Les membres de l’Opep+ ont décidé mardi de se conformer à la politique d’augmentation progressive de la production d’or noir d’ici juillet, sans prendre de décision pour le mois d’août ni aborder la question iranienne.
L’organisation “a confirmé la décision prise” lors du sommet d’avril concernant les “ajustements de la production pour le mois de juillet, compte tenu des fondamentaux du marché observés”, a annoncé le cartel dans un communiqué publié à l’issue d’un sommet ministériel expéditif qui aura duré une demi-heure à peine.
Cette stratégie est faite d’un retour par palier entre mai et juillet d’un total de près de 1,2 million de barils par jour supplémentaires, auquel s’ajoute celui d’un million de barils retiré volontairement par Ryad en début de l’année.
Les négociations au sein de l’Opep+, alliance scellée fin 2016 entre les treize pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), emmenés par l’Arabie saoudite, et dix alliés, dont la Russie, avaient commencé en visioconférence peu avant 11H30 GMT (13H30 à Paris) par une première réunion, le désormais mensuel Comité de suivi de l’accord en vigueur de réduction de la production du groupe (JMMC).
Le sommet ministériel proprement dit a ensuite été exceptionnellement court, le groupe ayant convenu de se retrouver dans un mois, le 1er juillet.
– Demande encourageante –
Les 23 membres laissent volontairement inexploitée une part importante de leurs réserves pour ne pas inonder un marché fragilisé par la crise sanitaire.
Mais des prix convalescents et le retour de la demande, notamment en Europe et aux États-Unis, offrent désormais la possibilité au cartel de rouvrir davantage les vannes.
“La demande s’est améliorée sur plusieurs grands marchés mondiaux, comme les États-Unis et la Chine (les deux premiers consommateurs de brut, NDLR)”, a expliqué le ministre saoudien de l’Énergie et chef de file de l’alliance Abdelaziz ben Salmane, en amont du sommet.
Le demi-frère du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) a également salué le progrès des campagnes de vaccination contre le Covid-19 et la réduction des stocks de brut à travers le planète tout en notant la présence de “nuages à l’horizon”.
“Nous sommes convaincus que l’économie mondiale est sur la voie de la reprise et que la situation se normalise”, a abondé le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak chargé de l’Energie.
Iran éludé
Les cours progressaient fortement après la décision du groupe de producteurs: le Brent et le WTI gagnaient autour de 3% vers 14H40 GMT (16H40 à Paris), le contrat de référence aux Etats-Unis revenant même à un prix plus vu depuis octobre 2018.
Les tensions entre la Russie et l’Arabie saoudite, évoquées par beaucoup d’observateurs en amont du sommet et qui ont émaillées plusieurs des précédentes réunions, n’auront finalement pas eu leur place mardi.
Le retour probable de la production iranienne n’a également pas été évoqué au cours des échanges, a indiqué le ministre saoudien lors d’une conférence de presse tenue à l’issue du sommet. Il est pourtant d’importance de part son volume pour le cartel et pour le marché.
La République islamique est engagée dans des négociations indirectes avec les États-Unis à Vienne, par l’entremise des Européens, afin de ressusciter un accord encadrant son programme nucléaire.
Si les pourparlers aboutissent, la levée d’un certain nombre de sanctions économiques, dont l’embargo sur le pétrole en vigueur depuis 2018, pourrait conduire à une hausse importante de l’offre iranienne, et donc du groupe.
Le ministre du Pétrole iranien Bijan Namdar Zanganeh, cité par Shana, l’agence officielle de son ministère, a d’ailleurs qualifié lundi de “priorité” un quasi-triplement de la production actuelle du pays.
AFP