Lors de sa conférence de presse, le ministre des travaux publics, M. Moustapha Naité, a dit que plus de 2,200 milliards de dollars américains ont été investis dans la réhabilitation et la construction des routes nationales de 2011 à 2018.
En attendant mon analyse et décryptage de l’ensemble de sa communication, je dirais quatre choses :
1- Un tel chiffre fractionné par an et rapporté à nos lois des finances sur la période indiquée, représente à lui seul en moyenne plus 25% de nos recettes budgétaires. Cela veut dire que seul le volet ‘’réhabilitation et construction des routes nationales’’ absorbe l’équivalent de plus d’un quart de nos recettes budgétaires. Ce qui en soi est contradictoire à l’ensemble de l’enveloppe budgétaire de son département.
2- Que monsieur le ministre nous précise alors les autres sources qui ont généré ces financements pour que nous puissions faire le rapprochement entre ce que nous avons réalisé par nos efforts et le concours des partenaires bi et multilatéraux pour arriver à ce ‘’résultat’’. Cette précision est importante car les limites du budget national de développement (BND) sont connues.
En prenant l’exemple sur l’exercice budgétaire 2018, le budget d’investissement du ministère était de 873 milliards 5 millions GNF pour un financement extérieur attendu de 1668 milliards 977 millions GNF. Donc, près de la moitié des ressources de ce département étaient en prévision (c’est-à-dire indisponibles en espérant que les partenaires se mobilisent pour combler l’écart entre le besoin de financement et les ressources allouées). L’ont-ils fait ? A quelle proportion ?
3- Nous vivons tous le calvaire de nos routes pour mesurer l’écart entre ces montants dit investis et nos réalités. Sachant bien que M. Naité n’est pas le seul comptable de l’ensemble de la situation de nos infrastructures, je lui reconnais des efforts et une volonté d’améliorer les choses dans ce secteur.
4- Plus de deux milliards de dollars investis dans les infrastructures d’une économie à faible capacité d’absorption, laissent des traces beaucoup plus visibles en termes de réalisations physiques et d’emplois.
Où est donc passé cet argent ?
Aliou BAH
Président de l’organe provisoire de direction du MoDeL