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Conakry : l’incendie dans le dépôt central de carburant dénombre 18 morts

L’important incendie qui s’est déclaré lundi dans le principal dépôt d’hydrocarbures de la société publique guinéenne de pétrole, à Conakry, a fait 18 morts, selon un nouveau bilan publié mardi soir. Une enquête judiciaire pour des faits présumés « d’incendie volontaire » a été ouverte.

Le bilan de l’explosion et de l’incendie du principal dépôt de carburant de Guinée est passé de 14 à 18 morts mardi 19 décembre au soir, et le gouvernement a annoncé pour mercredi la réouverture « minimum » des administrations du centre-ville de Conakry et la reprise des approvisionnement en gasoil sur tout le territoire.

Dans la nuit de dimanche à lundi, le souffle de l’explosion et l’incendie qui a suivi dans la zone portuaire de Kaloum, le quartier administratif et des affaires de Conakry, ont provoqué d’importants dégâts matériels et mis à l’arrêt l’économie de la capitale guinéenne.

« En dépit des efforts consentis par le corps médical, nous déplorons aujourd’hui quatre nouveaux décès, portant à 18 le nombre de décès », a indiqué le gouvernement dans un communiqué. « Sur 212 personnes admises dans les structures sanitaires, 127 ont regagné leurs familles. 85 personnes sont toujours hospitalisées dont quatre en soins intensifs », a-t-il ajouté.

Le feu a été circonscrit et maîtrisé lundi après-midi, mais de la fumée continue de s’échapper du site du sinistre et les pompiers étaient toujours à pied d’œuvre mardi.

L’incendie a provoqué de lourds dégâts et endommagé des bâtiments sur un rayon de plus d’un kilomètre, dont celui abritant le procès du massacre du 28 septembre 2009. Des soldats massivement déployés, casqués et masqués, empêchaient mardi la circulation dans le secteur du sinistre. La zone portuaire est désertée depuis la veille, la population ayant fui vers la banlieue.

Une enquête judiciaire pour des faits présumés « d’incendie volontaire » a été ouverte par le procureur général pour déterminer les causes du sinistre et situer les responsabilités. Aucune information n’est disponible sur l’origine de l’incendie. Lundi, une cellule de crise a été mise en place par les autorités et un plan d’urgence sanitaire a été activé pour la prise en charge des blessés.

Aide aux sinistrés

L’assistance aux sinistrés s’est poursuivi mardi pour 738 ménages, selon le gouvernement. Des volontaires font le tour de la capitale pour recueillir des vivres. « Moi, je passe de concessions en concessions pour collecter les dons et les acheminer au centre de dépôt à la mosquée Fayçal de Conakry », a dit à l’AFP Mariame Diallo, comptable et cheffe d’entreprise qui s’est portée volontaire pour l’aide aux sinistrés

L’aide internationale s’est également mise en place. Une équipe de 24 secouristes sénégalais, dont 15 médecins militaires et huit sapeurs-pompiers, est arrivée lundi soir, et sera suivie d’autres équipes, a indiqué le ministère sénégalais de la Défense. Une équipe française d’assistance et d’appui, et une autre américaine, sont également sur place.

L’ONU s’est également mobilisée. « Les interventions d’urgence déployées contribuent à répondre aux besoins immédiats sanitaires en eau, hygiène et assainissement de la population affectée […] en fournissant des abris sous forme de tentes, de citernes d’eau, de toilettes mobiles », ainsi que des kits d’hygiène, des médicaments et d’autres fournitures essentielles, souligne-t-elle dans un communiqué mardi.

Possible pénurie de carburant

Le gouvernement a autorisé la reprise du service minimum dans les administrations de Kaloum à partir de mercredi.

Les pénuries d’essence sont un sujet de préoccupation pour de nombreux Guinéens. Les stations-services étaient provisoirement fermées sur l’ensemble du territoire pour éviter la spéculation.

L’approvisionnement, uniquement en gasoil, va reprendre mercredi dans tout le pays, a annoncé le gouvernement, mais la restriction des camions-citerne reste maintenue.

Le gouvernement « veut nous faire croire qu’il n’y aura pas de pénurie de carburant, ce dont je doute », a estimé Souleymane Traoré, chauffeur de camion, inquiet pour les semaines à venir.

 

Avec AFP