« Il vaut mieux avoir la réputation d’un type terrible, parce qu’on vous fout la paix ». Le constat est signé Vincent Bolloré, lui-même. L’homme d’affaires a été mis en examen mercredi 25 avril dans l’enquête sur des soupçons de corruption dans l’attribution à son groupe de concessions portuaires en Afrique de l’Ouest.
Sans doute l’un des rares patrons français à se moquer complètement de ce que l’on pense de lui. Il est même surnommé « Smiling Killer », le « tueur au sourire ».
Le bâtisseur d’empire autant détesté que vénéré est un prédateur aux méthodes parfois musclées, qui a réussi à se hisser parmi les plus grandes fortunes françaises. Un milliardaire à la tête d’un groupe tentaculaire dans lequel on trouve aussi bien les publicitaires d’Havas, des infrastructures de transports, les Autolib ou encore Canal +…
De très nombreux coups de force
Vincent Bolloré aime rappeler d’où il vient. Et conté ses premiers pas d’entrepreneur, quand en 1981, alors banquier chez Rothschild il reprend à 29 ans la papeterie familiale pour deux francs symboliques. Il redresse l’entreprise avec son frère en recentrant la société OCB sur les papiers à cigarettes puis les films plastiques.
Suivront de nombreux coups de force. Parmi les plus saillants, ce conseil d’administration du groupe publicitaire Havas en 2005. En quelques heures, Vincent Bolloré retourne la salle et contraint le président d’alors à la démission. Une victime de plus diront ses détracteurs, auxquels se sont ajoutés depuis de nombreux dirigeants de Canal +, à commencer par les auteurs des Guignols.
Le Breton du 16e arrondissement de Paris, qui aime le pouvoir mais pas l’ostentatoire
Plutôt du genre à vouloir tout savoir, tout contrôler, reconnaissent certains collaborateurs. Lui le Breton du 16e arrondissement de Paris, qui aime le pouvoir mais pas l’ostentatoire. Catholique pratiquant, il n’étale pas sa richesse et ne profite de son yacht que lorsqu’il n’est pas loué, ou prêté d’ailleurs, comme à Nicolas Sarkozy au lendemain de l’élection présidentielle de 2007.
Pas vraiment bavard sur sa vie privée, Vincent Bolloré, père de 4 enfants, goûte peu que les journalistes s’intéressent à ses affaires, n’hésite pas à saisir la justice lorsque des reportages lui déplaisent.
À 66 ans, le spécialiste de l’attaque prépare aujourd’hui sa succession. Trois de ses enfants ont déjà des postes clefs dans le groupe. Et depuis longtemps déjà, Vincent Bolloré a coché la date dès sa retraite sur un calendrier. Il passera la main le 17 février 2022. L’entreprise familiale qu’il a emmené aux sommets aura alors 200 ans.
RTL