Au mois de juin, le parlement européen a voté une résolution qui a été adoptée par une large majorité 493 voix pour, 104 contre et 67 abstentions et portée par 5 des 7 groupes politiques. Cette résolution a été intégrée à la résolution sur les manifestations contre le racisme.
La résolution stipule :
«Le Parlement européen invite les institutions et les États membres de l’Union européenne à reconnaître officiellement les injustices du passé et les crimes contre l’humanité commis contre les personnes noires et les personnes de couleur; déclare que la traite des esclaves est un crime contre l’humanité et demande que le 2 décembre soit désigné Journée européenne de commémoration de l’abolition de la traite des esclaves; encourage les États membres à inscrire l’histoire des personnes noires et des personnes de couleur dans leurs programmes scolaires. »
Cette résolution a non seulement une valeur symbolique mais elle va contribuer à accélérer le devoir de mémoire que tous les pays de l’Union européenne doivent entreprendre. Il va falloir revisiter et déconstruire le discours des manuels d’histoire, ce qui sera un travail de longue haleine.
Ainsi le parlement européen à l’instar de la France qui a reconnu en 2001, la traite transatlantique comme un crime contre l’humanité. Le parlement européen a proclamé le
2 décembre Journée européenne de commémoration de l’abolition de la traite des esclaves.
Il s’agit également d’une journée de réflexion civique sur le respect de la dignité humaine. A cette occasion, le groupe ARDI a organisé une visio-conférence le 2 décembre 2020 au parlement européen. D’éminentes personnalités du monde scientifique et politique ont participé à cette première manifestation.
Au cours de cette visio-conférence, de nombreux orateurs ont pris la parole. Ils étaient tous d’avis que le racisme est l’une des séquelles de l’esclavage. Dans notre communication nous avons montré qu’au siècle des lumières, toute l’Europe a bénéficié de l’esclavage sous diverses formes y compris des pays qui a priori ne sont pas considérés comme des pays esclavagistes comme l’Allemagne, les Pays-Bas, La Suède, le Danemark etc…. Le rapt, l’achat ou la prise en otage d’enfants africains déportés dans les cours d’Europe ont été la forme la plus courante d’esclavage. On appelait ces enfants « petit pages» un euphémisme de mauvais aloi. L’exemple le plus célèbre d’enfant «importé» en Allemagne fut William Anton Amo. Ces captifs sont également entrés dans l’histoire sous le vocable « d’enfants de la volupté». C’est le cas de Machbuba une fillette de 14 ans «achetée » sur le marché du Caire par un prince allemand.
D’autres ont servi de « jouets » ou de «petit monstre» à effrayer les dames de la cour d’Autriche comme Rutsimo, qui «appartenait » à la princesse Sissi, figure historique , célèbre dans le monde germanique.
Notre exposition «Les Héros et Héroïnes occultés de la traite transatlantique»
La décennie des personnes d’ascendance africaine, promulguée par l’ONU (2015-2024) a été l’occasion pour nous de concevoir en 2016, une exposition composée de 25 tableaux de ces « captifs dans le cadre de notre événement culturel en Allemagne « Black History Weeks » (Semaines de l’histoire des Nous l’avons présenté dans tous les lycées de notre ville à Erlangen. Elle a tourné dans plusieurs villes de notre état membre.
À cause de la pandémie du Covid 19, il n’a pas été possible de montrer notre exposition au parlement. Elle illustre le cas de nombreux captifs dont certains ont connu parfois un destin tragique, d’autres ont été plus chanceux . Ces enfants apparaissent souvent dans des tableaux de peinture aux côtés de leur «maître ou maîtresse».
Nous espérons pouvoir la présenter l’année prochaine dès que la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir et que le parlement fonctionnera comme auparavant.
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana
Députée au parlement européen
Co-Présidente de l’intergroupe UE-ARDI (Anti -Racisme et Diversité)