C’est un secret de polichinelle, mais le nouvel appareil d’État au Sénégal commence à afficher de nouvelles de divergences diplomatiques entre le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko.
D’après nos confrères du mondafrique, il y a de points de discordes entre le nouveau locataire du palais de Dakar et son mentor qu’il a nommé chef de gouvernement.
En voyage officiel récemment au Mali et au Rwanda, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, qui préside aux destinées des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), continue d’afficher des positions radicales sur les relations avec l’ancienne puissance coloniale et les multinationales occidentales pendant que le chef de l’état, Bassirou Diomaye Faye, semble plus réaliste.
Le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a rencontré, lundi, le président malien, Assimi Goïta, après un court séjour au Rwanda où il a assisté à l’investiture de Paul Kagamé qui entame un quatrième mandat à la tête de son pays. Ousmane Sonko s’est montré quelque peu mal à l’aise en plaidant le rapprochement avec le Mali qui reste encore dans le collimateur de la Cedeao accusée autrefois par lui-même d’être manipulée par la France.
C’était une visite pour le moins curieuse du premier ministre Ousmane Sonko à Bamako, un peu plus de deux mois seulement après celle du président Bassirou Diomaye Faye, qui tente, depuis le début de sa présidence, de ramener le Mali et les deux autres états du Sahel dans le giron de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Ousmane Sonko a été reçu lundi par le chef de l’Etat malien auprès de qui il a plaidé le rapprochement entre son pays et le Mali sans que l’on sache s’il entendait prolonger l’appel de son président, Bassirou Diomaye Faye à un retour des trois pays au sein de la CEDEAO ou, au contraire, s’il tentait de dessiner les prochaines relations de son pays avec la Confédération de l’Alliance des états du Sahel. D’autant qu’Ousmane Sonko s’est voulu par ailleurs réaliste.
« Nous resterons unis conformément aux réalités (…) qui nous imposent de continuer à coopérer (sur) tous les plans. Je sors d’ici avec la certitude qu’on a exactement la même compréhension de ce que devrait être nos relations », a-t- il d’ailleurs déclaré après des discussions jugées « très franches » et « très fraternelles » avec le chef de l’État malien.
Une diplomatie illisible
La diplomatie sénégalaise paraît souvent illisible en raison des anciennes positions affichées par Basirou Diomaye Faye et son compère Ousmane Sonko avant l’élection du second à la tête de leur pays, mais aussi au regard des opinions souvent contradictoires de son premier ministre.
Le premier ministre sénégalais avait en effet salué les coups d’Etat intervenus dans les trois pays du Sénégal et semblait jusque-là réservé sur la position du président Diomaye mandaté par ses pairs de la Cedeao pour convaincre les trois pays « dissidents » à rejoindre la maison. Le président sénégalais s’était rendu en avril à Bamako puis au Burkina Faso pour convaincre leurs dirigeants de faire marche arrière, subissant une volée de bois vert des activistes panafricains qui l’accusent d’être inféodé à l’ancienne puissance coloniale française.
Une posture consensuelle
Mais Ousmane Sonko a répondu que « tout panafricaniste doit avoir comme seul et unique objectif de réunir les Africains au-delà de nos divergences ». Il a d’ailleurs débuté sa déclaration par des condoléances « les plus sincères et les plus attristées » à l’armée malienne qui a été attaquée par des groupes rebelles et des jihadistes près de la frontière sénégalaise, à Tinzaouatène.
Le premier ministre sénégalais a promis que « personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou pour imposer des sanctions », retrouvant ses accents d’opposant qui s’était élevé contre « l’embargo qui a été fait sur le Mali par des pays frères et malheureusement par notre pays », sous la présidence de Macky Sall, a-t-il déploré.
En 2020, le Mali avait fait l’objet d’un embargo commercial et financier décrété par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après un putsch qui a renversé l’ancien défunt président Ibrahim Boubacar Kéïta, pour obliger les putschistes à tenir des élections. « Nous sommes tous des pays souverains, nous devons nous respecter comme des pays souverains », a rappelé Ousmane Sonko qui avait promis la rupture avec l’ancien système. Sans un réel changement pour l’instant.
Avec Mondafrique