Au regard des contradictions de la politique étrangère américaine dans le monde, il sera difficile pour le Département d’Etat de justifier des sanctions contre la Guinée.
Mais dans l’histoire des USA, les Démocrates, loin d’être exemplaires, ont toujours essayé de trouver un compromis entre la défense de leur intérêt géostratégique et la promotion des droits de l’homme, en témoigne la politique étrangère de Obama à l’endroit de l’Arabie saoudite et Israël.
On se rappellera aussi qu’il a fallu l’insistance de Nicolas Sarkozy et de David Cameron pour que Obama appuie l’intervention militaire en Libye. On peut donc espérer que l’administration Biden traduise politiquement son Rapport accablant sur les violations des droits humains en Guinée, surtout que les populations guinéennes et les contribuables américains et européens sont les premières victimes de la dictature politique en Guinée : l’immigration illégale est une preuve parmi tant d’autres.
Les USA pourraient donc prendre les mesures suivantes :
- Réengager une action diplomatique qui forcerait Alpha à un départ négocié du pouvoir. Si Alpha et son clan opposent une fin de non-recevoir. Ce qui permettrait d’ouvrir la porte de revenir à la Constitution de 2010 et créer les conditions administratives, politiques et institutionnelles favorables à une meilleure organisation des élections.
- Sanctionner les exportations des ressources naturelles de la Guinée. Il s’agira d’assécher économiquement le régime. Les compagnies chinoises seront obligées de revoir leur implication dans l’exploitation des ressources minières en Guinée, comme cela a été le cas en Iran, bien que le contexte ne soit pas le même.
- Gel des biens des autorités guinéennes à l’étranger, principalement aux États-Unis.
- En collaboration avec l’Europe, interdire aux membres du gouvernement guinéen et leurs familles des voyages aux USA et en Europe. Pour la France, il y a aura un réel défi à surmonter, c’est l’attitude de Macron à l’endroit de la Côte-d’Ivoire, le Tchad et le Congo-Brazzaville.
- Sanctionner la hiérarchie militaire, sans oublier les hauts responsables politiques guinéens dont les noms sont connus des Américains.
- Examiner la possibilité de révoquer la citoyenneté américaine des membres du gouvernement actuel. Sur ce cas aussi, nous avons des précédents.
Mais, sanctions ou pas, c’est désormais dans l’intérêt des Américains et des démocraties libérales que redéfinir leurs politiques étrangères à l’endroit des régimes corrompus et faillis comme la Guinée.
Amadou Sadjo Barry
Professeur de philosophie
Québec, Canada