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Solliciter une notation souveraine pendant la transition est une démarche dangereuse

J’ai lu dans la presse, notamment sur le site de la RTG, que M. Ismaël Nabé (ministre du Plan et de la Coopération internationale), a rencontré « des grands cabinets comme Lazard et Rothschild & Co pour accompagner la Guinée dans la notation souveraine et la levée de bonds sur le marché international ».

Cela semble normal, pour l’auteur de l’article.  Seulement voilà. Une transition, qui plus est floue, dirigée par des militaires auteurs d’un coup d’État, est perçue par les marchés comme très instable et hautement risquée. C’est dire que la démarche de M. Ismaël Nabé est une très grave anomalie. En effet, en plus du coût exorbitant de la démarche, la note qui en résultera sera très basse et très défavorable (par rapport à une période post transition). Dès lors, pourquoi ne pas attendre la fin de la transition prévue en décembre 2024 pour permettre aux nouvelles autorités d’engager un tel processus de notation souveraine qui sera incontestablement plus favorable pour la Guinée ?

La réponse est claire : les autorités de la transition veulent accéder à l’épargne (très abondante sur les marchés internationaux, par rapport au marché domestique). Par conséquent, c’est la preuve qu’il n’y a aucune volonté d’organiser les élections avant 2026, voire 2027. En effet le processus global (de la notation souveraine jusqu’à l’émission des « bonds » (c’est-à-dire des obligations) pour obtenir les fonds, s’étendra sur 2 ans au minimum.

Par ailleurs, prendre le risque d’une notation souveraine basse comporte de graves conséquences pour la Guinée, car :

  • Elle devra offrir des taux d’intérêt plus élevés pour attirer les acheteurs internationaux. Ce qui augmentera les coûts, et donc nos dépenses publiques (au titre du service de la dette).
  • Les gros investisseurs, tels que les fonds de pension et les fonds d’investissement, seront frileux par rapport à nos obligations.
  • Une mauvaise notation pourrait affaiblir notre monnaie, et donc augmenter l’inflation et la pauvreté.
  • Une notation faible écornera davantage l’image de la Guinée sur la scène internationale, affectant ainsi les investissements directs étrangers et la perception globale du pays.

En somme, une mauvaise notation souveraine de la Guinée l’exposera à de graves conséquences financières et économiques.

Ibrahima Bah

Docteur en Sciences économiques, candidat à l’élection présidentielle 2024

Respect des deniers publics et du citoyen, rdpcguinee@gmail.com