Puisqu’il nous est venu à l’idée d’aborder la notion du pouvoir d’achat (sujet à polémique suite à l’évolution du Niveau Général des Prix), allons tout droit sur la véracité principale dont prolifèrent tous les autres.
De nos jours, bon nombre d’employés des secteurs public et privé voient leur pouvoir d’achat s’effriter en raison de l’inflation (causée principalement par la hausse des denrées alimentaires) qui pour le moment demeure incontrôlée par les autorités compétentes en la matière malgré tous les efforts fournis dans le cadre de la stabilisation des prix (présence des variables externes pour lesquels nous n’avons pas de bouclier anti-choc).
Mais si tout va bien, la Banque Centrale de la République de Guinée compte contenir cette inflation en la ramenant à deux (2) chiffres en décembre 2021, avant de s’établir à 9,4 % donc à un (1) chiffre au troisième trimestre de l’année 2022 (cf. Communiqué du Comité de Politique Monétaire du 31 mars 2021) si jamais l’effet lié à la fermeture des frontières avec certains pays voisins, le coût des transports maritimes qui est passé du simple au double voir même le triple, la Covid-19 quoi que non encore évalué ainsi que les travaux de reconstruction des infrastructures routières venait à être atténué.
Pour faciliter la compréhension de nos lecteurs (la majorité n’étant pas économiste vu le choix du canal de diffusion de ce papier qui sera accessible à tout le monde) nous allons partir des exemples simples et pratiques afin d’éclairer la lanterne des autorités administratives, les délégations syndicales qui se pencheront sur le sujet dans le futur ainsi que les employés des secteurs cités ci-haut sur les véritables enjeux des réformes à entreprendre en matière de correction de la perte du pouvoir d’achat en leur exposant la méthode de calcul standard élaborée pour la circonstance.
D’entrée de jeu, il convient de souligner que la plupart des agents économiques estiment de manière simple que lorsque leur revenu augmente de 5% et que celle de l’inflation de 2%, leur pouvoir d’achat a progressé de 3%. Par ailleurs, malgré le fait que cette méthode de calcul soit plus ou moins acceptable, elle comporte toutefois beaucoup de limites car faire une simple soustraction entre l’évolution des revenus et l’inflation ne donne qu’un résultat approximatif de la hausse du pouvoir d’achat.
De la définition du pouvoir d’achat
Le pouvoir d’achat correspond à la quantité de bien pouvant être achetée avec un revenu donné. Par exemple, avec GNF 330 000 en poche en juillet 2021, on peut acheter un sac de riz de 50 kg en raison de GNF 6 600 le Kg.
Calculer l’évolution du pouvoir d’achat revient dans ce cas à déterminer l’évolution des volumes de biens pouvant être acquis, en fonction de la variation des revenus des agents économiques et des prix.
En reprenant le même exemple, imaginons que le revenu disponible augmente de 10% (le nouveau revenu disponible sera de : 363 000 = 10% de 330 000) mais que le prix du kilogramme de riz n’augmente que de GNF 2 000 pour se chiffrer à GNF 8 600 (+30%), on ne peut plus acheter que 42 kg de riz (363 000/8600).
Autrement dit, le pouvoir d’achat en riz a reculé de 19% (de 50 à 42 kg). On le voit clairement ici : faire la différence entre la hausse des revenus (+10%) et l’inflation (+ 30%) ne donne pas le même résultat puisque la soustraction aboutirait dans notre exemple à une baisse de pouvoir d’achat de 20%.
De l’utilisation de la bonne formule : cas du gain du pouvoir d’achat
L’évaluation avec précision du gain ou de la perte de pouvoir d’achat, revient à mesurer le rapport entre l’évolution des revenus et l’évolution des prix. Pour ce faire, la formule à utiliser est la suivante : Gain/Perte du pouvoir d’achat = [(1+r) /(1+i)] – 1 avec r étant le taux de croissance du revenu et i l’inflation.
Lorsque la croissance des revenus et l’inflation restent voisines de 0 ou sont très faibles, la soustraction [r-i] donne effectivement un résultat assez proche. Avec les 5% de hausse des revenus que nous avons illustré à l’introduction, et 2% d’inflation, le gain réel de pouvoir d’achat est de 2,94% (soit quasiment les 3% obtenus par soustraction).
En revanche, lorsque les valeurs s’accroissent (ce qui est le cas sur une longue période), les écarts deviennent flagrants. Par exemple, lorsque le revenu augmente de 50% et que les prix progressent de 20%, le gain réel de pouvoir d’achat ne sera pas de 30% mais plutôt de 25%.
De la perte du pouvoir d’achat suite à une stabilité du revenu
Pour calculer la perte du pouvoir d’achat, le même raisonnement que nous avons utilisé jusque-là peut s’appliquer. L’exemple le plus édifiant consiste à poser comme hypothèse une stagnation des revenus combiné avec un doublement des prix (100% d’inflation). Faire dans ce cas la soustraction entre l’évolution des revenus (0%) et l’inflation (-100%) conduirait à conclure tout simplement que le pouvoir d’achat a été réduit de 100%.
Or, si les prix doublent, le pouvoir d’achat baissera réellement de 50% (1+0/1+1) -1=0,5%100 ce qui donne les -50%). Ce qui veut dire que les agents économiques pourront acheter deux fois moins de produits.
Au terme de cette analyse, nous devrions souligner que ce papier ne prétend, en aucun cas, remettre en cause les combats qui sont menés depuis plusieurs années par les acteurs à plusieurs niveaux, plus particulièrement les divers combats menés par les délégations syndicales de ce pays dans le souci de défendre l’intérêt des travailleurs. Mais, elle se veut tout simplement une contribution à l’avancement de la recherche sur le mode de correction de la perte du pouvoir d’achat occasionnée par l’inflation dans le contexte l’économie guinéenne.
Safayiou DIALLO
Analyste économique