Guillaume Soro ont été rendus possible. Un premier appel de Guillaume Soro à l’attention du président ivoirien a eu lieu lors de son séjour à la résidence de Mougins en France et le second, à son retour à Abidjan.
À l’occasion du ramadan musulman et du carême chrétien, les circonstances sont apparues favorables pour que l’ex-Premier ministre présente ses excuses au chef de l’État, qui se serait senti « blessé » par certaines positions politiques affichées en 2019 à la veille de l’élection présidentielle. Soro aurait également remercié le président d’avoir gracié de proches collaborateurs comme Souleymane Kamaraté emprisonné à Abidjan, ou Affoussiata Bamba Lamine, et Moussa Touré en exil en Europe.
Lors de cette seconde conversation, le président s’est enquis de la santé de Guillaume que l’on sait amaigri. La question d’un passeport diplomatique aurait aussi été évoquée, selon l’entourage de Guillaume Soro, même si celui-ci dispose encore d’un passeport normal en cours de validité.
Du côté de la majorité présidentielle, les commentaires sont prudents. Mais un haut cadre du RHDP, le parti du président, affirme que « quiconque veut la paix, il trouvera le président Ouattara sur son chemin pour l’accompagner ». Même si l’on s’efforce, du côté présidentiel, de ne pas donner trop d’importance à ces conversations, cela reste un point marquant dans la vie de deux hommes politiques qui ont tant collaboré avant de se fâcher.
Il n’y a pas si longtemps, en 2020, Guillaume Soro qualifiait Alassane Ouattara de « dictateur », notamment au lendemain de sa condamnation en justice et plus récemment, en 2024, au Burkina Faso, il a stigmatisé un gouvernement ivoirien « prétendument démocratique » qui, selon lui, refusait de reconnaître ses droits.
De son côté, interrogé sur son ex-Premier ministre, le président Ouattara était affecté de voir celui qui fut son meilleur allié contre Laurent Gbagbo devenir un simple justiciable neuf ans plus tard. Aujourd’hui donc, l’heure semble être l’apaisement et au dialogue, téléphonique en tout cas.
Par RFI