Tout porte à croire que notre pays utilise les bases de données statistiques des institutions internationales pour planifier notre programme de développement. Quoique leur système de quantification comporte une marge d’erreur très large, nous en faisons quand même la référence.
D’ailleurs, celles-ci commanditent souvent des études de prélèvement par secteur en fonction des besoins de leur programme. Et les données ont un caractère nettement spécifique donc limité strictement au besoin.
C’est à comprendre que tous nos plans de développement se basent sur le superficiel et l’échantillonnage. Nous avons un retard, pour ne pas dire un manque, statistique énorme qui représente un handicap pour toute planification en matière de développement. Que cela soit pour le fichier d’état civil, le recensement général de la population et de l’habitat, les données de la fonction publique, les élèves et étudiants, le chômage, la santé, l’armée, les étrangers vivant en Guinée etc, rien de précis et fiable n’existe.
Dans ce cas, comment peut-on résoudre un problème mal évaluer ? Comment peut-on anticiper sur les besoins et risques ? Comment faire des prévisions avec des données biaisées ou sur la base de l’inexistant ? Pourquoi il n’y a aucun lien entre nos universités et les centres de décision administrative ?
Cet état de fait est l’équivalent du médecin qui ne réussit pas son diagnostic mais s’évertue de rassurer le patient qu’il peut le soigner. Allez visiter la direction nationale des statistiques pour comprendre l’une des sources du mal guinéen. Sans compter que nous ne disposons ni d’institut de recherche statistique encore moins d’un centre spécialisé dans le domaine.
Voyez comment nos étudiants en situation de recherche éprouvent des difficultés pour trouver des données fiables afin d’argumenter leurs travaux. Et le drame est qu’on n’en fait pas une priorité pour comprendre que nous ne prenons pas nos problèmes par le bon bout.
C’est pourquoi, nos dirigeants n’expliquent rien avec des chiffres à l’appui. Ils sont souvent embarrassés entre réciter les chiffres venus d’ailleurs donc mal assimilés (on ne leur laisse souvent pas le choix) ou ignorer et se défendre avec de grosses littératures même lorsqu’il s’agit de parler d’économie.
Je suggère à nos députés de faire de ce problème fondamental une priorité dans les débats au sein de l’hémicycle. Exemple: Quelle est la part de la recherche/documentation dans nos dépenses budgétaires ? Et si on allait enfin à l’essentiel !
Aliou BAH