C’est un secret de polichinelle. Les voies sur la présidence à vie des chefs d’État africains sont murés par les changements des constitutions, une façon pour eux de remettre à tout moment le compteur à zéro. C’est pourquoi ICG dénonce les recours à la Constitution pour se maintenir au pouvoir.
À l’occasion du 33ème sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu ce dimanche 9 février 2020 à Addis-Abeba en Éthiopie, International Crisis Group a attiré l’attention de l’institution sur plusieurs points chauds du continent. Concernant les élections, 21 pays iront aux urnes cette année en Afrique. Parmi eux, I’ONG s’intéresse particulièrement à la Côte d’Ivoire et à la Guinée.
L’organisation milite pour une plus grande implication de l’Union africaine auprès des présidents Alassane Ouattara et Alpha Condé. Chacun maintient le suspense quant à une candidature à un troisième mandat.
Si c’était le cas, l’Ivoirien ferait ainsi une interprétation controversée de la Constitution. De son côté, le Guinéen en passerait par un changement de la loi fondamentale. C’est ici que ICG aimerait une parole forte de l’UA.
Elissa Jobson, directrice du plaidoyer, constate que l’organisation panafricaine a su fixer des règles en matière de coups d’État militaire. « Dans le cas du Zimbabwe, les militaires responsables de la transition ont bien pris garde à ce qu’on ne parle pas de « coup d’État », en partie à cause de l’aspect négatif que l’UA a réussi à rattacher à ces mots-là. »
D’où le recours à des formes plus subtiles pour se maintenir au pouvoir selon Elissa Jobson. « Et cela peut entraîner des violences. C’est quelque chose sur laquelle on aimerait voir l’Union africaine tenter de fixer une norme comme elle l’a fait contre les coups d’État militaires. »
L’ONG ne prend pas position « pour » ou « contre » la limite du nombre de mandats mais vise ici davantage l’utilisation de l’arme constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir.
Afriquevision avec rfi