Le premier tour de la présentielle au Togo tenu le samedi 22 février annonce déja son épilogue. C’est une victoire à l’arrachée pour Faure Gnassingbé au pouvoir depuis quinze ans. Le chef de l’Etat sortant a obtenu 72,36 % des voix selon la Commission électorale nationale indépendante, un score contesté par l’opposition.
L’homme âgé d’une cinquantaine d’années, qui a succédé son défunt père en 2005 est passé dès le premier tour, comme une lettre à la poste. C’est un résultat sans surprise au Togo. Le président Faure Gnassingbé a été réélu dimanche soir pour un quatrième mandat avec 72,36 % des voix, selon les résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Il est donc très loin devant le candidat de l’opposition Agbéyomé Kodjo, qui dénonce des fraudes et revendique lui aussi la victoire. Le taux de participation est de 76,63 %, bien plus élevé qu’en 2015 (60,99 %). Surtout, c’est la première fois que des résultats sont annoncés aussi rapidement au Togo, à peine plus de 24 heures après le scrutin.
Successeur de son père
Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassigbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins très contestés. Le chef de l’État sortant l’emporte dès le premier tour, ayant obtenu la majorité absolue. Son principal rival, Agbéyomé Kodjo, obtient, lui, seulement 18,37 %, tandis que le troisième candidat, Jean-Pierre Fabre, récolte 4,35 % des voix. Sept candidats au total étaient en lice, les trois derniers ayant fait des scores insignifiants.
Le ministre de la Fonction publique Gilbert Bawara, qui est aussi l’un des premiers soutiens du chef de l’Etat, a évoqué « un score inédit » pour le candidat du parti au pouvoir, l’Union pour la République (Unir). Il avait été élu avec un peu plus de 58 % des voix il y a cinq ans.
Quelques heures avant l’annonce des résultats officiels, l’outsider de l’opposition Agbéyomé Kodjo, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, s’était quant à lui autoproclamé « président démocratiquement élu […] au premier tour avec un score oscillant entre 57 et 61 % ». « Je m’engage à former un gouvernement inclusif dans les prochains jours », a-t-il ajouté, invitant le président sortant à « un sursaut patriotique pour un transfert pacifique du pouvoir ».
Jean-Pierre Fabre n’est plus le leader de l’opposition
Le candidat du Mouvement patriotique pour le développement et la démocratie (MPDD) avait créé la surprise samedi lors du dépouillement, notamment à Lomé, la capitale, où il a devancé l’Alliance nationale pour le changement (ANC), le parti du leader historique de l’opposition, Jean-Pierre Fabre. Agbéyomé Kodjo affirmait avoir une large avance dans les régions Maritime (Sud) et Plateaux (centre-sud), être au coude à coude avec le parti au pouvoir Unir dans le centre et avoir réalisé de très bons scores dans les Savanes (nord). Son domicile, ainsi que celui de son principal soutien, l’ancien archevêque de Lomé, Mgr Kpodzro, avait été encerclé samedi soir pendant quelques heures par les forces de l’ordre, qui ont affirmé vouloir « garantir leur sécurité ».
Ces résultats sont donc un coup de massue pour l’opposant historique Jean-Pierre Fabre (ANC), qui avait d’ailleurs reconnu sa défaite dès samedi soir. Nombre de Togolais reprochaient à ce rival historique du chef de l’Etat de ne pas avoir su tirer profit des manifestations monstres de 2017-2018 où des dizaines de milliers de personnes sont régulièrement descendues dans les rues pour demander la démission de « Faure ».
Lomé est calme
Bien que le vote se soit déroulé sans violences, la société civile a recensé des bourrages d’urnes et des inversions de résultats. Des délégués de l’opposition se sont également vus refuser les accès dans certains bureaux de vote, selon l’opposition, et Internet a été coupé par intermittence dans la capitale ou totalement dans certaines régions sensibles. Ces incidents s’ajoutent au retrait d’accréditation de nombreux observateurs de l’Eglise et de la société civile ainsi qu’à l’abandon du système de sécurisation électronique des résultats quelques jours avant le vote.
Malgré les accusations de l’opposition, la vie semble reprendre un cours normal à Lomé. Dimanche, la situation était calme dans la capitale, et en matinée les habitants se sont rendus à l’église comme à l’accoutumée.
Cette victoire soviétique est le résultat d’une longue médiation du président dictateur guinéen Alpha Condé, qui s’inscrit sur la ligne de son homologue togolais.
Afriquevision avec AFP